Les décideurs, chefs d'entreprise et autres acteurs font souvent l'éloge de la croissance verte, mais les actions concrètes restent rares. On peut d'ailleurs s'étonner que, même dans l'agriculture, la plupart des pays de l'Ocde n'aient pas encore de stratégie sérieuse. D'après l'ouvrage Moyens d'action au service de la croissance verte en agriculture, l'infiniment petit pourrait venir à la rescousse. Les nanotechnologies, qui emploient des matériaux à l'échelle nanométrique (environ un milliardième de mètre), sont porteuses d'innovations potentiellement révolutionnaires dans différents secteurs, dont l'agriculture et l'alimentation. En l'occurrence, les avancées promettent de favoriser une croissance verte en aidant à accroître la productivité, à mieux utiliser les ressources, à réduire les pertes après récolte, à améliorer la qualité des produits et à renforcer la compétitivité des agriculteurs. Les nanotechnologies sont susceptibles de bénéficier à l'agroalimentaire dans plusieurs domaines, notamment la production durable, la santé des végétaux et des animaux, la transformation et l'emballage des aliments, et la réduction des incidences des activités agricoles sur l'environnement. Les investissements augmentent dans plusieurs pays (Australie, Canada, Chili, Corée, Etats-Unis, Japon, Mexique, Nouvelle-Zélande, Suisse et membres de l'Union européenne), et un large éventail d'applications des nanotechnologies est en cours de développement et de commercialisation. Cette évolution a néanmoins d'éventuels inconvénients. Les nanotechnologies pourraient constituer une source de pollution particulière, peut-être plus difficile à traiter que les pollutions habituelles. Une étude sur les nanopesticides utilisés pour traiter les poires a ainsi montré qu'ils pénétraient plus facilement dans les fruits que les pesticides ordinaires. Nous devons approfondir nos connaissances sur les effets des nanomatériaux sur la santé et l'environnement pour que la réglementation ne soit pas dépassée par les avancées rapides des nanotechnologies. Du point de vue de la croissance verte, ces inconvénients montrent qu'il importe d'évaluer les incidences des nanotechnologies, en prenant en considération toute la gamme des implications économiques, environnementales et sociales, aujourd'hui et demain, à l'échelle des cycles de vie.