Il y a toujours du nouveau du côté de l'Agora : le tout dernier film de Clint Eastwood sera à l'affiche, les deux prochains jours. Un film qui se démarque des autres œuvres du comédien-réalisateur, Sur la route de Madison, Million dollar baby, Mystic river et nous en passons... Traité comme un film de guerre, un peu dans la même optique, que Steven Spielberg dans Il faut sauver le soldat Rayan, American sniper est l'histoire d'un tireur d'élite des Navy Seal, Chris Kyle, envoyé en Irak dans un seul but: protéger ses camarades. Sa précision «chirurgicale» sauve d'innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de «La Légende». Cependant, sa réputation se répand au-delà des lignes ennemies si bien que sa tête est mise à prix et qu'il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l'angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s'imposant ainsi comme l'incarnation vivante de la devise des Seal : «Pas de quartier!». Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu'il ne parvient pas à retrouver une vie normale. Patriotique, trop, selon certaines critiques, American sniper suscite la controverse. Avec sa mise en scène réaliste, parfois insoutenable, le cinéaste dénonce pourtant toutes les horreurs de la guerre. Et si le sens du film est incertain, ouvert, en débat, sa virtuosité dans la mise en scène est indiscutable. Eastwood allie la limpidité de découpage à l'ancienne à la puissance de feu de la technologie contemporaine. American sniper se résout, pourtant, à un schématisme qui a montré ses limites à de nombreuses reprises, mais une mélancolie en sourdine infuse peu à peu le terrain de l'hagiographie. Un film qui, bien que nominé dans plusieurs catégories des Oscars 2015, n'a décroché que l'Oscar du meilleur montage sonore.