Après une première mi-temps insipide, le CAB n'a pas laissé traîner les choses… Un match de début de saison par une chaleur à la limite du supportable est généralement synonyme de petit football. Ce ne fut heureusement pas le cas au «15-Octobre». On a en effet assisté à un match entre Cabistes et Clubistes d'un niveau largement au-dessus de la moyenne. D'ailleurs, les débats étaient engagés d'entrée et le ton était vite donné. Toutefois, la concrétisation a mis du temps à venir, à l'image du rythme de jeu qui est allé crescendo. La rencontre aurait pu prendre une tout autre tournure si le demi de couloir droit Amor Laouini n'avait pas gâché cette occasion à la 3e lorsqu'il se présenta seul devant Nefzi. Jouant avec un seul attaquant en pointe, H. Ben Salem, les camarades de Ben Mustapha avaient du mal, en cette 1ère période, à percer le rideau défensif adverse. Prudence En effet, en évoluant en 4-3-2-1, le CAB n'a qu'en de rares fois mis le CA en difficulté. La stratégie de l'entraîneur Buscher était très prudente lors des 45 minutes initiales. «Nous ne pouvons nous hasarder dès le départ. Par respect pour l'adversaire qui reste une grande équipe, nous étions tenus de prendre les précautions nécessaires», devait affirmer le coach bizertin pour justifier cette façon de procéder tout au long du temps initial. On a ainsi vu une surcharge au niveau de l'entrejeu. Pas moins de cinq milieux, en l'occurrence H. Baratli, M. Ouertani, A. Laouini, Buscher et M. Slama se sont souciés beaucoup plus de contrer leurs vis-à-vis que de se hasarder un peu plus devant. Seul Laouini a osé en début de match harceler la défense clubiste et à un degré moindre Michaël Buscher. Il a fallu se rabattre avec les minutes qui passaient sur les coups de pied arrêtés pour amener le danger, exécutés par le Français du CAB aux 16' et 22' notamment. En face, on n'a pas fait mieux, puisque Sellami en a fait de même aux 11' et 15'. Puis on a usé d'un côté comme de l'autre de longs centres exploités ou repoussés tant bien que mal. Les milieux cabistes Baratli, Ouertani, Slama et les Clubistes Aouadhi, Hmam, Melliti se sont bien neutralisés à l'entrejeu. Un peu plus devant, Buscher du CAB et Sellami du CA ont essayé chacun d'alimenter ses coéquipiers en phase offensive en bons ballons. Et les deux équipes pouvaient à tout moment profiter de la moindre faute adverse pour marquer. On a cru au but lorsque le latéral gauche, Jaziri, manquait d'un cheveu l'ouverture du score suite à ce coup franc de Buscher (33'). Cette nouvelle alerte devant les bois de Nefzi a «poussé» les Clubistes à fournir un effort supplémentaire en attaque. Après un premier essai de Sellami sur coup de pied arrêté (encore) à la 39', le CA exploite une énorme erreur de marquage pour mettre le ballon au fond des filets de Ben Mustapha par l'intermédiaire de H. Hmam (41'), sur passe judicieuse de Dhaouadi. La réussite a basculé du côté des camarades de Akrout, à la forme un peu juste par ailleurs. Réveil tonitruant Face à cette incapacité des Bizertins à prendre en défaut l'arrière-garde visiteuse, pourtant prenable, le staff technique a effectué dès la reprise deux changements qui ont métamorphosé totalement l'équipe nordiste. L'attaquant W. Jabbari remplace un pivot, Ouertani, et F. Hmizi prend la place de Michaël Buscher. L'intention de Buscher, l'entraîneur, est on ne peut plus claire : l'attaque à outrance. Ce coaching a apporté immédiatement du nouveau sur l'aire de jeu et au tableau d'affichage. Dès la première minute du second half, le CAB obtient un corner, Hmizi passe à Jabbari, celui-ci centre vers Ben Sallem, à l'affût, qui trompe de la tête Nefzi (46'). Les coéquipiers de Baratli entrent alors dans une phase euphorique, dominant outrageusement leurs adversaires. Les actions se multiplient et les occasions de but aussi. Le danger est resté permanent devant le gardien Nefzi grâce à un Wajdi Jabbari, époustouflant, au four et au moulin, se déjouant de plus en plus aisément d'abord des milieux clubistes puis des défenseurs A. Ben Amor, Souissi et Ifa particulièrement. D'ailleurs, le 2e but, celui de la victoire, est venu à la suite d'un long centre de Karim Ben Amor vers Ben Salem qui lobe intelligemment Adel Nefzi sorti à sa rencontre, après que l'axe central eut été pris de vitesse. Le coach François Bracci n'en revenait pas à l'issue du match : «Je suis très déçu. Nous avons réussi à marquer un but et nous n'avons pas su gérer en 2e mi-temps notre acquis. Nous encaissons deux buts sur des fautes d'inattention, voire primaires». Et d'ajouter, concernant cette défaite : «L'entrejeu n'a pas eu le rôle que j'attendais de lui. L'absence de W. Ben Yahia et le départ d'Alexis ont laissé à cette occasion un grand vide. Je félicite toutefois l'équipe du CAB pour cette victoire». On veut bien croire les arguments de l'entraîneur du CA mais le mérite revient tout d'abord à cette jeune équipe cabiste qui a su prendre la mesure de son adversaire, le submergeant en deuxième mi-temps grâce à une fraîcheur physique au point et aux qualités techniques de Baratli, Jabbari, Ben Salem, Hmizi, Mbarki et autre Jaziri. Le latéral droit a impressionné par ses montées incessantes, alors que l'excentré gauche a retrouvé sa forme du début de la saison passée. La note aurait pu être plus lourde si Laouini, hors du coup sur le plan offensif, avait su exploiter ce ballon de Hmizi qui a rasé le poteau gauche de Nefzi avant de revenir dans le jeu. Nous passerons sous silence la faute sur Ben Salem dans la zone interdite ignorée par l'arbitre . Au CAB, il faut préserver tous ces jeunes des blessures et des convoitises. Quand on a sur le banc des remplaçants comme Hmizi, Jabbari, Hadj Mabrouk, Dabo, Antar, Ben Romdhane, Ouaddhour, il y a de quoi envisager l'avenir avec sérénité. Au CA,il y a du pain sur la planche.