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Nous, les jeunes et vous, les vieux
Le nouveau critère d'exclusion
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 02 - 2015

Anouar Brahem n'avait pas besoin de se débarrasser d'un vieux en Tunisie pour enregistrer un CD à Oslo ou pour monter sur scène en compagnie de grands noms de la scène.
James Galway est un virtuose de la flûte traversière. Il en est le maître incontesté dans le monde de la musique classique occidentale. Il a raflé tous les prix et a même été anobli par la reine d'Angleterre, vu qu'il est irlandais. On l'appelle maintenant Sir James Galway.
Sir James Galway est âgé aujourd'hui de 76 ans et il n'a jamais arrêté de donner des concerts. L'on se bouscule toujours pour le voir sur scène. L'on se bouscule également pour assister aux masterclasses qu'il organise tous les ans à l'usage des jeunes. Ces jeunes rêvent de l'écouter et d'écouter ses conseils. Emmanuel Pahud est l'autre monstre sacré de la flûte traversière. Il est suisse. Il a trente ans moins que Sir James Galway. Il est brillant, beau et tout aussi virtuose. Le jeune premier par excellence.
Lui aussi a été décoré à Berlin. Ses concerts sont des événements que les mélomanes avertis ne ratent pas.
Aujourd'hui, les amateurs de la flûte traversière ne font guère entre Sir James Galway et Emmanuel une différence d'âge. Pour eux, ce sont deux virtuoses, deux écoles, deux références différentes.
Entre ces deux monuments de la flûte, ni conflit de génération ni animosité ni tension. D'ailleurs, sur l'un des enregistrements en salle de concert, on peut voir Emmanuel Pahud jouer et, au premier rang des spectateurs, Sir James Galway qui applaudit. C'est que, dans les contrées évoluées, le talent et la compétence ne sont point une question d'âge.
Beaucoup plus proches de nous, deux virtuoses du luth : feu Ali Sriti et Anouar Brahem.
L'un est né en 1919 et l'autre, beaucoup plus jeune, est né en 1957.
Quand Anouar Brahem fit sa fulgurante montée des années quatre-vingt, plus d'un a parlé de la victoire de la jeune génération sur la vieille garde. Ceci n'empêcha pas Anouar Brahem et Ali Sriti de monter en semble, un spectacle de Tarab. En toute humilité, Anouar Brahem parlait alors de concert de la reconnaissance de l'élève à son maître, pas du rapprochement des générations. Pas d'un geste du jeune virtuose en vogue à l'égard du vieux finissant. Pour rester dans la flûte, Feu Mohamed Saâda, à plus de soixante-dix ans, avait également pris part à ce concert. Ils étaient tous merveilleux et le spectacle était mémorable. Pas parce qu'il y avait un jeune et des vieux sur scène. Tout simplement, parce que l'orchestre était un et la musique était une et ils avaient tous brillé.
Anouar Brahem est aujourd'hui une star internationale de jazz. Il affiche complet là où il se produit en Tunisie et en Europe. Il n'avait pas besoin de se débarrasser d'un vieux en Tunisie pour enregistrer un cd à Oslo ou pour monter sur scène en compagnie de grands noms de la scène.
Lotfi Bouchnaq, pour sa part, est une voix exceptionnelle en Tunisie et ailleurs. Il tutoie l'Opéra du Caire. Quand il a commencé ses succès, il n'avait pas besoin de taper sur ses aînés. C'est à son talent et à son travail qu'il a pu conquérir le public.
Et les exemples ne manquent pas.
Aujourd'hui, il y a chez certains « jeunes » comme une volonté d'exclure les « vieux ».
C'est ainsi que plus d'un rapeur débutant, plus d'un chanteur en herbe, plus d'un peintre du dimanche, plus d'un comédien raté s'en sont pris aux « vieux » qui « accaparent la scène et qui bouffent leur pain ».
Exclure le talent par le talent, c'est bon. Exclure le talent par le néant, ça n'annonce rien de bon.
Avant, certains le pensaient mais, par pudeur, ne le disaient pas. Aujourd'hui, ils le disent.
Ils disent par exemple : «Que fait un homme de 87 ans, dans cette révolution de la jeunesse ? ».
Ils disent aussi : «Il faut nettoyer la télé et la radio de ces vieux clous rouillés ».
Saines réflexions s'il existait chez ces jeunes le charisme, le talent et la volonté susceptibles de supplanter les « vieux » qu'ils ambitionnent d'éliminer. Or, en ce moment, ils proposent : néant. Voilà qu'on propose de remplacer le talent par le néant.
Jetons Fadhel Jaïbi. Jetons Taoufik Jebali. Jetons Nabiha Karaouli. Jetons Hichem Djaït, et j'en oublie. Jetons tous ceux qui sont doués parce qu'ils sont âgés et remplaçons-les par...Par qui ?
Bref, tous les jours, chez nous, naissent de nouveaux critères d'exclusion.
Il y a quatre ans, c'était les « Azlem » de Ben Ali qu'il fallait mettre à la porte. Aujourd'hui, comme ces « Azlem » ont repris des fonctions, il faut bien un nouveau critère d'exclusion. Les intégristes ? Pas les intégristes, ils sont très utiles parce qu'ils ont le pouvoir. Alors, on va se ruer sur les vieux !
Après tout, ils sont méchants.
Vous ne trouvez pas que nous sommes d'excellents théoriciens de l'exclusion ?
Heureusement, les jeunes qui travaillent en silence et qui attendent leur heure, existent. Heureusement, des jeunes vont encore chercher l'inspiration l'apprentissage et le talent chez les vieux.
Parce que, en définitive, il n'y a pas de génération spontanée. Car le talent est parent de jeunes et enfant de vieux.


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