17h30, station du métro-léger de l'avenue Habib-Thameur, à Tunis. Les rames du métro débordent de passagers. La portière est bloquée, une dispute éclate, on en vient aux mains. Les nerfs sont à fleur de peau. La foule qui attend sur le quai s'impatiente. Deux jeunes gens enfoncent les grappes de femmes et d'hommes vers l'intérieur de la rame. La portière est libérée, le métro-léger démarre. Deux autres tramways lui succèdent rapidement pour le plus grand bonheur des usagers contents de rentrer chez eux après une rude journée. « La journée n'a pas été facile, il n'y avait aucun bus, j'ai couru entre le bus vert et les taxis collectifs (transport privé) pour rentrer à midi et revenir au travail l'après-midi », témoigne Amina, secrétaire et mère de deux enfants. Nombre d'usagers n'ont pas eu écho à l'avance de cette grève et ont eu la mauvaise surprise le matin même, à leur station de bus habituelle. Grève largement suivie Hier, c'était la journée de grève de la Transtu dans le Grand Tunis, une journée longue et éprouvante pour les usagers du transport public. Elle a été particulièrement marquée par l'absence totale des bus jaunes du trafic urbain. Sur mot d'ordre de grève, ces bus n'ont pas quitté leurs garages, laissant en rade des milliers de voyageurs. Au sein de l'ex-SNT, la grève a été largement suivie, certains agents de la Transtu vont jusqu'à avancer le taux de 100%. La grande station du Passage, située au cœur de la capitale, habituellement inondée de bus jaunes et d'usagers de tous les âges, était en effet déserte hier. Un spectacle inédit. Du côté officiel, le ministre du Transport, M. Chiheb Ben Ahmed, a fait part d'actes de violence, 15 bus auraient été saccagés par des grévistes afin d'empêcher d'autres collègues de travailler. Selon le ministre, une enquête sera ouverte et des poursuites judiciaires et administratives seront engagées contre ces protestataires. Un peu plus loin, la station de la République ne désemplit pas. La valse des rames de métro a été incessante tout au long de la journée. Le lézard vert a été, en effet, d'un grand secours, bien qu'il relève de la même entreprise publique. La Transtu est, en effet, le résultat de la fusion, en 2003, de la Société nationale des transports (SNT) et la Société du métro-léger de Tunis (SMLT). Alignement des tarifs des heures supplémentaires La raison de la grève, selon les agents de la Transtu, n'est pas une demande d'augmentation des salaires. « Nous revendiquons le paiement des heures de travail au même tarif, car, jusqu'à ce jour, et malgré des accords passés, l'heure supplémentaire est tarifée à moins du tiers de l'heure normale alors que nous effectuons quotidiennement des heures supplémentaires ». Pour le ministre du Transport, il est « impossible de répondre à des revendications sociales qui nécessitent une enveloppe de 50 MD par an », a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse tenue hier. Une enveloppe lourde de conséquences considérant le contexte économique actuel du pays et la situation financière du secteur du transport public qui se caractérise par un déficit structurel de 1400 MD, dont 550 MD pour la Transtu. Le ministre a précisé à cette occasion qu'un accord a été, effectivement, convenu entre le ministère du transport et le syndicat sectoriel de l'Ugtt, depuis 2006, pour réviser la tarification des horaires supplémentaires sur une période de 10 ans (jusqu'à l'année 2017), conformément aux dispositions prévues par le code du travail relatives aux heures supplémentaires. Toutefois, le ministre soutient que le gouvernement actuel ne peut pas prendre des décisions qui risquent de compromettre le prochain gouvernement, notamment en lui imposant des revendications sociales inapplicables.