Le thème semble s'imposer en cette fin d'année : la femme est bien l'avenir de l'homme. Et hormis elle, point de salut. Aïcha Gorgi dont la galerie est accueillante aux artistes femmes, leur offre un moment privilégié : raconter et se raconter. Sur le thème du «Féminin Pluriel», elle invite une pléiade d'artistes à exposer leurs travaux. On retrouve au fil des cimaises tous les talents qu'elle a confirmés. Feryel, bien sûr, ni tout à fait la même, ni tout à fait autre, décline ses femmes fleurs, immuables et colorées, gracieuses et ludiques, intemporelles et modernes. Feryel qu'on aime dans toutes ses variations, que l'on suit dans ses recherches, que l'on piste dans ses aventures. Et qui ne cesse jamais de chercher et de se chercher, même quand elle donne l'impression de faire l'école buissonnière. Meryem Bouderbala est là, elle aussi, avec ses photos d'elle sublimées, superposées, retraitées et projetées cette fois-ci sur toile, ce qui leur donne une densité, une matière plus compacte. Rym Karoui fait, elle aussi, partie du premier team de la galerie. Elle l'éclaire de ses compositions codées, où de subtils messages chevauchent ses icônes habituelles. Mais elle aussi tente une nouvelle aventure et s'oriente vers la rigueur plus austère du dessin. Insaf Saada, qui ne saurait manquer à l'appel, se perd et se retrouve dans les méandres infinis d'une matière grise en ébullition. Elle cherche l'intérieur des choses, le revers des réalités, l'envers du miroir. Bien sûr, Aïcha Filali crée la surprise, et le coup de cœur : deux sièges face à face, reproduisent des photos de Bourguiba s'adressant à un parterre de femmes. On n'osera pas s'y asseoir, mais on adorerait les avoir devant soi. Fatma Charfi, que l'on n'a plus vue depuis longtemps à la galerie Aïcha Gorgi, du temps où elle travaillait sur l'univers des fourmis, présente une composition de dessins à clé : à travers une serrure, on observe les limbes de ce qui se transformera en science et en savoir. Hela Lamine renvoie la femme à son univers premier, celui de mère nourricière, qui détient tous les pouvoirs : elle présente les nourritures terrestres sur une table lumineuse, et nous ramène aux réalités fondamentales. Ymen Berrhouma, nouvelle arrivée elle aussi dans le ‘‘Art Team'' féminin de la galerie, présente ses familles obsessionnelles, composées et recomposées au gré des amours mal partagées «Femmes, je vous aime», serait — on tenté de dire à la fin du parcours de cette exposition.