Par Abdelhamid GMATI Les divers attentats attribués à des jihadistes islamistes, notamment ceux commis dernièrement en France et au Danemark, agitent certains pays occidentaux qui cherchent les meilleurs moyens d'y faire face. La France, le Royaume-Uni, la Belgique, le Danemark ont mis au point des dispositifs pour lutter contre le terrorisme. Même le Vatican a accru son niveau de surveillance. Le Canada, menacé et victime d'un acte terroriste, durcit sa législation antiterroriste. Mais il y a aussi une montée de «l'antiislamisme», d'une «islamophobie ». Les musulmans résidant dans ces pays s'inquiètent et dénoncent l'amalgame qui est fait entre eux et ces jihadistes islamistes. En Allemagne, quelque six mille personnes ont encore manifesté, lundi 2 mars, à Dresde à l'appel de Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident). En France, les actes antimusulmans sont repartis à la hausse depuis le mois de janvier dernier : les services de police ont recensé 128 actes antimusulmans: 33 actions (dégradations, tags...) contre 55 sur toute l'année 2014, et 95 menaces, contre 78 sur l'ensemble de 2014 ; une trentaine de lettres injurieuses envoyées à des mosquées au 3 mars ; un maire a puni de 35 euros des musulmans voulant distribuer des fleurs pour lutter contre les préjugés sur l'Islam. Le 25 février, le Parlement autrichien, appuyé par une forte majorité, a voté une loi d'exception anti-Coran et pour la transparence du financement des musulmans et de l'Islam en Autriche. Il y est, notamment, prévu que : - Tout groupe autrichien déclaré comme représentatif de la communauté musulmane devra dorénavant utiliser une traduction standardisée et en allemand du Coran. - Tout financement étranger des organisations islamiques est désormais interdit. - Tout imam exerçant en Autriche devra parler l'allemand afin que leurs commentaires soient plus accessibles et plus transparents, et permettent de faciliter l'intégration de l'Islam dans la société autrichienne. - Les 450 organisations musulmanes du pays devront prouver qu'elles ont une «approche positive envers la société et l'Etat» si elles veulent continuer à être officiellement reconnues. - Le demi-million de musulmans d'Autriche, soit environ 6% de la population, est essentiellement composé de familles des travailleurs émigrés de Turquie. Et il y a un nouveau mouvement qui prend de l'ampleur, et qui émane d'individus cherchant à partir en Irak ou en Syrie et qui se renseignent sur les réseaux sociaux auprès de milices chrétiennes, qui leur promettent de protéger les chrétiens persécutés par les jihadistes islamistes. «Horrifiés» par les massacres perpétrés par «l'Etat islamique» à l'encontre des chrétiens d'Orient, des Australiens, des Américains, des Anglais, des Français cherchent à rejoindre des milices chrétiennes pour combattre l'Etat islamique en Irak ou en Syrie. Une organisation armée, dite «Dwekh Nawsha» (expression araméenne qui signifie «futurs martyrs»), basée à Al-Qosh, une ville irakienne à majorité chrétienne, compte actuellement dans ses rangs plusieurs «combattants» occidentaux. Sur place, elle appuie l'armée kurde et défend les villages chrétiens menacés. Un Américain, Matthew VanDyke, prévoit de récolter des fonds à travers une structure qu'il a créée, Sons of Liberty International. S'il a déboursé 12.000 dollars de sa poche, l'essentiel des fonds (250.000 dollars) provient d'une organisation américaine mésopotamienne. Au départ, ces «combattants de l'anti-jihad» n'offrent pas un profil type mais ils se disent déterminés à lutter contre «la barbarie de l'Etat islamique». L'un d'eux, un Français, explique que «les frappes aériennes menées par la coalition internationale sont inefficaces et, pendant ce temps-là, des chrétiens sont massacrés. Je pense qu'il faut que nous ayons des troupes au sol. Et comme aucun pays ne veut y aller, il faut bien des volontaires pour aller défendre ces populations». Sont-ils animés d'un esprit de croisade ? Ils se disent francs-tireurs, menant un «combat humanitaire avant tout». La formation d'une «internationale» chrétienne pour aller secourir ou défendre des chrétiens à l'autre bout du monde n'est pas une première. Lors de la guerre du Liban à la fin des années 1970, des Français, provenant notamment des rangs de l'extrême droite, étaient partis prêter main-forte aux phalanges chrétiennes de Kataëb. Ce fut le cas de façon plus marginale dans les années 1990 dans les milices pro-croates lors du conflit des Balkans. A suivre.