Les artistes plasticiens multiplient les rencontres et les colloques dans les différentes régions du pays pour mettre en valeur leur secteur et lui donner l'impulsion nécessaire à même de le tirer vers le haut. Au terme de deux journées d'étude sur le thème «Fondation et législation en arts plastiques» organisées les 25 et 26 avril dernier à Mahdia, à l'initiative de la Délégation régionale à la culture de la région et de la Ligue tunisienne des arts plastiques, les participants ont réussi à cerner les problèmes liés à la législation de leur secteur et à proposer des solutions pour faire avancer les arts plastiques sur la bonne voie. Les participants à ce colloque ont appelé à l'amendement du décret 732 de l'année 1989 relatif à la Commission d'achat dont la composition est devenue obsolète surtout que certaines institutions n'y sont plus représentées à l'instar du ministère du Plan et l'Institut technologique des arts et de l'architecture. Certaines associations d'arts plastiques comme la Ligue tunisienne des arts plastiques, nées après la révolution et les écoles des beaux-arts dont le nombre a augmenté notamment dans les régions du pays sont privées de représentants dans cette commission. Révision de la Commission d'achat Selon Brahim Azzabi, secrétaire général de la Ligue tunisienne des arts plastiques, l'amendement du statut de la commission d'achat doit répondre aux exigences des artistes et la composition de la commission doit être représentative de toutes les associations. L'achat doit se faire selon les besoins et non de manière arbitraire. Pour sa part, le galeriste et artiste Mohamed El Ayeb propose la décentralisation de la Commission d'achat qui est, actuellement, le seul acquis des plasticiens. L'idée générale est de développer les conseils culturels régionaux en organisant deux ou trois commissions dans le nord-ouest, le nord-est et le sud. Quant à la représentation de ces commissions, elle peut s'ouvrir à d'autres professions artistiques comme l'archéologie, la littérature, le théâtre ou le cinéma. A qui profite le 1% ? Par ailleurs, les intervenants ont insisté sur la réactivation de la loi du 1% notamment son application. Mounir El Bakay, directeur des Affaires juridiques au ministère de l'Equipement, a souligné dans son intervention intitulée «La question du 1% et sa reconsidération sur le plan juridique» que ce sont les décorateurs qui profitent le plus de cette loi et non pas les plasticiens qui ne disposent pas de patente. Cette loi du 1% autorise le prélèvement sur le capital des institutions publiques pour promouvoir la création artistique avec une œuvre intégrée. Wissem Gharsallah, secrétaire général de l'Union des plasticiens tunisiens, a fait appel dans les dix points proposés dans sa communication «Quelle législation voulons-nous?» à ce que cette loi soit appliquée pour permettre de développer le marché de travail des artistes plasticiens. Il a également recommandé de mettre en œuvre un train de mesures législatives pour la rationalisation du secteur des arts plastiques et notamment la protection du patrimoine pictural. La législation ne suffit pas Pour sa part, Sami Ben Ameur, universitaire et artiste, a mis l'accent, dans son intervention «La législation ne suffit pas», sur l'application des lois qui doivent faire partie d'une culture liée à une stratégie d'ensemble. D'autres intervenants ont abondé dans le même sens. Par ailleurs, d'autres questions liées aux droits d'auteur, et à la place de l'artiste sur la scène culturelle ont été abordées par les participants. La plasticienne Soundes Rawine a traité du thème de la crise de la culture visuelle entre la créativité et les conflits administratifs, Mohamed Selmi, conseiller juridique représentant de l'Organisme tunisien de protection des droits d'auteur, a présenté un éclairage sur le pourcentage de droits des plasticiens dans le cadre régissant la protection des droits d'auteurs insistant sur le fait que les artistes plasticiens sont quasi absents de ce cadre. Mohamed Mondher Kahlaoui, architecte, s'est interrogé sur la présence des artistes plasticiens dans les projets urbanistiques. Selon lui, leur présence est quasi inexistante. Au cours de la dernière séance, Faouzi Frigui, directeur général de la direction des bâtiments publics, a exhorté les intéressés à l'amendement de la loi du 1% qui offre plus d'opportunités aux décorateurs qu'aux plasticiens. Quant à Khélil Gouiaâ, président de la Ligue tunisienne des arts plastiques, a appelé à une révolution législative. A la fin des travaux, un hommage a été rendu aux artistes Sana Jemmali, Bady Chouchane et notre confrère Bady Ben Naceur à qui l'écrivain Hassouna Mosbahi a consacré un texte émouvant.