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De la révolution mentale s'imposant à nos élites
Publié dans Leaders le 12 - 02 - 2014

Sortir du dogmatisme ambiant, conformisme logique castrateur, une bienpensance devenue carrément une religion civile. Voilà la révolution mentale que nos élites, décideurs surtout, se doivent de faire urgemment.
Nous vivons encore sur des schémas dépassés, qui n'ont plus de contenu, juste une apparence trompeuse; au mieux une momie belle à voir! Tout notre appareil conceptuel est à revoir et à reprendre si l'on veut diminuer notre incapacité à résoudre nos problèmes, en atténuer l'impact que génèrent une incompréhension mutuelle et une appréhension fausse ou biaisée des réalités échappant à notre grille de lecture inopérante.
Si celle-ci est inadaptée, c'est qu'elle reste basée sur un appareil conceptuel désormais inutile ou du moins dont le ratio intérêt/désintérêt est inversé. Prenons pour illustration un sujet polémique à haute valeur symbolique, celui de la fameuse rengaine de la nécessité du crédit et de l'obligation de rembourser la dette pour être éligible à la confiance des emprunteurs.
En finir avec le conformisme logique
La sagesse populaire qui revient en force à la faveur de la postmodernité dit bien qu'on ne prête qu'aux riches; et on l'oublie souvent. Bien pis, on oublie ou fait mine d'oublier que nous sommes en Tunisie bien pauvres, à l'exception d'une minorité.
Logiquement, et c'est rationnellement imparable, si les institutions internationales, les gourous de la finance mondiale, prêtent encore à la Tunisie, c'est qu'ils prêtent en fait à ses riches, donc à sa minorité fortunée, et non à ses pauvres.
Où est donc l'intérêt de ces masses, notre pays étant «zawali», comme on dit chez nous? En bonne logique, il est dans l'attention de cette minorité fortunée à ses exigences et ses intérêts. En va-t-il ainsi? Ce n'est pas évident; et nous allons le démontrer par une illustration concrète.
Nous savons que notre pays était gouverné par une maffia qui profitait à son seul compte des richesses du pays; pour cela, elle l'a endetté fortement. On sait que la Révolution a été réalisée par le peuple essentiellement pour des raisons de justice et de dignité. Aussi, la première des mesures qui devaient être prises au lendemain de la Révolution aurait été la dénonciation de la dette de l'ancien régime. Il n'en fut rien et le pays, sous la pression de ses partenaires supposés amis, continue de rembourser cette dette ignominieuse en prenant dans la poche du peuple, notamment celle des plus pauvres qui arrivent déjà difficilement à joindre les deux bouts, à survivre même. Pourtant, la dénonciation impérative de la dette scélérate s'imposait d'un pur point de vue logique, outre ses fondements économiques. Pourquoi donc rien n'a été fait?
Pour s'en excuser, se dédouaner, on nous sort un langage tout fait, tout prêt, qui ne convainc que les convaincus; autant dire qu'il relève du Perlimpinpin, cette poudre aux vertus magiques vendue par les charlatans, comme on en voit de plus en plus dans nos rues. Or, comme la rue vit au rythme des pratiques et des mœurs cachées des palais de la République, elle ne fait que nous renvoyer ce qui se fait sous les ors et lambris de nos administrations, dans les allées feutrées du pouvoir.
On nous parle ainsi de note souveraine, de capacité d'endettement et du marché international qui serait autrement fermé à la Tunisie. Ce faisant, on inverse les réalités, en nous improvisant riches tandis que nous sommes pauvres, puisqu'on ne prête qu'aux riches,ainsi que précédemment dit en postulat.
Ensuite, on abuse d'une autre réalité qui serait la nécessité du prêteur pour l'emprunteur; or le rapport normal, logique et rationnel est la stricte équivalence de la nécessité entre les deux termes de ce rapport fondamentalement égaux en théorie, l'emprunteur étant aussi nécessaire au prêteur que l'inverse. C'est l'esprit même de la loi des contrats, base du système économique occidental, qui est la rencontre de parties égales, sinon le contrat est nul, la volonté risquant de n'être pas libre, et donc viciée.
Bien mieux, si un déséquilibre devait arriver, ce serait pour rendre le prêteur dépendant de l'emprunteur, car il est dans la position de celui qui offre un bien qui n'a de valeur que s'il est placé et pris, sinon il se dévalorise, perdant de son intérêt et même de sa raison d'être; et celle d'un prêteur n'est-elle pas de prêter son argent ? C'est que le prêt, comme un fruit, s'il n'est pas consommé, est périssable.
Voilà dans quelle imposture mentale nous continuons à vivre en faisant croire que la Tunisie, en pays emprunteur, a un besoin vital des prêteurs, et que la vie de son peuple est accrochée à une notation qui n'a que la valeur qu'on veut bien lui donner.
Des révisions déchirantes
En notre monde des apparences, tout repose sur des conventions; et celles-ci sont le pur produit de la confiance; si on ne l'a pas, il n'est plus de système! Or, aujourd'hui, cela fonctionne à sens unique, faisant dépendre la confiance du prêteur de celle de l'emprunteur. En bonne logique pourtant, c'est l'inverse qui devrait avoir lieu; la confiance du second devant primer celle dupremier, à défaut d'équivalence de confiances dans un système sain.
Prenons un autre exemple pour être parfaitement clair, celui de notre modèle économique actuel basé sur le système bancaire. On voit à quel point d'arrogance peuvent atteindre le comportement et les pratiques de certains banquiers alors que leur situation ne peut prospérer qu'à la faveur de la confiance que placent en leurs institutions leurs clients malmenés pourtant, du moment qu'ils ne sont pas de gros clients.
Imaginons un instant que cette confiance disparaisse, que les clients majoritairement de condition modeste se décident un beau jour de se révolter. Imaginons — ce qui n'est pas si extravagant que cela — que les clients des banques décident tous et tout d'un coup de retirer leurs sous, n'ayant plus confiance; c'est la chute assurée de tout le système bancaire. Cela rappelle bien des souvenirs, l'histoire de la Grande Dépression, notamment.
Faut-il se rappeler aussi, à cette occasion, ce que la grande crise du monde moderne a entraîné comme révisions déchirantes en termes de pensée politique et de décisions économiques courageuses prises par des politiciens d'envergure, à haute valeur morale; dans le cadre du New Deal, par exemple.
C'est bien clair, nous vivons une période où la confiance du peuple en ses élites continue à s'éroder, que ces élites soient nationales ou internationales; et il est temps d'arrêter notre course vers l'abîme ! Il est temps de mettre fin à cette fuite en avant menant inéluctablement vers la catastrophe assurée, comme lorsqu'on accélère en voiture face à un mur en béton ou en s'engageant sans frein sur une pente descendante.
Certes, nos gourous du monde financier et leurs complices del'univers politique se prennent pour des cascadeurs, prétendant se jouer à merveille des périls que le quidam ordinaire ne se permettrait point. Mais le temps de Prométhée est fini; nous relevons de l'époque de l'homme sans qualité, l'enfant du peuple, ce gus des rues qui donne désormais le tempo de la vie; et ce qu'on le veuille ou non. C'est la leçon première à retirer de la Révolution tunisienne faite d'abord par ses jeunes aux mains nues, aux rêves aussi vastes que le monde. Et je ne parlerais pas de leur imagination !
Il est vrai, des mains expertes sont intervenues à temps pour profiter de ce qui n'a été que l'œuvre principale de ces enfants déguenillés de notre Tunisie; mais ces acteurs de l'ombre n'ont fait que prendre le train en marche afin de tenter d'en détourner le trajet dans le sens de leurs propres intérêts. D'autres sont venus précipitamment après pour confisquer, non seulement la Révolution, mais tout le pays. Or, le peuple, lui, ne saurait jamais être confisqué; tant qu'il y aura en son sein des gens en guenilles, il sera révolutionnaire. Et ils sont légion!
Qu'on se le dise donc: la Révolution est loin d'être finie en Tunisie; qu'on ne l'oublie surtout pas! De deux choses l'une donc: ou elle est poursuivie sur le plan politique par les élites qui prendraient ainsi le relais du peuple obtenant le droit au repos du guerrier; ou c'est le peuple tunisien lui-même qui rempile grâce à ses propres enfants pour terminer l'œuvre inachevée.
On l'a bien compris, le vif souhait et la volonté déterminée de tout patriote sont que l'élite tunisienne fasse vite, tant qu'il est encore temps, sa propre révolution en collant aux désirs du peuple, cessant d'être le reflet des seuls intérêts internationaux pour incarner enfin, pour une part au moins,ceux du peuple. Cela commence par rompre avec les inepties d'un temps fini, comme celui de la libre circulation des marchandises, prioritaire à celle des créateurs des richesses que sont les humains, ou l'obligation impérative du remboursement d'une dette scélérate érigée en dogme sacré.
On le dit et on le répète à raison : la Tunisie a le devoir irrépressible d'être enfin moderne ou — comme je le répète souvent — postmoderne; ce qu'elle est déjà. Cela impose évidemment de sortir du dogmatisme et de l'intégrisme qui veulent s'y implanter, venant de pays vivant en dehors du présent, celui du sacré religieux.
Toutefois, il ne faut pas oublier que pareil impératif catégorique va de pair avec une autre inéluctabilité, celle de sortir du dogmatisme et de l'intégrisme laïques qui entendent s'y implanter durablement et qui nous viennent de nos amis, les pays capitalistes, voulant vivre en dehors du futur, contrariant le sens de l'histoire.
Ce sens est vers plus de solidarité dans un monde non plus globalisé, mais « mondianisé » (mon néologisme fait de la contraction nécessaire de monde et d'humanité), où l'humanitaire a enfin sa place éminente. Ce qui impose de commencer l'édification d'un espace de réelle démocratie, dans une aire de civilisation où les communions émotionnelles inévitables se feront autour des valeurs qui ont fait à la foisl'essence de la civilisation occidentale et celle de l'islam des Lumières bien avant elle, mais qui sont aujourd'hui foulées aux pays par ces pays eux-mêmes, aussi bien occidentaux que musulmans.
L'histoire a voulu que la Tunisie soit le premier jalon de sa marche imparable vers le futur, et rien n'arrête la marche de l'histoire; la providence y pourvoira si les hommes et les femmes — les décideurs du jour — y renâclent, ainsiqu'ils font encore bien malheureusement.
Farhat Othman


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