Autour de l'apprentissage des droits humains aux jeunes, deux ONG expérimentent une approche participative et ludique... Depuis lundi dernier et jusqu'à aujourd'hui, a lieu à Tunis une formation qui cible des «jeunes leaders des droits humains». Ils sont Tunisiens mais aussi Marocains et Egyptiens et ils sont impliqués, depuis 2012, dans un programme baptisé «Mosharka». Il s'agit d'un programme qui, selon les termes des organisateurs, «est conçu pour aider les jeunes à renforcer leur leadership et à s'engager avec les décideurs locaux et les autorités nationales pour promouvoir le respect de leurs droits et favoriser le développement économique et social». Ce programme est parrainé par le Centre international d'éducation aux droits humains Equitas, ONG canadienne, qui a un partenaire en Tunisie, à savoir l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd). C'est à l'occasion de cette formation qu'une conférence de presse a été organisée hier et que les jeunes en cours de formation ont présenté aussi une illustration de leurs apprentissages : un triangle est formé sur le sol à l'aide d'une bande collante. Sur chaque côté du triangle se tient une équipe de cinq jeunes, épaule contre épaule, et il leur est demandé à tous de passer rapidement d'un côté à un autre du triangle. Ce qui, fatalement, va donner lieu à une belle bousculade. Le but du jeu est que l'équipe se retrouve la première au complet, sur son côté d'arrivée... Mais, dans un autre sens du jeu, le but est de faire ensuite le bilan de ce qui s'est passé par de la discussion, de manière à apprendre certaines valeurs comme le respect de la diversité, l'inclusion, la collaboration, le respect, la responsabilité... En fait, cette formation a pour but d'aider à animer des groupes de jeunes de 6 à 12 ans, dans le cadre par exemple de camps de vacances. L'ONG Equitas met à la disposition des jeunes leaders une «trousse éducative» contenant quelque 63 jeux différents qui, chacun, répond à un besoin différent et met l'accent sur une valeur particulière parmi celles qui ont été évoquées. La chargée de programme pour la région Mena, Nadjet Bouda, explique que certains jeux peuvent même convenir à des instituteurs qui ont du mal à résoudre des problèmes liés au comportement de certains élèves... D'une façon générale, il s'agit de donner aux enfants des aptitudes en vue de résoudre eux-mêmes, et de manière pacifique, leurs problèmes. Cette trousse éducative, téléchargeable sur Internet, porte le titre «On ne joue pas avec les droits». Elle vient ainsi élargir le champ d'action et d'expériences de l'ONG canadienne qui, outre la Tunisie, le Maroc et l'Egypte, est également présente en Algérie, au Liban, en Irak et, surtout, en Jordanie où elle a noué des liens avec l'institution éducative... En Tunisie, cette relation n'est pas tout à fait inexistante mais se résume à la mise à disposition de l'Atfurd de salles de classe pour ses activités d'animation à Tunis et dans la région du Kef. Les représentants de l'ONG lancent cependant un appel aux responsables de l'éducation nationale : nous sommes partants pour faire des choses ici, déclarent-ils avec insistance ! Ce qui, comme le souligne la chargée de programme, peut couvrir la formation des instituteurs et même des directeurs d'école à cette approche participative par le jeu. Une option qui engagerait cependant quelques moyens financiers, en plus de la volonté politique, comme l'indique pour sa part le Canadien Jean-Sébastien Vallée. En Tunisie, la formation des jeunes leaders à partir de 2012 a donné lieu à une première initiative, en juin dernier, à travers des ateliers dont le but était l'insertion sociale de jeunes, au nombre de 175. Une deuxième initiative est en cours de préparation, dans la perspective des prochaines élections municipales. Elle cible les jeunes désireux de prendre leur part du débat dans le cadre de la vie politique locale.