Salma Elloumi Rekik a présenté hier son programme d'action et les mesures urgentes prises en faveur du tourisme tunisien. La ministre a, également, annoncé un plan d'urgence spécifique pour sauver la saison 2015 L'attentat du Bardo a porté un coup dur au tourisme tunisien, secteur déjà malade depuis janvier 2011. Les conséquences de cet acte terroriste ont été immédiatement ressenties par le secteur. Les chiffres sont on ne peut plus clairs, avec des annulations de réservations, environ 3.000. Professionnels et administration sont conscients qu'il faudrait agir vite, d'autant plus que la haute saison est aux portes du pays. Partant, l'exercice d'élaboration des priorités et des mesures urgentes était encore plus difficile pour Salma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme. Elle avait, en effet, un exercice supplémentaire, celui de mettre au point un plan d'action spécifique, pour promouvoir le tourisme tunisien après l'attentat du Bardo. Et, à entendre la ministre, le principal message du plan d'action promotionnel, marketing et de relations publiques est fortement basé sur la notion de « sécurité ». « Après l'attentat du Bardo, nous avons tenu des réunions avec le ministère de l'Intérieur afin de mettre en place des mesures urgentes pour consolider la sécurité au niveau des établissements touristiques, des sites archéologiques, du transport des touristes et des circuits touristiques », a-t-elle indiqué. Un programme spécifique à l'après-Bardo Les réunions se sont soldées par quatre grandes mesures. Il s'agit d'abord de réactiver les comités régionaux de contrôle de la sécurité propre aux établissements touristiques et d'assurer un suivi bihebdomadaire à travers le comité national. Ensuite, il a été décidé d'exonérer le matériel de sécurité, entre autres les scanners, placés à l'entrée des hôtels, des droits de douane. Par ailleurs, il a été convenu avec le ministère de l'Intérieur de consolider la sécurité afin de réussir le pèlerinage de la Ghriba. Enfin, et toujours dans le volet sécuritaire, une coordination entre les forces de l'ordre et les agents de voyage serait assurée afin de limiter et définir les circuits touristiques sécurisés. « Lors de mon déplacement à Paris, pour deux jours, avec les professionnels du secteur, nous avons informé nos partenaires, tour-opérateurs et voyagistes, de l'ensemble des mesures sécuritaires prises. Le message essentiel était justement de rassurer nos partenaires sur les marchés émetteurs », a déclaré Salma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme. Et la Tunisie ne s'arrêtera pas à ce niveau. La ministre a annoncé le démarrage d'une campagne diplomatique de haut niveau. Elle sera dirigée par des membres des ministères du Tourisme, de l'Intérieur et des Affaires étrangères ainsi que des professionnels du tourisme qui sillonneront les principaux marchés émetteurs de la destination afin de rassurer les clients quant à la situation sécuritaire et inviter des TO influents à visiter la Tunisie pour s'en assurer par eux-mêmes ». A cet effet, plusieurs congrès internationaux seront organisés en Tunisie, dans les mois qui viennent. Il s'agit notamment d'un congrès international, en collaboration avec l'Organisation mondiale du tourisme, qui réunira les principales chaînes médiatiques spécialisées dans le tourisme ; le congrès annuel du Nouvel Observateur... Dans le même ordre d'idées, la promotion, le marketing et les relations publiques demeurent un élément fondamental de la stratégie de promotion de la destination Tunisie. A ce tire, il sera procédé à une grande campagne publicitaire qui démarrera le 12 avril et qui sera portée par des personnalités influentes sur chaque marché. Objectif : rétablir la confiance des touristes et des voyagistes dans la destination Tunisie. Sans compter que l'administration du tourisme a décidé de soutenir les TO au niveau de l'aérien afin de maintenir leur programme sur la Tunisie. Le volet sécuritaire est certes important pour rassurer les touristes et les inciter à visiter notre pays. Mais, cette séduction passe aussi par la propreté de l'environnement, la qualité de la vie ainsi que la qualité des services. A ce titre, il a été décidé d'augmenter le budget consacré au Fonds de protection des zones touristiques, qui passera de 7 MD à 10 MD, et ce au profit de 40 municipalités touristiques. Un budget qui sera réservé, selon la ministre, à l'acquisition de matériel et à la contribution au financement de projets d'embellissement des villes touristiques, à l'instar d'espaces verts à l'entrée des villes et l'éclairage des circuits touristiques. Réussir la saison touristique D'un autre côté, il a été décidé, en commun accord avec le ministre des Transports, d'installer un système qualité totale à l'intérieur de l'ensemble des aéroports. Pour ce faire, une commission permanente mixte a été mise en place et a démarré son travail à l'aéroport international de Carthage, pour l'élargir par la suite au reste des aéroports. Outre le programme spécifique relatif à l'après-Bardo, la ministre a présenté les priorités, le programme d'action et les mesures urgentes pour les 100 premiers jours du gouvernement. Des priorités, a-t-elle avoué, qui restent tributaires de facteurs extérieurs. Il s'agit notamment de la situation en Libye, dont l'impact sur la Tunisie est plus qu'évident d'autant plus que plusieurs ministères d'Affaires étrangères européens placent la zone au « rouge ». Sans compter la situation environnementale parfois catastrophique et qui risque de brusquer les touristes. Cependant, cela n'empêche pas la ministre de fixer des priorités et de travailler à les concrétiser. Les priorités et mesures urgentes de Salma Elloumi Rekik se résument en cinq points. D'abord, et dans le cadre de la diversification du produit touristique, il a été décidé d'examiner la possibilité d'autoriser la création de gites ruraux et d'espaces d'animation touristique à l'intérieur sans recourir au changement de la nature des terres agricoles concernées. A ce titre, un projet de loi a été élaboré et sera très prochainement présenté à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Ensuite, il a été décidé d'accorder des facilités bancaires saisonnières aux professionnels du tourisme, à l'instar des secteurs de l'agriculture, de l'industrie, pour les inciter à entretenir leur unité et améliorer par là même la qualité des services. Autre mesure urgente pour le secteur touristique, la prise en charge par l'Etat de la charge patronale redevable à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), des agences de voyages établies à Tozeur et à Kebili, pour régler leur dette cumulée entre 1999 et 2008, et qui s'élève à hauteur de 1,2 MD. Par ailleurs, il a été décidé de valider le plan d'aménagement relatif à la zone touristique « Fej alatlal », dans la région d'Aïn Drahem en vue de promouvoir l'investissement et d'inciter les promoteurs à s'intéresser au site. Enfin, intégrer l'open sky au niveau des aéroports d'Enfidha et de Monastir qui enregistrent une baisse de leur activité et inciter le ministère des Transports à accélérer l'octroi d'autorisations à des transporteurs aériens en vue de renforcer le flux touristique vers la destination Tunisie. L'ensemble des priorités et des mesures urgentes décidées par la ministre du Tourisme seront mises en place parallèlement à la poursuite de la stratégie de développement du secteur touristique, en l'occurrence « la vision 3+1 », entamée avec sa prédécesseure et qui englobe la restructuration du secteur touristique.