Les 20 films, de différents genres, seront désormais projetés dans les maisons de la Culture dans toutes les régions de Tunisie. Jeudi dernier, à la maison de la Culture Ibn Rachiq, a eu lieu le lancement de la campagne «20 jeunes ambassadeurs, 20 regards sur les migrations». Cet événement qui regroupe le travail laborieux de 20 jeunes «réalisateurs» a été une occasion pour traiter d'une problématique d'actualité, à savoir la migration clandestine et d'en dévoiler les risques et les dangers et de chercher les alternatives possibles pour la contourner. Le projet est, en effet, dirigé par l'Organisation Internationale pour les migrations en collaboration avec d‘autres partenariats ainsi que la société civile. Le lancement de cette campagne, qui s'inscrit dans la finalisation du projet «Salemm» se prolongera jusqu'à juin 2015 et fera le tour de plusieurs régions de Tunisie. La cérémonie d'ouverture de la campagne a réuni ainsi les différents représentants des parties concernées et des médias et au cours de laquelle les courts-métrages de ces jeunes ont été projetés pour la première fois devant le public. Le projet régional «Salemm» (Solidarité avec les enfants du Maghreb et du Machreq) est en réalité un projet mis en place par le Fonds Provincial Milanais de coopération internationale (Fpmci), l'association nationale sans frontière (Anolf) et l'Organisation Internationale pour les Migrations et financé par l'Union européenne et la confédération suisse. Les partenaires et personnalités politiques et sociales impliqués dans ce projet ont mis l'accent, lors de la conférence qui a précédé les projections, sur les méfaits de ce fléau qui touche massivement la jeunesse aujourd'hui. La directrice de la promotion sociale des Affaires sociales, Naïma Jalali, a déclaré lors de cette rencontre-présentation, que le projet «Salemm», qui vient de couronner le travail d'une vingtaine de jeunes est le résultat d'une formation continue dans les régions du Grand-Tunis et de Sfax, au cours de laquelle des jeunes se sont impliqués pour mettre à nu ce fléau qu'est la migration clandestine et ses conséquences sur les plans familial, social et psychologique... «A partir de ce projet et par le biais de ces 20 films, clips et spots, nous volons dire à nos jeunes qui veulent partir qu'il y a tant d'autres solutions pour rester ici, en Tunisie». A-t-elle dit. Un défi pour les générations actuelles et futures «Nous espérons que ces vidéos, projetées pour la première fois, apporteront tant de messages pour motiver les jeunes et leur ouvrir des perspectives nouvelles, leur permettre de voir plus clair et espérer un avenir meilleur en Tunisie», a déclaré la responsable de la coopération italienne Eleonora Fiorello. Le projet «Salemm» finalisé par les courts-métrages, vise essentiellement à prévenir des risques de l'immigration clandestine, les réduire à travers le renforcement du système éducatif, l'inclusion des femmes et des jeunes dans la vie politique, sociale, culturelle et économique. L'action comporte notamment des projets de soutien et de formation dans le domaine professionnel. C'est dans ce sens que le conseiller politique à l'Union européenne Alexandre Zafiriou, présent à cette rencontre, a tenu à préciser que ce thème brûlant doit être perçu aujourd'hui autrement. «Le lancement de la campagne «20 jeunes, 20 regards sur la migration» sera une action pour la promotion de l'employabilité des jeunes, l'engagement, l'implication des femmes et des jeunes dans la politique et une véritable action de sensibilisation», insistait-il. Les jeunes ont leur mot à dire Le projet «20 jeunes, 20 regards sur les migrations», entamé depuis l'été dernier, au mois de juin, a réuni, après sélection, une vingtaine de jeunes tunisiens, actifs et activistes dans la société civile qui se sont impliqués à produire des films traitant de la thématique de la migration illégale. Pour ce faire, et avec l'aide des encadreurs et suite à des formations théoriques, ils ont pu concevoir et réaliser des courts-métrages (doc, fiction, spot publicitaire et clip vidéo) pour mettre en avant les dangers de la migration illégale et convaincre les jeunes à investir dans leur pays. Ces jeunes mettent le doigt sur un phénomène néfaste mais essayent par leurs vidéos de faire valoir les bienfaits de l'éducation, la vie professionnelle et familiale en Tunisie. 20 films, 20 messages Des témoignages ont été faits, avant la projection par les formateurs et les réalisateurs des films afin d'expliquer au public présent le déroulement et l'aboutissement de ce projet. 20 jeunes réalisateurs ont tourné à Tunis et à Sfax dans une aventure qui a abouti à 20 productions documentaires entre fiction, spot publicitaire et clip vidéo. Les 6 fictions, 7 documentaires, 2 spots, 5 clips vidéos, et 3 spots radio seront présents prochainement dans les maisons de la culture, à Douar Hicher, à la cité Ettadhamen avant de faire de tour des autres régions. «Horga» une fiction d'Amed Abidi, d'une durée de 4 minutes et demie raconte le drame d'une mère dont le fils a perdu la vie en mer. Le film, très touchant, dresse le portrait d'une maman devenue folle à cause du choix irréfléchi de son fils qui lui coûta la vie. Un titre révélateur, un message clair et une poétique dans l'image et les dialogues. «Café Echatt» est un documentaire réalisé par Oussama Liengui dans lequel il trace, avec beaucoup d'amertume, le déroulement de l'aventure de l'immigration clandestine, ses risques et ses conséquences. Le documentaire propose des témoignages de personnes qui ont vécu cette expérience et dévoilent les remords et les regrets dans les propos et les traits des visages. D'autres genres de films touchants et porteurs de leçons ont été projetés au cours de cette soirée, tels que «La porte du choix» un film d'animation de Marouène Baccouche, les clips vidéos de «3ich inti» de Yassine Keffi qui parlent des difficultés de la vie, de la souffrance quotidienne mais lancent un message d'espoir et d'encouragement pour faire le bon choix et éviter les solutions de facilité qui tournent généralement au drame. «20 jeunes, 20 regards» est une action importante créée par des jeunes prometteurs pour faire valoir le droit à une vie décente face à une mort certaine.