Après avoir raté de peu sa désignation par le quartett comme candidat à la succession de Ali Larayedh, Mohamed Ennaceur vient de rejoindre Nidaa Tounès dont il sera le second personnage, en tant que Vice-président. Une nomination qui a surpris autant dans l'opposition qu'au sein de l'ex troika. Car cet ancien ministre de Bourguiba s'était présenté il y a deux mois comme personnalité indépendante, ce qui lui avait permis de devancer très nettement son principal concurrent, Ahmed Mestiri. Commentant cette nomination, Mehdi Ben Gharbia dont le parti avait soutenu la candidature de M. Ennaceur s'est dit outré par cette nomination: «Nous avons été dupés», a-t-il déclaré. Dans une interview au quotidien El Maghreb, l'ancien ministre de Bourguiba s'est dit surpris par cette réaction: «Je ne me suis pas porté candidat à la primature, ce sont les partis qui avaient proposé ma candidature. Celui de Mehdi Ben Gharbia en faisait partie avant de proposer Jalloul Ayed. Je n'ai pris aucun engagement qu'il soit moral ou politique avec ces partis pour que je leur sois comptable des décisions que je serais appelé à prendre plus tard. Malgré cela, j'avais tenu pendant les tractations à propos du choix du nouveau chef gouvernement à garder mon indépendance vis-à-vis de tous les partis». Mohamed Ennaceur a reconnu avoir été contacté par une coalition de partis et deux autres formations dont l'une a des élus à l'assemblée qui lui auraient proposé le poste de président honoraire. Il a refusé. Pourquoi a-t-il choisi Nidaa Tounès ?«Parce que je considère qu'il a réussi à forcer le respect de l'opinion publique». Nous n'avons pas évoqué les réactions au sein de ce parti. S'il est vrai que l'annonce de la désignation de Mohamed Ennaceur a été accueillie par des acclamations, il ne faut pas sous-estimer le malaise d'une partie des adhérents face au déficit démocratique au sein du mouvement, un malaise qu'il ne faut pas occulter, ni même minorer. Il est inconcevable que le parti continue à fonctionner selon la formule de Sieyès: «le pouvoir vient d'en haut, la confiance d'en-bas». Il y a certainement une discipline de parti à laquelle il faut se plier. Mais entre le centralisme démocratique à la soviétique et l'anarchie, il y a certainement une place pour un parti ouvert et démocratique. Par les idées qu'il incarne, Nidaa Tounès porte les espoirs de très nombreux Tunisiens. Il ne faut pas les désespérer surtout à quelques mois des élections. Mustapha
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