Dans cet ouvrage, une vingtaine de chercheurs de Tunisie, du monde arabe et d'Europe analysent les enjeux contemporains de la relation entre littérature et cinéma. Dans sa collection colloques, l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït al-Hikma, vient de publier un ouvrage intitulé «Fiction littéraire et cinéma». Disponible dans les librairies, ce livre bilingue (en arabe et en français) est la somme des contributions de chercheurs, d'enseignants, de cinéastes et de critiques tunisiens et étrangers, lors d'un colloque organisé par l'Académie du 4 au 6 mars 2014. Tiré à 1.000 exemplaires dans cette première édition, cet ouvrage éponyme du colloque fait le tour d'une question qui ne cesse d'intéresser les chercheurs en cinéma et en littérature, et qu'il résume ainsi : Constantes et mutations d'une interrelation dans le monde contemporain. Le comité scientifique de ce colloque était composé de l'écrivain Ali Louati comme coordinateur, et des membres Férid Boughdir (cinéaste et universitaire), Kamel Ben Ouanès (universitaire), Raja Yassine Bahri (universitaire) et Kamel Gaha (universitaire). Une vingtaine d'intervenants venus de Tunisie, du monde arabe et d'Europe ont tenté de répondre à la problématique proposée par le colloque, chacun selon un angle. Dans le livre «Fiction littéraire et cinéma», leurs interventions sont classées selon des thèmes comme les hauts et les bas de la relation entre littérature et cinéma, leurs influences réciproques et leurs visions convergentes aujourd'hui, ou encore la redéfinition de leurs rôles et rapports contemporains. Littérature et cinéma ont chacun sa propre histoire, avec beaucoup de chevauchements. La première ayant précédé le 7e art de plusieurs siècles, celui-ci, à son avènement, a eu du mal à s'imposer, on lui refusait la reconnaissance d'un langage propre et des codes spécifiques. L'écriture cinématographique s'est plus tard distinguée de l'écriture littéraire. Les deux restent, toutefois, très liées et, tout au long de l'histoire, se sont mutuellement influencées. Mais le passage du texte à l'image est-il une trahison ou un enrichissement ? C'est l'une des questions à laquelle se proposent de répondre les invités du colloque dans leurs interventions publiées dans «Fiction littéraire et cinéma». Autre question essentielle dans cet ouvrage, celle de l'enseignement de l'image dans les écoles et par quels outils pédagogiques passe-t-il. Une question développée par l'écrivaine française Anne-Marie Garat et par la chercheuse tunisienne Leila Ben Thabet Berhouma. Documents scientifiques par excellence, avec problématiques, argumentations et exemples, les interventions des différentes plumes de cet ouvrage font honneur au thème qu'ils traitent en proposant des textes très imagés, avec variations de styles, et des contenus hautement instructifs et agréables à lire. Certains se sont penchés sur l'expérience d'un cinéaste de leur pays, comme le chercheur algérien Ismail Slimani qui décortique l'imbrication du discours cinématographique dans le roman de Rachid Boudjedra « La macération», d'autres sur celle d'un cinéaste et écrivain à la fois, comme le Sénégalais Ousmane Sembène, dont le parcours est analysé par la chercheuse française Valérie Berty. Entre questions générales et exemples spécifiques, les chercheurs se sont étalés sur des faits, des chiffres et même des anecdotes qui forgent cette relation entre littérature et cinéma. Les qualifications de cette relation sont nombreuses mais l'influence est réciproque. Cinéastes et écrivains évoqués dans l'ouvrage «Fiction littéraire et cinéma» en témoignent en effet. Du Hollywood classique, qu'analyse le chercheur tunisien Slim Ben Cheikh à travers Le grand sommeil d'Howard Hawks, à Stephen Frears, puis à la Nouvelle Vague ou «L'auteur de cinéma» selon le réalisateur et critique tunisien Fethi Doghri, en passant par Proust sous la loupe des chercheurs tunisiens Kamel Ben Ouanès et Meriam Azizi, à «Tolkien à l'écran» du chercheur français Laurent Aknin et enfin «La bande dessinée entre l'écrit et le visuel», du critique Naceur Sardi, cet ouvrage étoffé d'expériences personnelles et universelles est un éclairage collectif important sur une question contemporaine en devenir.