Inger Andersen, vice-présidente de la Banque mondiale (BM) pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, a indiqué, dans une interview à l'agence TAP, que «le véritable enjeu actuel pour la Tunisie consiste à traduire les avancées politiques, en croissance économique». Mme Andersen a annoncé, vendredi 28 février, un programme de soutien à la transition démocratique en Tunisie de 1,2 milliard de dollars (1,887 milliard de dinars), au terme d'une visite de trois jours dans le pays; soulignant que "cette enveloppe traduit le désir de la BM de mettre à la disposition du gouvernement tunisien les ressources financières nécessaires, pour réussir cette période de transition". «Nous avons travaillé avec les gouvernements successifs depuis 2011, afin de s'assurer de la réalisation des réformes demandées, avant de débloquer ce montant. Depuis 2013 et début 2014, nous avons remarqué que tous les éléments des réformes exigées ont été mis en oeuvre. Le dernier en date a été le décret de passation des marchés publics qui vient d'être examiné à la Kasbah, le 24 février», a-t-elle précisé. Le fait que la Tunisie ait atteint un consensus au niveau de la Constitution, a-t-elle relevé, "lui a donné un incroyable élan, ce qui a suscité de l'optimisme et créé un potentiel de confiance économique en la Tunisie, chez ses partenaires». Dans le même contexte, elle estime que «le taux de croissance réalisé en Tunisie en 2013, qui se situe au niveau de 2,6%, ne peut pas être considéré comme mauvais, si on le compare avec la croissance enregistrée en Europe. Ce taux pourra être amélioré pour atteindre 3% en 2014, avec une tendance à la hausse, pour les années prochaines». S'agissant de la relance économique en Tunisie, Mme Andersen a souligné que "le gouvernement doit focaliser sur plusieurs chantiers, dont l'enracinement de la démocratie économique, à travers la transparence et l'open-gov, ainsi que la réduction de la bureaucratie et l'allègement des procédures administratives". Parallèlement, elle a recommandé de "booster le secteur privé pour créer davantage d'emplois, passer d'une économie basée sur le clientélisme vers une économie transparente et ouverte, faciliter l'accès au financement pour les entrepreneurs et veiller à la stabilité du secteur bancaire". Pour ce faire, la vice-président de la BM appelle à "garantir plus d'efficacité au système bancaire, lancer des fonds dédiés au financement des entreprises pour qu'elles aient la capacité d'investir et mettre en place un guichet unique d'information, à la disposition des investisseurs". «L'ensemble de ces réformes va permettre de garantir la pérennité et la viabilité de l'activité économique, tout en veillant à maîtriser au mieux les dépenses gouvernementales pour qu'elles soient plus efficaces, et ce sur la base d'un plan d'action adéquat», a-t-elle précisé. Pour ce qui est de l'impulsion de l'investissement, elle considère qu'il est impératif de "mettre en place une concurrence plus saine et d'encourager les investissements dans les secteurs les plus productifs, à travers tout le territoire et notamment à l'intérieur du pays". En ce qui concerne les réformes mises en place en Tunisie, Mme Andersen souligne que les procédures gouvernementales sont devenues plus rapides et plus transparentes. Elle cite notamment les réformes relatives à la liberté d'expression et à l'accès à l'information, précisant que "d'autres réformes sont en cours de réalisation, mais nécessitent plus de temps pour entrer en application". A propos de l'amélioration du climat des affaires, la responsable de la BM indique qu'il s'agit de "faciliter davantage l'accès à l'information, simplifier les procédures administratives et promouvoir l'esprit entrepreneurial, à même de faciliter aux jeunes entrepreneurs la réalisation de leurs propres projets".