Par S. E. Laura BAEZA* Convaincue que son partenariat avec la Tunisie revêt une extrême importance, l'UE tient à approfondir ses relations avec celle-ci. Au cours des dix dernières années, notre partenariat avec la Tunisie a été mené dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV), laquelle a constitué la base de notre coopération avec les pays situés autour des frontières de l'UE. Cependant, la PEV n'a pas toujours réussi à apporter des réponses adéquates aux aspirations changeantes de nos partenaires. Aussi, les intérêts de l'UE n'ont-ils pas été pleinement servis non plus. C'est pour cette raison que l'UE a lancé un réexamen profond de cette politique. La Haute Représentante pour la politique extérieure et de sécurité de l'UE, Mme Federica Mogherini, et le Commissaire européen chargé de la Politique de voisinage, Johannes Hahn, ont lancé une consultation de quatre mois avec l'ensemble de nos partenaires. Dans ce réexamen, ils proposent de se pencher sur quatre points principaux : 1) Que pouvons-nous faire pour aller vers plus de différenciation dans notre manière de travailler avec nos partenaires? A l'est, certains partenaires se sont engagés dans des accords d'association et dans des accords commerciaux approfondis, et bien que l'étendue de ces accords ne soit pas encore épuisée, ils aspirent déjà à plus. Au sud, nous avons des partenaires qui veulent également travailler avec nous dans le cadre d'accords très exigeants. Par ailleurs, nous avons une panoplie de partenaires, aussi bien à l'est qu'au sud, qui souhaitent travailler avec nous de manière différenciée. De surcroît, nous devons trouver la manière adéquate de travailler avec les voisins de nos voisins. 2) Cela nous amène à la question de l'appropriation. Nous ne tirerons aucun avantage de cette politique si elle n'est pas fondée sur un partenariat choisi par les deux parties, un partenariat d'égal à égal. La nouvelle PEV doit refléter les vues et l'expérience de nos partenaires. Ainsi, nous devons nous concentrer sur les domaines qui présentent des intérêts communs pour les deux parties. Pour que nos partenaires s'approprient cette politique, nous devons œuvrer davantage à réaliser des résultats visibles qui apportent des avantages concrets à leurs populations. Les peuples veulent des résultats en peu de temps pour se rendre compte qu'une politique a été fructueuse. 3) Le troisième point concerne l'orientation: pour ceux qui le souhaitent, et qui en ont les moyens, nous devons poursuivre une coopération à vaste échelle en les aidant à s'aligner sur les normes de l'UE. Mais, pour les pays qui ne le peuvent pas, ou qui ne souhaitent pas approfondir leur engagement avec nous, explorons d'autres formats de coopération. Le commerce et la mobilité sont des points focaux classiques: il faudrait que l'on reconsidère certains secteurs qui ont été en quelque sorte négligés jusqu'à présent comme l'énergie (aussi bien notre énergie que celle de nos partenaires) et les menaces à la sécurité liées au terrorisme et au crime organisé. 4) Enfin, nous devons être plus flexibles. Cela signifie être capable de réagir aux conjonctures fluctuantes et aux crises lorsqu'elles surgissent. Il s'agissait là de quelques idées que vous pouvez trouver dans le Document de consultation désormais disponible sur le site web de la Délégation. Nous tenons à mener cette consultation le plus largement possible afin de concevoir une politique véritablement adaptée aux objectifs recherchés. D'aucuns se demanderaient si tout ce dialogue sur la poursuite des intérêts signifie que nous sommes en train d'abandonner nos valeurs. La réponse est clairement : non. La promotion de la démocratie, des droits de l'Homme et de l'Etat de droit est une caractéristique déterminante de l'UE. Je suis convaincue que les valeurs qui fondent l'UE servent également les intérêts propres de la Tunisie. Je vous donne un exemple: l'Etat de droit est une donnée clé qui attire les investissements étrangers. Une justice indépendante et exempte de corruption n'est pas seulement une valeur en soi mais c'est également un facteur clé du développement économique d'un pays, un facteur indispensable à la création d'un environnement propice à la croissance. Ne nous méprenons pas: notre bien-être actuel et futur est étroitement lié aux conditions qui prévalent dans la région. Atteindre le plein potentiel de nos relations avec la Tunisie et établir des relations encore plus solides rendront nos pays plus sûrs et en feront des endroits où il fait bon vivre.