Hier, le chef du gouvernement désigné a débuté un nouveau round de négociations avec les mécontents qui contestent ses choix révélés vendredi 23 janvier. Certains observateurs appellent à l'intervention du Dialogue national. Du côté du Quartet, on observe une position attentiste Avec la lettre de démission de Karim Sekik, ministre des Technologies de l'information et de la communication désigné vendredi dernier par Habib Essid dans son équipe ministérielle, le retour, hier, des négociations avec le Front populaire, la levée de boucliers suscitée par le choix de Najem Gharsalli au poste de ministre de l'Intérieur, le mécontentement d'Al Moubadara et enfin la décision de reporter à une date indéterminée la séance plénière du Parlement pour solliciter la confiance des députés, l'on peut affirmer qu'on est pratiquement retourné à la case départ. Et le chef du gouvernement désigné de se trouver dans une position le moins qu'on puisse dire inconfortable aux plans politique et constitutionnel. Politiquement, Habib Essid est contraint de revoir sa liste des ministres et de reprendre ses concertations avec les partis et coalitions politiques dans le but de trouver des remplaçants acceptables aux ministres et secrétaires d'Etat contestés. Sur le plan constitutionnel, il est aussi obligé de solliciter la confiance du Parlement au plus tard le 5 février prochain, soit un mois après sa désignation le 5 janvier pour former le gouvernement. Au cas où le Parlement ne lui accorderait pas sa confiance le 5 février, un nouveau délai d'un mois lui est concédé pour constituer un nouveau gouvernement. En évitant d'arriver à ces scénarios, Habib Essid a rencontré une délégation représentant le Front populaire et une autre au nom d'Ennahdha dont le conseil de la Choura a décidé, dimanche 24 janvier, de ne pas accorder sa confiance au gouvernement. Mais en attendant que Habib Essid termine son nouveau round de négociations, certains analystes et observateurs n'ont pas hésité à se poser la question suivante : et si le Dialogue national était le dernier recours en vue de débloquer la situation et épargner à la Tunisie une nouvelle crise qu'elle ne peut plus supporter ? Il reste encore d'autres solutions En vue d'éclairer l'opinion publique sur cette idée qui commence à trotter dans certains esprits, La Presse a sondé l'opinion de deux sources informées auprès de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh) et de l'Union tunisienne générale du travail (Ugtt). Du côté de la Ligue, on nous assure que «cette éventualité pourrait nous créer des problèmes dans la mesure où les urnes ont déjà livré leur verdict et le pays dispose aujourd'hui d'institutions stables et d'une vie politique ordinaire. Encore plus, le Quartet parrain du Dialogue national ne voudrait en aucune manière se comporter en partenaire dans les décisions à prendre. Malheureusement, la crise est là et c'est Nida Tounès qui en assume la responsabilité puisqu'il n'a pas su gérer sa victoire aux législatives. Le parti des Berges du Lac est tombé dans le piège de ceux qui l'ont obligé à opter pour un chef de gouvernement présenté comme étant un indépendant et à qui on a demandé de former un gouvernement qui satisfait tout le monde et ne contente personne». Et la même source d'ajouter : «Ma conviction est qu'il est encore trop tôt pour solliciter l'intervention du Quartet. Il existe d'autres solutions pour satisfaire les mécontents, dont en premier lieu Afek Tounès, qui pourrait reprendre les ministères qui lui étaient promis et qu'il a perdus à la dernière minute. Hier, le chef du gouvernement a rencontré les représentants du Front et d'Ennahdha, en attendant les autres. Je pense qu'il pourrait parvenir à de nouveaux accords, ce qui lui permettrait d'aller au palais du Bardo en ayant les garanties de voir son nouveau gouvernement (maintenant il faut parler d'un nouveau gouvernement puisque celui révélé vendredi dernier n'est plus d'actualité) obtenir l'aval des députés. Reste qu'il faut reconnaître que Habib Essid a perdu une première bataille, celle de la crédibilité de ses choix révélés au public le vendredi 23 janvier et qu'il se trouve obligé de réviser le lundi 26 janvier». La même source n'écarte pas, toutefois, l'éventualité de voir le Dialogue national revenir au-devant de la scène pour assister Essid et l'aider à dénicher le team magique. «Au sein de la Ligue des droit de l'Homme, précise-t-elle, nous n'agissons qu'en concertation avec le Quartet. Actuellement, le mécanisme du Dialogue national a besoin lui aussi d'être réactualisé à la lumière des résultats des élections du 26 octobre 2014. Le conseil du Dialogue national comportant le quartet et les représentants des partis politiques est à recomposer puisque plusieurs formations politiques, à l'instar d'Ettakatol ou Al Massar ne doivent plus y figurer». L'Ugtt promet une période de grâce A la Place Mohamed-Ali, on se félicite du fait que «Habib Essid a répondu positivement aux contestations et qu'il a préféré élargir les consultations dans l'objectif de parvenir à des accords qui pourront débloquer la situation». «Nous considérons, indique une source syndicale informée, que le chef du gouvernement peut éviter le couac de la non-obtention de la confiance du Parlement. Il réussira à trouver une solution d'ici la fin de la semaine en cours pour affronter les députés en ayant la garantie de décrocher leur confiance. Nous éviterons ainsi de voir les consultations se poursuivre en février prochain. Au sein de l'Ugtt, il n'est pas question pour le moment de réveiller le Dialogue national. En tout état de cause, notre espoir est que le gouvernement sera formé le plus tôt possible et l'Ugtt est prête à lui accorder une période de grâce pour ses cent premiers jours».