Il est vrai que la Tunisie a réussi sa transition démocratique. Elle est sortie du statut de « provisoire », à celui de « permanent ». Cependant, l'activité économique peine à se relancer et la transition économique ne sera probablement pas pour demain A l'exception du commerce extérieur, l'évolution positive de la situation politique n'a pas eu encore d'impact sur la relance de l'économie. Le rapport du Conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) fait état d'indicateurs économiques négatifs dans l'ensemble, avec une stagnation du taux de croissance à 2,3%, contre 2,4% en 2013. Et pourtant, la conjoncture économique internationale a été marquée, notamment, par un léger optimisme de la plupart des analystes concernant les perspectives de croissance de l'économie mondiale. Une économie qui s'est caractérisée essentiellement par la chute des prix des produits de base, et un léger accès de hausse des prix du pétrole. La BCT attribue le léger recul du taux de croissance à « la poursuite de la baisse de l'activité dans le secteur des industries non manufacturières, outre le ralentissement de la croissance dans les autres secteurs — à l'exception du secteur de l'agriculture et de la pêche — à l'instar des industries manufacturières et des services marchands ». Les indicateurs économiques demeurent aujourd'hui encore dans le rouge. Selon le rapport du Conseil d'administration de la BCT, le secteur industriel a enregistré une baisse de 0,9%, en octobre 2014, en relation notamment avec le repli de la production non manufacturière et en particulier, les secteurs minier et énergétique. Par ailleurs, le rapport fait état d'une baisse des exportations des principaux secteurs au cours du mois de janvier 2015. Il s'agit notamment des secteurs des industries mécaniques et électriques... Repli des exportations Les importations ne sont pas en reste. Elles ont également enregistré un repli, notamment au niveau des biens d'équipement, du secteur des services, du tourisme et du transport aérien dont les indicateurs d'activité ont accusé une baisse supérieure aux deux précédentes années. La BCT souligne que ces indicateurs négatifs sont le fruit d'une persistance de difficultés structurelles dans plusieurs secteurs d'activité. Il s'agit notamment du tourisme. En matière de commerce extérieur, le Conseil d'administration de la BCT a relevé « l'amélioration de la balance commerciale depuis le début de l'année en cours et jusqu'au 20 février (baisse du déficit de 17,7%), grâce à la bonne tenue des exportations, notamment des produits alimentaires, et ce en comparaison des importations. Ce qui s'est traduit par une progression de cinq points du taux de couverture. Parallèlement, on a noté une « persistance des pressions qui ont marqué l'évolution des paiements courants tout au long de l'année dernière portant le déficit courant à 472 MD en janvier 2015, soit l'équivalent de 0,5% du PIB, en hausse de 14,6% par rapport à son niveau du même mois de 2014 ». Cependant, le déficit a été couvert notamment suite à la mobilisation d'un emprunt obligataire sur les marchés financiers internationaux, d'un montant d'un milliard de dollars. Une opération, quoique fortement critiquée par les experts économiques, a permis, au regard de la BCT, « de renforcer le niveau des réserves en devises qui ont atteint 14.974 MD ou l'équivalent de 128 jours d'importation, en date du 24 février 2015, contre 13.097 MD ou 112 jours au terme de l'année 2014 ». En matière d'inflation, le Conseil a constaté que « l'indice de prix a infléchi sa tendance baissière observée depuis novembre 2014, pour repartir à la hausse, atteignant 5,5% en glissement annuel en janvier 2015, contre 4,8% en décembre 2014 et 5,1% en janvier 2014 ». Baisse des dépôts Du côté des banques, « l'activité a accusé une baisse des dépôts, au mois de janvier 2015, après l'amélioration enregistrée en 2014 (-0,2% contre 1,3% en décembre 2014), imputable surtout à la contraction des dépôts à vue et au ralentissement de l'évolution des dépôts à terme. Parallèlement, les concours à l'économie ont connu une décélération de leur évolution au cours du même mois, soit +0,6% contre 1,5%, suite notamment à la stagnation des crédits à moyen et long termes ». Le Conseil a, par ailleurs, signalé le repli des besoins des banques en liquidité en ce début d'année, où les opérations de politique monétaire de la BCT se sont établies à environ 3.298 MD au 23 février, contre 4.196 MD, en moyenne, le mois précédent. Cette amélioration relative de la liquidité bancaire a permis de ramener le taux d'intérêt moyen sur le marché monétaire à 4,55%, le même jour, contre 4,89% au mois de janvier ». Quant au taux de change, la parité du dinar a enregistré une baisse de 0,2% vis-à-vis de l'euro et de 0,3% par rapport au dollar, le 23 février et en comparaison de fin janvier 2015, pour s'établir, respectivement, à 2,1942 dinars et 1,9387 dinars. Depuis le début de l'année, le taux de change du dinar s'est apprécié de 3,1% par rapport à l'euro et s'est déprécié de 4% contre le dollar », selon le Conseil d'administration de la BCT. Un conseil qui a décidé, à la lumière des données économiques et de l'évolution de la situation, de « maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale ». (d'après communiqué)