Fondé en 1980, il célèbre cette année ses 35 ans. Tout un chapitre de l'histoire de la Tunisie Il y a 35 ans naissait le groupe de musique alternative tunisien «Les colombes» ou «Al hameyem al bidh». Leur nom vient de leur premier titre en 1980, qui avait sonné à l'oreille de Hamadi Laajimi, membre du groupe «Khoumessi». Cette formation n'a pas persisté mais elle a soufflé de son âme aux Colombes. Depuis, c'est l'un des rares groupes engagés tunisiens dont la carrière est ininterrompue. «Nous avons eu la chance d'être soutenus par des artistes de toutes les disciplines, tout au long de notre parcours», explique Zakaria Kobbi, le violoniste du groupe, au micro d'une radio. «Les colombes», qui comptent également Hached Gaubi au luth, Elyes Gaubi à la guitare et Ammar Gasmi à la flûte, sont des passionnés qui ont toujours fait de la musique en amateurs. Leur musique a toujours témoigné d'une grande maturité. La rencontre des instruments et l'expérimentation des sons ont réussi à ce groupe qui chante, en tunisien ou en arabe, des textes écrits par des poètes comme Adam Fethi, Mnawer Smadah et Mokhtar Laghmani. «Hob wa nidhal», «Indama kontou saghiran», «Mousika jamahir athaoura» ou encore le fameux «Al chaikh al saghir» font partie de leur répertoire. Leur musique et leur fraîcheur sur scène sont un antirides pour le cœur. Le public a pu s'en délecter durant trois jours de célébration les 5, 6 et 7 février à la maison de la culture Ibn-Rachiq. Le premier jour a été placé sous le signe de la mémoire avec un retour sur les premières chansons du groupe, et des témoignages d'amis artistes et militants. Le deuxième jour a été consacré au militantisme, une cause qui a donné au groupe l'envie de persister, estime Zakaria Kobbi. Le même jour, le 6 février, coïncide avec la commémoration de l'assassinat du militant de gauche Chokri Belaïd. «Les colombes» ont organisé un concert à sa mémoire, à l'avenue Habib-Bourguiba, en compagnie d'autres artistes comme Yasser Jeradi, Lobna Noomene et Mehdi Chakroun, Al Bahth al mousiki et Ouyoun el kalem. La dernière journée de la célébration des 35 ans des «Colombes» a été celle de l'espoir et de l'avenir, avec un débat autour de la jeune génération qui est totalement délaissée, surtout celle des régions de l'intérieur. Par ailleurs, cette célébration vient attirer l'attention sur l'une des expériences les plus marquantes de la musique alternative tunisienne. Une expérience qui n'est pas assez médiatisée, bien que le groupe soit devenu plus sollicité depuis le 14 janvier 2011. C'est le constat du réalisateur Rafik Omrani qui prépare un documentaire sur «Les colombes». Il a commencé à les filmer en 2010, intrigué par leur parcours ininterrompu et par leur vision de la musique et de la scène comme un «moyen d'exercer sa liberté». Leur expérience musicale est donc un témoin de leur amour pour la vie et un moyen de résistance. C'est l'angle que l'on découvrira dans ce film en ce moment en montage, un film qui cherche l'humain et le personnel dans cette expérience. A leur tour, «Les colombes» tentent d'archiver leur parcours avec des photographies et des enregistrements rares. Leur histoire fait partie de l'histoire de la Tunisie et mériterait d'être connue des jeunes générations.