Personne, aujourd'hui, ne peut nier que derrière le secteur du commerce anarchique dans les villes du pays et, plus particulièrement, à Tunis se cachent de nombreux lobbies et une structure quasi mafieuse. La présence du commerce anarchique s'est tellement amplifiée qu'elle a atteint le seuil de l'insupportable et menace de façon directe l'économie du pays. Les commerçants installés de façon légale éprouvent toutes les difficultés du monde à s'en sortir. Certains se sont mis, eux aussi, dans le commerce anarchique pour préserver un tant soit peu leurs activités. Le bras de fer engagé depuis des années n'a pas suffi à endiguer ce fléau. On voit, même, que le nombre de ces individus ne cesse d'augmenter et les espaces occupés sont de plus en plus nombreux. Tous les endroits fréquentés par les passants sont devenus une cible de ces étals incontrôlés. Appliquer la loi Les règles les plus élémentaires ne sont pas respectées. Ces gens se sont transformés en maîtres absolus des lieux et refusent de se laisser faire. Leur détermination est grande puisqu'ils ont décidé de protester jeudi dernier devant le gouvernorat de Tunis. Ils prétendent être dans leur droit et que c'est, pour eux, le seul moyen de subsistance. Après les actions courageuses et très souhaitées par les Tunisois et les riverains, qui ont consisté à nettoyer certaines zones de la capitale, ces vendeurs anarchiques ont voulu montrer leur force et imposer leur diktat sous divers prétextes. L'intervention vigoureuse de la municipalité dans les places Mongi Bali, Barcelone et rue des Salines-Avenue de Londres a été mal acceptée par les personnes concernées. Ou du moins par ceux qui les manipulent. Dans le cortège des protestants devant le gouvernorat, le message était direct : les manifestants veulent revenir à « leurs espaces ». Des menaces de recours à la violence ont, même, été proférées. Le Conseil régional du gouvernorat de Tunis, en collaboration avec la municipalité de Tunis et le ministère de l'Intérieur, notamment, ainsi que les services sociaux concernés sont appelés à prendre les mesures qui s'imposent sans se plier aux exigences de certaines parties impliquées de près ou de loin dans les circuits parallèles et l'économie souterraine. Les enjeux sont énormes car il est temps de trancher dans ce dossier qui traîne depuis plusieurs années. Les vendeurs jouent au chat et à la souris avec les services municipaux. Des profiteurs se sont infiltrés. On trouve, comme l'ont dit des responsables, des personnes recherchées par la justice parmi ces gens qui cherchent à s'assurer un « revenu ». Il ne s'agit plus, maintenant, d'un revenu mais d'une manne. Plusieurs étals sont la propriété d'une seule personne ou de toute une famille ou un clan. Certains imposent leur loi aux autres. Dossiers à étudier Toutes les pratiques sont permises et les conflits de promiscuité sont érigés en règle de conduite. C'est vrai que pour les autorités, c'est devenu un casse-tête chinois. Et s'en prendre à ce phénomène demande une grande habileté et une grande connaissance de la situation. Plus de 500 (d'autres statistiques parlent de 700 ou 800) commerçants concernés doivent faire l'objet d'un recensement objectif, neutre et impartial. Tous ceux qui exercent dans ce secteur doivent être répertoriés avec une étude sociale de leurs dossiers. Les autorités compétentes sont tenues de trouver une sortie. Ce qui ne veut nullement dire que c'est l'Etat qui doit les dédommager ou les recaser. Il y a, uniquement, un rôle d'organisation, d'encadrement et d'orientation. Ces gens gagnent assez bien leur vie d'après ce que tout le monde peut remarquer. Il y a, il est vrai, des personnes qui n'ont pas de ressources et qu'il faut prendre en main en leur proposant des situations de rechange. Apparemment, ces marchands ne sont pas prêts à engager des discussions. Aussi est-il nécessaire de recourir à des canaux plus complexes pour leur faire entendre raison et à leur faire comprendre qu'il y a des lois et des règles que tout le monde doit respecter. Tunis ne peut pas être prise en otage. Ni l'espace de l'avenue de Carthage. Il faut dire, une fois pour toutes, que ce lieu ne peut en aucun cas se transformer en commerces. Sa situation le prédestine à devenir espace culturel ou de loisirs. A quelques pas de là, n'y a-t-il pas le Théâtre municipal de la Ville de Tunis? N'y avait-il pas la salle de cinéma Le Palmarium et sur ce lieu-même n'y avait-il pas la STD (haut lieu des livres) ?