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«Notre rôle est de conseiller le gouvernement sur l'impact des réformes»
Entretien avec Jean Luc Bernasconi, économiste en chef de la Banque mondiale en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 02 - 2015

La toute récente sortie de la Tunisie sur les marchés internationaux a fait couler beaucoup d'encre. Il y a ceux qui considèrent que cette opération traduit avant tout une volonté d'échapper à la conditionnalité des bailleurs de fonds multilatéraux et ceux qui y voient principalement une nouvelle source d'aggravation du niveau de l'endettement extérieur du pays. Pour Jean Luc Bernasconi, économiste en chef de la Banque mondiale en Tunisie, «il est même du devoir, de tout gouvernement de diversifier ses sources de financement en fonction des besoins du budget national et de la balance de paiement, ainsi que de l'échéancier de ces besoins. En définissant cette stratégie de financement, le précédent gouvernement a très certainement évalué les coûts et risques associés aux différents types de financement». Entretien
Comment la BM explique-t-elle la sortie de la Tunisie sur les marchés internationaux ? Est-ce le tarissement des sources de financement bilatéraux et multilatéraux ? Ou tout simplement une volonté d'échapper à la conditionnalité des bailleurs de fonds multilatéraux ?
Les financements multilatéraux et bilatéraux ne sont pas taris. Ils se matérialisent sous diverses formes (appuis budgétaires, financement de projets) qui comportent leurs dynamiques propres menant aux décaissements des ressources financières. C'est la prérogative, et même le devoir, de tout gouvernement de diversifier ses sources de financement en fonction des besoins du budget national et de la balance de paiement, ainsi que de l'échéancier de ces besoins. En définissant cette stratégie de financement, le précédent gouvernement a très certainement évalué les coûts et risques associés aux différents types de financement. Je ne lis en tous les cas pas cette sortie sur les marchés comme une volonté «d'échapper à la conditionnalité», en premier lieu parce que cette «conditionnalité» est en fait un ensemble de réformes et d'actions de politiques économiques que le gouvernement avait défini lui-même comme prioritaires, et dont la préparation technique est bien avancée, si ce n'est achevée. D'ailleurs dans le cadre de l'appui budgétaire de la Banque mondiale, actuellement en phase finale d'instruction, la plupart des actions conjointement retenues ont été mises en œuvre et nous nous trouvons tout près de la finalisation de ce financement. Pour rappel, les actions en question concernent l'amélioration du climat des affaires, la modernisation d'un secteur clé de l'économie (les TIC) et la relance du secteur bancaire, autant de domaines essentiels pour le redémarrage de l'investissement et de l'emploi.
- La stabilité politique et la visibilité institutionnelle sont-elles suffisantes pour améliorer le rating de la Tunisie et desserrer la conditionnalité recommandée par les institutions internationales?
Cette stabilité, dans laquelle j'inclurais la dimension sécuritaire, est une condition indispensable pour l'amélioration de la notation auprès des agences de rating internationales, mais surtout pour la reprise de l'investissement et de l'emploi. La visibilité institutionnelle pourra aussi contribuer fortement à cette amélioration. À mon sens, cette visibilité se traduit par quatre dimensions : (i) une vision déclinant un objectif de développement pour la Tunisie à moyen terme, ce que d'aucuns ont appelé le nouveau modèle économique; (ii) un plan d'action et un programme de projets véritablement prioritaires qui mèneront le pays vers cet objectif ; (iii) des actions immédiates de relance et de stabilisation macroéconomique; et (iv) le renforcement de la capacité institutionnelle pour adopter et mettre en œuvre ces réformes. Dans ce dernier point, j'inclurais non seulement le déploiement d'une capacité de «maîtrise d'ouvrage des réformes» au sein de l'Administration, mais aussi le rôle du dialogue social et de la participation de la société civile comme véritables moteurs du changement. Avec sa transition démocratique absolument exemplaire, la Tunisie a démontré qu'elle possède tous les atouts et les talents pour relever ces défis. Quant à la «conditionnalité», comme mentionné précédemment, celle-ci vient du programme de réformes que le pays définit lui-même, elle n'est pas imposée par les institutions internationales. Nous nous définissons comme un partenaire de développement au service de la population tunisienne, et pas, comme on aime trop souvent nous caricaturer, comme une autorité qui déciderait de telle ou telle réforme. Certaines réformes seront difficiles. Certains privilèges devront sans doute être remis en question pour permettre à un plus grand nombre d'accéder aux opportunités économiques. Il y aura donc des résistances. Mais ce sont les parties prenantes tunisiennes qui décideront en fin de compte des arbitrages à faire pour assurer le succès des réformes. Les institutions internationales ne sont là que pour informer ces choix à la lumière de leur expérience internationale.
- Votre rapport « La révolution inachevée » a fait couler beaucoup d'encre. Quelle est votre lecture des différentes réactions de la société tunisienne à la présentation de ce rapport ?
Le rapport suscite un grand débat, c'est vrai, et cela constitue en soi un véritable succès. Nous avons regretté à maintes reprises que les questions économiques demeuraient le parent pauvre dans le débat tunisien d'après la révolution. Cela a changé depuis quelques mois et si notre rapport a pu apporter une modeste contribution à cette dynamique, nous en sommes très satisfaits. Nous avons diffusé et discuté le rapport avec un grand nombre de parties prenantes en Tunisie (administration, société civile, partenaires sociaux, monde académique, partis politiques, médias, autorités régionales,...). Sur le fond, je dirais que le diagnostic, parfois sans complaisance, dressé par le rapport, est partagé par un grand nombre. Les avis divergent sur les solutions proposées. Mais cela est salutaire. C'est à nos partenaires tunisiens de définir, sur la base d'un constat assez unanimement partagé, les réponses de politique les plus adaptées au temps et au contexte. Nous nous limitons à proposer des options possibles et nous poursuivons le dialogue sur cette base avec tous les interlocuteurs, y compris ceux ayant émis les plus fortes réserves sur le rapport de la BM.
Quelle est votre appréciation sur le rythme des réformes en Tunisie ? Autrement dit, y a-t-il un risque de voir le prochain rapport portant le titre «une dynamique de réforme inachevée» ?!
Pour les partenaires d'un pays comme la Tunisie, le rythme des réformes est souvent perçu comme trop mesuré. Mais il est tout à fait compréhensible que, dans cette période de transition, les réformes n'ont pu se faire qu'à petits pas. Le problème est que les défis économiques, eux, n'attendent pas. La croissance est ralentie, les comptes extérieurs se sont dégradés, les déficits publics, même s'ils sont en voie de stabilisation, demeurent élevés, le coût de la vie est perçu comme prohibitif par beaucoup de citoyens. Il est donc urgent de relancer l'investissement, à la fois public et privé, pour générer de la croissance et de l'emploi. Pour que l'investissement privé, qu'il soit domestique ou étranger, accélère, la stabilité politique et sécuritaire dont nous avons parlée précédemment est une condition préalable incontournable. Mais elle n'est sans doute pas une condition suffisante. C'est ici que les réformes entrent en jeu : climat des affaires et compétitivité (à l'interne et vis à vis de l'extérieur), fiscalité, secteur financier, services publics et protection sociale sont autant de volets de réformes pour lesquels une feuille de route devrait être élaborée rapidement et mise en œuvre sans délais. Notre rôle est ici, de concert avec les autres partenaires de la Tunisie, de conseiller le gouvernement sur l'impact des réformes, en particulier leur impact social, et les mesures d'accompagnement qui permettront d'obtenir les meilleurs résultats en termes d'amélioration du niveau de vie des citoyens, notamment des plus démunis.


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