Le ministère des Sports changera de ministre, qui amènera avec lui probablement une nouvelle approche Nous sommes partis pour 5 ans d'une éventuelle «stabilité politique» où l'on va enterrer l'arrogant qualificatif de «provisoire». Un mandat de 5 ans où il y aura un gouvernement, a priori, stable, puisant sa légitimité des derniers suffrages. C'est un schéma très intéressant si l'on veut vraiment dire adieu aux approches provisoires qui n'ont pas apporté ce que les Tunisiens attendaient après le 14 janvier. Et le sport est un domaine qui n'a pas bénéficié d'une restructuration et d'un soutien qui coupent court avec les aberrations du passé. Ça fait pratiquement 4 ans que le sport tunisien roule avec les anciennes règles et pratiques. Rien n'a pratiquement changé, et peut-être que dans certains cas, les choses ont empiré. Ce sont les mêmes constats que l'on fait : le sport tunisien est encore victime de l'immobilisme, des jeux d'intérêts des magnats des clubs influents, de la marginalisation des sports individuels et de la formation des jeunes, de la mauvaise programmation et des casse-têtes du financement entre autres. En deux mots, le sport, à l'image d'autres secteurs, attend encore une refonte en profondeur qui optimise les ressources et qui ramène les performances. Ministère des Sports : rôles à revoir Quatre ministres se sont succédé à la barre au ministère des Sports depuis le 14 janvier 2011, à savoir, Mohamed Aloulou, Slim Chaker, Tarak Dhiab et Saber Bouataï. A chacun son contexte, ses atouts et ses défauts, mais une chose est sûre, le système n'a pas beaucoup changé. L'immobilisme du ministère des Sports est quelque chose d'extraordinaire. Et là, on ne met pas en doute les compétences des cadres et responsables du ministère (pas tous bien sûr, car il y en a certains qui n'ont rien à voir avec le sport !). On parle de procédures et textes lourds qui empêchent de traiter les dossiers avec efficacité, on parle des diverses administrations et départements relatifs au ministère qui sombrent dans la bureaucratie et les interférences... Ce n'est pas tout, aucun ministère de l'après-14 janvier n'a eu de vision ou même une envie de changer quelques détails. Pourtant, ils ont une bonne marge de manœuvre et tant de circonstances atténuantes s'ils auraient échoué. Il y aura prochainement un nouveau ministre des Sports et quel que soit son camp politique, il n'aura aucune excuse pour ne pas entamer les vraies réformes du ministère et la restructuration du sport. Il n'aura aucune excuse pour revoir le rôle du ministère dans le développement de la pratique du sport et la création de nouvelles associations. L'Issep de Ksar Saïd, la formation, la DEP, les commissariats régionaux... Bref, tout est à revoir si l'on veut que le sport tunisien rebondisse. Du charisme aussi Le prochain ministre sera «otage» d'une équipe de collaborateurs et de procédures qu'il ne pourra changer en si peu de temps, mais on attend du changement à moyen terme. C'est-à-dire un ministre qui donne de l'illusion, qui tranche quant aux affaires urgentes du sport, qui choisit les plus compétents et non les plus «loyaux», qui a un rêve et qu'il le partage, qu'il atténue le rôle de l'argent malsain et des dirigeants hors-la-loi, et qu'il entame une réforme crédible des institutions du sport qui lui reviennent de regard. Et pour ça, il faut quelqu'un de «charismatique», dans le sens de quelqu'un qui plaît par son discours et ses comportements. Quelqu'un qui connaît les rouages du sport. Et bien sûr, quelqu'un d'honnête et d'ambitieux. Les Jeux olympiques nous attendent, et jusqu'à maintenant, on n'a rien vu de concret dans la préparation, alors que les autres nations l'ont déjà fait depuis la fin des JO de Londres. Le ministère des Sports, ce n'est pas également un titre 1 et 2 et un bras-de-fer avec les fédérations, c'est aussi une institution qui doit apporter des solutions aux problèmes «d'employabilité» aux diplômés du sport. Malheureusement, les métiers du sport sont un concept qu'on n'a pas encore développé en Tunisie. Gestionnaires, financiers, mercators sportifs, entrepreneurs sportifs, spécialistes en événementiel, en communication, préparateurs physiques, préparateurs mentaux, nutritionnistes, statisticiens, entraîneurs-formateurs, etc., ce sont des profils que l'on ne développe plus, alors qu'on a un tas d‘entraîneurs et de professeurs d'éducation physique qui n'ont que leur courage pour se frayer un chemin. Du pain sur la planche pour le futur ministre des Sports.