«La Tunisie est prête à relever le défi et les Etats-Unis apporteront leur soutien à son agenda...» Faisant suite à l'invitation lancée tout récemment par le président Barack Obama à l'adresse de Béji Caïd Essebsi afin qu'il se rende à Washington, l'ambassadeur US à Tunis, M. Jacob Walles, a organisé une «table ronde» à laquelle ont assisté les représentants de la presse locale. C'était hier matin, au siège de l'ambassade, sise aux Berges du Lac. Dans une allocution préliminaire, l'ambassadeur a commencé par déclarer que la nouvelle année était une occasion pour dresser le bilan de la coopération tuniso-américaine, faisant mention des «accomplissements significatifs» qui ont été enregistrés en Tunisie au cours de l'année 2014 : une nouvelle Constitution en accord avec les normes démocratiques et les droits universels, une stabilisation de la situation et des élections qui, de l'avis des observateurs internationaux, ont été «libres et honnêtes»... M. Walles a rappelé la visite à Washington, en avril dernier, de Mehdi Jomaâ, dans le cadre de la mise en place du «Dialogue stratégique», dialogue qu'il a qualifié de «haut niveau»... Il reste que, pour l'année 2015, il s'agira de repréciser les priorités de la coopération sur les plans de la sécurité, du développement économique et du partenariat, et ce, à travers des échanges avec le futur gouvernement. Mais on attend d'ores et déjà, dans le domaine de la coopération militaire, de «prochaines annonces»... Enfin, le diplomate américain s'est dit optimiste en ce qui concerne les progrès attendus pour les années qui viennent : l'économie a besoin de réformes et le développement du pays à l'intérieur et dans le sud reste un chantier, mais la «Tunisie est prête à relever le défi et les Etats-Unis apporteront leur soutien à son agenda...». Enchaînant lors de la séance de questions-réponses, M. Walles est revenu sur l'idée que la coopération est définie dans le cadre d'une concertation intergouvernementale : «Ce que nous avons fait avec le gouvernement Mehdi Jomaâ est un bon modèle!». Il devrait donc être poursuivi. Concernant l'invitation adressée par Obama au nouveau président élu, l'ambassadeur a indiqué qu'aucune date n'était encore fixée et que le choix de cette date se ferait selon les disponibilités des uns et des autres, précisant toutefois que «le mois qui vient devrait être très chargé pour le président tunisien...». La coopération financière a également été évoquée. Elle a atteint les 550 millions de dollars et devrait augmenter dans l'avenir... Mais «pourquoi ne privilégie-t-on pas une politique d'encouragement de l'investissement ?», s'interroge-t-on du côté des journalistes. En fait, on apprend ici qu'une conférence est prévue pour le mois de mars prochain à laquelle des investisseurs américains seront conviés. M. Jacob Walles affirme que «le temps est venu», en faisant remarquer que, d'ici là, «le plan du gouvernement sera présenté». En d'autres termes, le cadre aura été rendu clair à l'attention des acteurs américains du secteur privé... Le tourisme ferait d'ailleurs partie des domaines particulièrement ciblés, d'autant que la situation sécuritaire s'améliore. L'ambassadeur prédit que «des chaînes hôtelières américaines devraient s'installer en Tunisie d'ici deux ans». Les autres thèmes abordés lors de cette table ronde concernent la situation régionale : la Libye, la Syrie, l'Irak et la Palestine. S'agissant de la Libye, M. Walles s'est contenté de réitérer la position américaine selon laquelle l'option militaire n'est pas la bonne et qu'il convient de favoriser le dialogue entre les protagonistes, en soutenant les efforts du représentant spécial de l'ONU, M. Bernardino Leon... «La Tunisie offre l'exemple d'un processus de dialogue qui a prévalu. Malheureusement, en Libye, il n'y a pas une société civile capable de jouer le rôle qu'a joué le Quartet... D'où le rôle de l'ONU». Concernant l'engagement américain contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie, l'ambassadeur américain a rappelé qu'il s'inscrit dans le cadre d'une large coalition et que, à côté de l'aspect militaire, il y en avait d'autres qui ont trait à la neutralisation de la propagande sur Internet, à l'assèchement des ressources financières ou à l'action humanitaire. Mais que, selon ce qu'a dit le président Obama à ce sujet, le conflit devrait durer plusieurs années. Enfin, dernière question adressée au représentant américain à Tunis : pourquoi son pays s'oppose-t-il à la demande palestinienne concernant la création, d'ici deux ans, d'un Etat palestinien telle qu'elle a été présentée tout récemment au Conseil de sécurité de l'ONU, mais aussi à la demande palestinienne d'adhésion à la Cour pénale internationale, ce qui lui a d'ailleurs valu une mesure de rétorsion de la part du gouvernement israélien, lequel a bloqué les aides de l'ONU qui transitent par son administration ? La réponse de M. Jacob Walles consiste à rappeler ici que les Etats-Unis ont toujours soutenu l'option des deux Etats, mais que la résolution présentée par l'Autorité palestinienne reflétait son propre point de vue, qu'elle ne s'inscrivait donc pas dans une logique de négociation... Une réponse qu'on nous permettra de juger un peu courte, surtout lorsqu'on considère le peu de cas que fait le gouvernement israélien du processus de paix et de ses exigences sur le terrain !