Sur son côté gauche, il récupérait, taclait et défendait proprement avant d'effectuer des chevauchées conclues par des centrages millimétrés à l'adresse de Mongi Delhoum, grand buteur devant l'Eternel, et Habib Trabelsi. «J'étais surnommé Terry Cooper (du nom du latéral gauche légendaire de Leeds United), mon tempérament résolument offensif m'a valu une saison de terminer deuxième du Soulier d'or du journal L'Action récompensant le meilleur footballeur d'une saison, juste derrière le défenseur droit du Club Africain, Ahmed Zitouni», nous racontait-il lors de la dernière interview qu'il donna, dans La Presse Magazine, du 23 novembre 2014 dans la rubrique «L'invité». Inutile de raconter à nos lecteurs les trésors de patience et l'arsenal d'arguments pour le persuader de se plier à l'exercice des questions-réponses. «Je suis d'une nature discrète et réservée, que peut bien m'ajouter un nouvel entretien ?, nous répondait-il à chaque fois. Jusqu'à ce que ce professeur d'arabe cède. «Je poursuivais en même temps mes études universitaires, nous étions un groupe de footballeurs du CSS à le faire à Tunis : Raouf Najjar, Abdallah Hajri, Jamel Ayadi... D'ailleurs, pour la suite, ma carrière d'entraîneur a été quelque peu entravée par mes obligations d'enseignant». L'enfant du quartier Recasement à Sfax, où a été construit le complexe sportif actuel du CSS, a appris à manier un ballon dans les interminables parties avec les Mokhtar Dhouib, Habib Jerbi, Jamel Ayadi, Sami Dhouib, Abdelwahab et Habib Trabelsi, Abdelmajid Karoui, le gardien du SRS... «Nous formions au CSS une équipe spectaculaire, il n'y avait rien que notre entraîneur Milan Kristic ne nous ait pas appris. C'était un second père pour moi, après le paternel Abdallah qui suivait mes sorties puis les débriefait avec moi. Du mythique Kirstic, je garde d'ailleurs quelques reliques, son sifflet, son matériel d'entraînement...», nous confia-t-il. «Nadal a dit un jour une phrase célèbre : le plaisir était son moteur. Nous aussi, les Kirstic boys étions au fond dans les mêmes dispositions. Maintenant, je ne peux pas m'imaginer sans football. Sur un terrain, je me sens dans mon milieu naturel, comme un poisson dans l'eau. L'homme ne vit pas que de pain», rappelle-t-il. Bizerte n'a pas oublié Titulaire du 3e degré et major de sa promotion, Melliti entre de plain-pied dans l'histoire du foot tunisien un certain 3 décembre 1988. Le club athlétique Bizertin bat les Nigérians de Rancher Bees (1-0, but de Hamda Ben Doulet) en finale retour et remporte la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe. «L'action du but a été répétée trois ou quatre fois, elle n'était pas le fruit du hasard, observe-t-il. En fait, il y a le côté invisible de la préparation dont peu de gens se rendent compte. Durant la campagne continentale, je veillais à tout : alimentation, vaccins... Le CAB a fait œuvre de baliseur du désert. Malheureusement, les envieux n'ont jamais désarmé. Ils prétendaient que cette première couronne continentale n'était qu'un coup de chance, oubliant qu'on jouait en aller et retour. Ils sous-estimaient tout le travail méthodique entrepris, la qualité de ce cru cabiste, la motivation qui l'habitait. Nous avons surpris tout le monde sans vraiment disposer de vedettes ou de joueurs étrangers. Sur le coup, on m'en voulait parce que j'avais dit dès le départ que nous allions faire mieux que l'Espérance de Tunis, battue l'année précédente en finale de la même compétition par les Kényans de Gor Mahia», se souvient Melliti. A Bizerte, où il a choisi de s'installer, on n'a pas oublié l'exploit retentissant. L'enfant de Sfax y a été inhumé hier. Que son âme repose en paix. A sa femme Ismahane, à ses deux fils et à sa fille, nous présentons nos condoléances les plus attristées.