Les jeunes n'ont pas été au rendez-vous pour ce second tour Les citoyens se sont rendus une seconde fois aux urnes pour choisir leur président. Hier matin, l'école primaire Bigua, sise au 55 Bab Souika, transformée, le temps des élections, en bureau de vote a ouvert à l'heure ses portes aux électeurs. Des agents de sécurité stationnaient à l'extérieur pour veiller au grain et surveiller tout mouvement anormal devant l'établissement. A huit heures du matin, tout était prêt. Dans chaque salle, une grande urne transparente trônait sur la table. Le chef du bureau de vote, Slim Garbouj, badge au cou, fait le tour de l'établissement pour vérifier si tout se déroule normalement. Afin de faciliter l'opération de vote, des feuilles sur lesquelles les numéros des salles ont été inscrits ont été placardées sur les murs afin de permettre aux électeurs de trouver facilement le bureau dans lequel ils vont voter. Les listes des électeurs ont été également accrochées aux murs. Chaque citoyen qui se présente au bureau et qui a omis d'envoyer un sms sur son téléphone portable peut consulter son nom, le rang et le bureau qui y correspond. Remplir son devoir de citoyen A l'intérieur des salles, des agents accueillent les électeurs, les invitent à décliner leur identité, vérifient que le nom et le prénom sur la carte d'identité correspondent bien à ceux qui figurent sur le registre avant de le présenter à chaque électeur pour qu'il le signe. Ensuite, ce dernier trempe le doigt dans l'encrier, un agent lui remet un bulletin de vote, puis se rend derrière l'isoloir pour cocher la case correspondant à son candidat favori avant de glisser le bulletin dans l'urne. Femme au foyer, casquette sur la tête pour se protéger du froid, Kaoukeb est venue tôt le matin pour remplir son devoir d'électeur. « J'ai voté lors des législatives et lors du premier tour de la présidentielle parce que je juge que le devoir de chaque citoyen est de voter. Aujourd'hui, nous bénéficions pleinement de ce droit. C'est un cadeau précieux que nous a offert la révolution. Nous devons en profiter ». Propriétaire d'un magasin, Bochra est venue voter également avec « l'espoir que la situation économique et sociale changera après ces élections ». «Je vote pour qu'on trouve des solutions afin d'améliorer les conditions des chômeurs et des personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté surtout dans les régions ». A dix heures du matin, il n'y avait toujours pas foule devant les bureaux de vote. Les quelques files dispersées étaient essentiellement constituées de femmes et de personnes âgées. Observatrice, Mouna Nasfi a fait le tour des salles pour vérifier s'il n'y a pas eu un quelconque dépassement dans le déroulement de l'opération de vote. Deux observateurs ont été désignés pour contrôler tous les bureaux de vote de l'arrondissement de Bab Souika. Ils ont reçu pour consigne d'avertir les chefs de bureau si des intrus ou des partisans de tel parti ou tel autre tentaient d'influencer des électeurs ou d'acheter des voix. Mais jusqu'ici tout s'est déroulé normalement pour Mouna qui n'a rien remarqué de particulier. Il reste que certains électeurs n'ont pas facilement trouvé le bureau dans lequel ils doivent voter. Désaffection des jeunes Venue avec ses trois garçons, Mounira, une jeune femme voilée, n'a pas trouvé le bureau numéro 7 où elle doit voter. « Les indications ne sont pas claires. Tous les numéros des bureaux sont indiqués sauf le numéro 7 », a-t-elle fait remarquer. Une des observatrices sur place lui indique comment s'y rendre. Encore une fois, les jeunes ont été les grands absents de ce second tour. Quelques-uns sont venus, toutefois, accomplir leur devoir. Certains, seuls. D'autres avec des membres de leur famille. Etudiant en première année architecture, Brahim n'est pas surpris par cette désaffection. « Voter est un acte citoyen et démocratique. C'est pour cette raison que je suis venu. J'ai beaucoup d'amis qui étudient avec moi et qui ont décidé de ne pas voter, car ils jugent que l'apport de leurs voix ne changera rien de la situation économique et sociale actuelle. L'ancien gouvernement n'a pas trouvé de solutions aux problèmes des jeunes diplômés sans emploi. Le nouveau gouvernement ne pourra sûrement pas changer la situation actuelle d'un coup de baguette magique ! ».