Plusieurs problèmes sont constatés au niveau de la production et de la commercialisation des viandes rouges, ce qui ne permet pas à cette filière de se développer et de satisfaire la demande des consommateurs. Malgré l'augmentation vertigineuse des prix des viandes ovines et bovines qui varient entre 20 et 22 dinars — voire plus dans certains points de vente —, plusieurs consommateurs continuent à acheter ce produit. Certains éleveurs ont sacrifié leur cheptel compte tenu du coût de l'engraissement des bêtes. La vente anarchique des viandes rouges sur les routes est également constatée malgré les campagnes de sensibilisation des consommateurs et des éleveurs. Ces derniers veulent se débarrasser en un minimum de temps de leur cheptel en pratiquant des prix bas pour attirer les consommateurs. La filière des viandes rouges fournit annuellement une production de près de 120 mille tonnes, ce qui représente 44% de l'ensemble de la production animale. Compression des coûts D'après les statistiques disponibles, la consommation de viandes rouges au niveau national demeure faible, dans la mesure où elle ne dépasse pas, par individu et annuellement, 12 kg contre 24,6 kg comme moyenne mondiale, par individu et 60,2 kg en Europe. Les prix pratiqués en Tunisie sont certainement pour quelque chose dans cette faible consommation. En effet, les citoyens appartenant aux catégories sociales moyennes et faibles ne parviennent plus à satisfaire leurs besoins en cette denrée. Par ailleurs, la filière des viandes rouges souffre depuis des années de plusieurs problèmes qui constituent un handicap pour l'accroissement de la production. Ces problèmes sont constatés notamment au niveau de la commercialisation des ovins et des bovins qui n'est pas toujours effectuée dans les circuits organisés. De plus, l'abattage, même dans les abattoirs, ne respecte pas les conditions d'hygiène et de propreté. Ces manquements sont confirmés par une étude élaborée par l'agence de promotion de l'industrie et de l'innovation, qui déplore, entre autres, la multiplication des intermédiaires non reconnus et le non-respect des conditions sanitaires et environnementales par de nombreux abattoirs. Au cours de la dernière décennie, la production de viandes rouges a connu une stagnation après une dynamique enregistrée au cours des années 1984 et 2000, passant de 64 mille tonnes à 123 t. environ au cours de ladite période. A partir de 2003, la production a connu des perturbations avant de se stabiliser à près de 120 mille t. Une stratégie a été proposée par les experts de l'Apii en vue de développer la filière des viandes rouges à l'horizon 2025. Elle s'articule autour de certains axes prioritaires comme le renforcement des aspects sanitaires lors de l'abattage, la rationalisation des dépenses et l'amélioration des revenus des intervenants dans cette filière. Il s'agit aussi d'augmenter l'offre en viandes rouges dans les différents points de vente afin de pouvoir assurer un meilleur accès des consommateurs à ce produit et atteindre un objectif de consommation de 15 kg par an et par individu au lieu de 12 kg actuellement. L'aspect qualité doit bénéficier également de l'intérêt nécessaire de la part des producteurs, qui sont appelés à se doter d'équipements modernes d'élevage et d'abattage. Même au niveau de la commercialisation, des efforts doivent être déployés en vue de présenter les produits de façon correcte dans des vitrines réfrigérées et éviter d'exposer la viande en pleine nature sans protection aucune, au milieu de la poussière et des insectes. A la faveur d'une amélioration qualitative et quantitative de la production, il serait possible aussi de stimuler les exportations des viandes rouges vers certains marchés. Un encadrement rapproché des intervenants dans cette filière a des impacts positifs, puisqu'il permet d'orienter ces derniers vers les bonnes pratiques et de leur fournir les conseils utiles relatifs à l'hygiène, la propreté et la santé avant et après l'abattage. Il est nécessaire, de même, de préserver le cheptel en évitant de sacrifier les bovins et ovins à bas prix. La compression du coût de l'engraissement doit être une priorité pour tous les intervenants, y compris les pouvoirs publics qui sont appelés à fournir tous les intrants et l'alimentation fourragère à un prix raisonnable.