Scandaleux décès de nouveaux-nés ! Que se passe-t-il donc au service de maternité de Bizerte, pourquoi y déplore-t-on une si grande fréquence de décès de nouveaux-nés? S'agirait-il d'erreurs médicales? De pénurie ou d'absence de personnel médical spécialisé? Ou de manque d'équipements et d'instruments de travail? Ce qui nous semble certain, c'est que la mauvaise étoile et la fatalité ne doivent pas y être pour quelque chose. A l'hôpital «impliqué» dans ces mystérieux décès, tout le monde médical, paramédical, administratif, ouvrier, etc. semble inquiété et tourmenté par ce phénomène. Tout ce monde en parle. Mais en catimini, dans les cercles réduits privés et familiaux. On a l'impression que ce personnel hospitalier met sa langue dans sa poche et avale amèrement sa rage, dès lors qu'il est approché par la presse, cherchant à lui tirer les vers du nez. Et à mettre sous ses projecteurs la triste réalité, ébruitée laconiquement par le téléphone arabe, dans toute la région de Bizerte. Des témoins oculaires et auriculaires qui n'auraient rien vu et rien entendu («chahed ma chafchi haga»), craignant le «courroux» et la machination de la machine administrative. Un silence quasi collectif ménageant les susceptibilités et les scrupules de fierté d'une hiérarchie régionale apparemment dépassée et désarmée... Rien qu'à El Alia, pas moins de quatre mères viennent de pleurer à chaudes larmes le décès subit de la chair de leur chair. Une cinquième mère pleure paradoxalement avec le mari et le cinquième père, son mauvais sort, d'avoir, cette fois-ci, vu son bébé... «cruellement» enlevé par la mort. De telles tragédies ne datent pas d'ailleurs d'hier. La série a commencé à faire du bruit depuis juin 2009. Où une jeune mère a eu à voir son bébé périr, sans avoir pu le porter dans ses bras, suite à un accouchement maladroitement forcé, malgré la stricte nécessité d'une césarienne. Et, grâce à la chance et à «Dame providence», la bonne dame a été sauvée du pire. Et, n'est pas sortie de son pavillon, enroulée dans ses draps, les pieds devant! Les parents malchanceux ont eu alors beau récriminer et formuler leurs griefs au ministère de la Santé, c'était peine perdue. Pas de nouvelle sur le dossier. Mauvaise nouvelle, cette fois-ci : affaire classée, hélas! morte enterré avec... le nouveau-né! Le ministère enquête La mère rescapée, membre de la famille de la justice, finit par s'en remettre à la justice du ciel et... abdiquer... Se taire et s'incliner devant la fatalité! Le hic, c'est que les cinq accidents connus et repérés rien qu'à El Alia, ne sont certainement pas des cas isolés. Et on suppose que d'autres parents, inscrits jusqu'ici aux abonnés absents, auraient connu le même sort «dramatique». Et auraient subi et accusé le coup à la maternité de Bizerte ou ailleurs. Gardant le silence sans broncher. Même s'ils sont souvent plus que certains de la carence hospitalière, de l'inadéquation de la prise en charge et (ou) de la négligence médicale. D'ailleurs, dans un modeste appartement perdu à El Alia, on a été reçu par des parents totalement abattus. La mère tenait dans ses bras son enfant, squelettique, maigrichon, le teint vert, pâle comme la mort, ne s'accommodant d'aucune position. En raison de difficultés respiratoires visiblement aiguës. «Après une grossesse normale, reconnaît Mme Imen, la trentaine, j'ai eu un accouchement houleux et mouvementé, bien que nécessitant la césarienne depuis les débuts des tâtonnements et des essais. Du coup, le bébé a été asphyxié, son cerveau endommagé par arrêt cardiaque momentané et... bonjour l'infirmité pour toujours ! Quant à moi, j'ai failli y passer des suites d'une hémorragie mal contrée. A présent, j'ai du mal à assister une petite mourante réclament en vain, pas plus que la mort !». Le père, Karim Sahli, 32 ans, mécanicien, affirme que « dans ce service de maternité, une source supposée de vies humaines et de bonne santé est transformée en espace de tortures inhumaines ! Un croque-mort et un «croque bébé». Karim note qu'il a intenté une action en justice, mais il a eu du mal à ficeler son dossier médical... pour des raisons «faciles à deviner !». Autres victimes, MM. Rejeb et Najah El Kouki, qui n'ont jamais tenu leur enfant. Ils regrettent le manque de moyens pour attaquer en justice ceux qui leur ont fait si mal. Mais il ne savaient pas qu'ils auraient pu franchir le pas aux frais de l'Etat, par le biais du tribunal administratif. Il aurait suffi de justifier l'indigence pour profiter de l'assistance. La bonne recette, pour nos pairs à court de recettes, qui auraient préféré être entourés d'une assistance convenable en amont, plutôt que d'une assistance en aval. On apprend, d'ailleurs, que le ministre de la Santé publique, dès qu'il a été saisi, a déclenché une enquête pour élucider l'affaire et définir les responsabilités. Il a été ainsi procédé,tout récemment, à l'audition d'un certain nombre de victimes par l'équipe de l'insertion générale médicale. Pour sa part, le président de la Ligue des Droits de l'homme, M. Abdessatar Ben Moussa, n'a pas manqué de réagir dès qu'il a eu vent de l'affaire. Et a tôt fait d'ordonner à son équipe d'instruire ce dossier brûlant. Pour connaître les tenants et aboutissants des scandaleux évènements. Et aboutir à la «vraie-vérité» et non pas à la simple vérité... n'importe quelle vérité...