Chafik Sarsar annonce une série de mesures qui faciliteront l'opération de vote le 23 novembre A moins de deux semaines de la présidentielle, l'Isie est en train de rectifier le tir, décidément prête à corriger les imperfections constatées lors des législatives et qui ont déjà fait l'objet de moult critiques virulentes de la part des observateurs de la société civile. Son conseil devait, ainsi, se réunir hier après-midi, afin de statuer sur trois principales questions inhérentes à la règle du jeu, où les candidats rivaux se tirent à boulets rouges pour la conquête de Carthage. Lors d'un point de presse, tenu au Media Center, au Palais des congrès à Tunis, M. Chafik Sarsar, président de l'Isie, en a fixé l'ordre du jour : déclarations à des médias étrangers, financement de campagne à l'étranger et exploitation par les candidats des sièges de leurs partis. Il convient, à terme, d'en sortir avec trois mémorandums explicatifs de certaines dispositions électorales, afin d'éclairer les lanternes et dissuader dans le bon sens. Accompagné de sa collègue, Mme Lamia Zargouni, membre du conseil de l'Isie, M. Sarsar n'est pas rentré dans les détails. Il s'est contenté de revenir sur l'essentiel, appelant les candidats à ne pas déroger au cadre légal régissant la campagne présidentielle. A pareille échéance, l'accent doit être mis sur l'interdit, tout ce qui pourrait entacher le bon déroulement de la compétition. Et comme une campagne est avant tout une guerre médiatique basée sur la communication dans ses multiples facettes, le candidat doit, cependant, savoir à qui il faut s'adresser et par quel moyen d'information. Dans ce cas, le recours aux médias étrangers relève de l'interdit, évoque-t-il. Mais, pourquoi, dit-on ? D'après lui, une telle procédure, comme prévu par la loi, est en mesure de consacrer autant que possible le principe d'égalité et de saine émulation. Le financement de la campagne à l'étranger entre également dans ce cadre. Le candidat n'est nullement autorisé d'y avoir recours pour couvrir les frais d'activités qu'il entend réaliser à l'extérieur du pays. Toutefois, il a droit à financer, à partir de la Tunisie, sa campagne à l'étranger. D'où il est, tout à fait, acceptable de transférer ailleurs la somme dont il a besoin. Cela s'avère, au regard de l'Isie, une solution qui permet de cerner, un tant soit peu, la fuite de l'argent et son usage abusif. Un phénomène que l'on a eu du mal à contrôler pendant les élections législatives. Contrairement à la campagne législative, le candidat à la présidentielle, a-t-il ajouté, n'a pas droit à l'exploitation du siège de son parti, sauf exception. A moins qu'il puisse l'utiliser à titre onéreux, dont le coût doit figurer dans le budget des frais généraux de sa campagne. Tout ce qui a été autorisé autrefois ne l'est plus aujourd'hui, note ainsi le président de l'Isie. A mi-chemin du scrutin du 23 novembre, autant de dépassements ont été, jusque-là, enregistrés dont notamment l'affichage dans des endroits inappropriés, la déchirure des affiches et la propagande de trop et au grand jour. Ce sont pratiquement les mêmes abus et aberrations qu'on avait constatés auparavant. Et pour cause, l'Isie semble, cette fois-ci, beaucoup plus déterminée à retenir les enseignements. Mme Zargouni nous a informé que «les préparatifs vont bon train et l'Isie appelle ses structures régionales à plus de vigilance et d'attention. A preuve, des sessions de formation sont actuellement en cours à l'intention de son personnel élargi, mais aussi à tous les membres des bureaux de vote. Une formation qui semble plus poussée que celle d'autrefois, pour ne pas répéter les mêmes fautes du passé. Ceux dont la responsabilité professionnelle faisait ainsi défaut ou l'appartenance partisane était bien prouvée n'auront plus de place la prochaine fois. Mieux encore, sept nouveaux spécialistes en comptabilité ont été recrutés pour prendre charge, aux côtés de nos agents déjà en place, le contrôle du financement de la campagne présidentielle et la manière par laquelle se financent les activités y afférentes. Autre point, le réajustement de l'horaire d'ouverture des bureaux de vote, le 23 de ce mois, qui est décalé d'une heure le matin, soit de 8h à 18h, au lieu de 7h lors du scrutin du 26 octobre dernier. La prise de cette décision s'inscrit, d'après lui, dans le cadre de mesures de souplesse administratives. L'objectif est de donner du temps aux membres des 11 mille bureaux répartis à travers les circonscriptions du pays. De plus, confie Mme Zargouni, tous les accessoires du décor électoral (isoloirs, urnes, encre indélébile et autres) ont été déjà transportés à l'étranger, afin d'éviter un éventuel retard qui pourrait se produire à cause des conditions climatiques. Pour rétablir la liste des inscrits, l'Isie a fait appel à tous ceux qui ont été privés de leur droit de vote lors des législatives. « L'on a reçu huit mille demandes dont 7 mille venant de nos concitoyens à l'étranger et dont la majorité écrasante, volontairement inscrits depuis 2011, ont réclamé leur inscription pour 2014, ce qui est malheureusement contraire à la loi», souligne-t-il. Et de réaffirmer, que « l'on prend en compte ceux qui sont déjà inscrits cette année, mais ils n'ont pas trouvé leurs noms affichés le jour du vote le 26 octobre dernier». Pour la restitution de l'argent public obtenu par les listes perdantes des dernières législatives, M. Sarsar a fait savoir que l'Isie tranchera définitivement sur cette question après l'examen de tous les recours par le Tribunal administratif dans les jours qui viennent.