Au Forum, nous considérons que la feuille de route présentée devant l'Assemblée des représentants du peuple ne répond pas aux exigences de l'étape ni concernant la composition du gouvernement ni pour le contenu du programme. Tout d'abord, il faut partir d'un constat préoccupant face à la situation sécuritaire avec les menaces terroristes existantes, la persistance des tensions sociales et la dégradation dangereuse de la situation économique du pays. Il y a un sentiment d'inquiétude et de démotivation qui règne et les gens sont désespérés quant à l'avenir du pays, ajouté à une déception due à la classe politique après les élections de 2011 à côté du désenchantement de ceux qui ont donné leur confiance à Nida Tounes. Le discours du nouveau chef du gouvernement aurait, normalement, porté des messages forts pour redonner confiance aux citoyens en la capacité de l'Etat à redresser la situation. Mais dans la composition du gouvernement, formé de personnes qui viennent de différents horizons politiques, l'on constate qu'il y a deux courants, l'un est réformiste moderniste, alors que l'autre est islamiste conservateur. Donc, on a deux visions sociétales. Et même si l'ensemble est adhérent, économiquement parlant, au courant libéral, il existe une différence de références entre les différentes familles libérales et rien ne les fait se rapprocher. Un pareil gouvernement ne rassure ni les investisseurs étrangers ni ceux locaux quant à son efficacité dans la durée et laisse présager le déclenchement des tensions. Les investisseurs ne peuvent avoir une vision claire de la situation du moment que le gouvernement ne peut être ni durable ni efficace. Il aura, d'emblée, des problèmes à traiter ainsi que des dossiers brûlants et sensibles. Pour ce qui est de son programme, le discours qu'on a entendu était fait de généralités et s'est contenté d'affirmer des intentions et une certaine volonté politique. Cette affirmation des bonnes intentions nous donne l'impression qu'on est face à un gouvernement de gestion des affaires courantes ce qui ne va pas avec la l'acuité de la situation et l'attentisme ne fera que l'aggraver. S'il y quelque chose d'important, ce sera dans la Loi de Finances complémentaire et pour ce qui est des orientations stratégiques, il va falloir attendre le plan quinquennal. La situation ne supporte plus les retouches et le colmatage. Il faut un modèle de développement alternatif avec des réformes sectorielles et par thème dans un cadre de cohérence totale. Or, jusqu'à maintenant, on n'a que des discours. Il y aura un plan quinquennal dont le projet fera l'objet de débat vers le quatrième trimestre de l'année. Attendons pour le voir et le discuter...