Dans le cadre du «before» de Jazz à Carthage, une projection de vidéos inédites aimablement communiquées par le guitariste. Quelques jours avant le coup d'envoi de la 10e édition de Jazz à Carthage, l'organisation nous a mis, les 3 et 4 avril à l'Agora, dans le bain et en appétit avec un «before». Un avant-propos fait d'une exposition photographique intitulée «Les couleurs Jazz», signée Mehdi Harzallah et Andrea Rotili, deux concerts : celui du Quintet de jazz du Conservatoire Darius Milhaud et du collectif Jazz club de Tunis, et d'une projection/conférence sur Carlos Santana et la scène jazz dirigée par Michel Delorme, avec le soutien de l'Institut Français de Tunisie. Le Français Michel Delorme est un critique et un amoureux de jazz, installé à Nabeul. Il tombe dans le jazz en 1950, mais avant cela, c'est surtout de la musique classique qu'il écoutait, ce qu'il fait toujours assidûment. Il entame une carrière de journaliste de jazz en 1962 avec une série de cinq interviews : John Coltrane, Sonny Rollins, Thelonious Monk, Art Blakey, Duke Ellington. Excusez du peu ! Il rejoint la rédaction de Jazz Hot où il publie articles, interviews, comptes rendus. En 1968, il est élu meilleur critique de jazz français par les lecteurs de la revue. Dans le cadre de sa fonction de directeur artistique, jazz et variétés internationales qu'il occupe en 1967 dans le studio Pathé Marconi/EMI, il supervise quelques séances d'enregistrement, comme Slide Hampton Live in Paris, Joachim Kühn/Michel Portal Our Meanings and Our Feelings, etc. Il quitte EMI en 1970 pour occuper les mêmes fonctions chez CBS, qui deviendra Sony Music. En 1979, il quitte Paris pour diriger la promotion et la communication sur la Région Provence Alpes-Côte d'Azur. Il se retire en 1990, continuant ses activités de critique de jazz, notamment et depuis quelque temps sur le Site de Culture jazz, où il a publié ses comptes rendus des Festivals de Jazz français et de Carthage 2012, 2013 et 2014. En Tunisie, il a donné des conférences à Ennejma Ezzahra et a participé à des émissions de radio et de télévision. Au cours de toutes ces années, il a été amené à fréquenter beaucoup d'artistes, dont certains deviendront des amis fidèles : Carlos Santana, Wayne Shorter, John McLaughlin et les regrettés Miles Davis, John Coltrane ou Claude Nougaro. Au début des années 2000, il s'investit dans l'édition en Europe et aux Etats-Unis de ses interviews ( celle de Coltrane en 62 est considérée comme la plus grande interview du musicien par la revue U S Jazz Times) et dans les documentaires télévision (John Coltrane, L'Eglise St John Coltrane de San Francisco, Wayne Shorter) pour Canal +, Mezzo et Arte. Ses goûts musicaux vont de Wayne Shorter («un génie», dit-il ), à Milton Nascimento, Bob Marley, Jimi Hendrix, Marvin Gaye, Farid El Atrach, Santana, Elton John, Gustav Mahler. Santana, nous a présenté, dans le cadre du «before» de Jazz à Carthage, une projection de vidéos inédites aimablement communiquées par le guitariste. Santana et la scène du jazz La conférence, qui malheureusement n'a pas drainé grand monde à L'Agora, a pris des allures conviviales et c'était l'occasion de vivre, à travers la sélection de vidéos (live et répétition) de Delorme, des rencontres musicales inédites entre le guitariste Santana et des grands noms du jazz, à l'instar de Gato Barbieri (1976, Europa), avec Miles Devis (1986, Burn), Wayne Shorter (1988, Psalm/Mandela et 2004, Apache), Pat Metheney (1991, Peace on earth), John McLaughlin (1993, Light at the edge of world) et Pharoa Sanders (1997, Light at the edge of world). Entre chaque projection, le conférencier prend la peine de nous décrire les rencontres, leurs cadres et autres circonstances, mais également des précisions sur les musiciens et leurs carrières. On apprend, par exemple, que le saxophoniste Pharoa Sanders avait joué avec Coltrane (pour le dépasser même après, précise ce dernier). Que Santana a été initié au jazz grâce à son batteur. A la fin, on a eu droit à un enregistrement vidéo de la répétition du concert Supernatural live à Los Angeles. Beaucoup de lyrisme et une flagrante entente musicale et admiration entre Santana et Sanders à travers le titre Apache.