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Glissement accéléré du Dinar: faut – il revenir au contrôle de change ou dévaluer?
Publié dans Leaders le 20 - 07 - 2014

Le communiqué de presse No. 14/348 du FMI, daté du 16 juillet 2014 prononcé par M. Mati aux termes d'une mission du Fonds Monétaire International (FMI)1 en Tunisie, incite les autorités monétaires à continuer de reconstituer les réserves de change, en optant pour une plus grande flexibilité du taux de change. « The mission urged the authorities to continue rebuilding foreign exchange reserves, including through further exchange rate flexibility”. Ainsi, on comprend que le FMI recommande de laisser glisser le dinar, au détriment d'une intervention de la BCT pour soutenir la monnaie nationale et ce pour renflouer les réserves de change. Or, privilégier la flexibilité est synonyme de laisser déprécier le dinar, vu le décalage entre l'offre et la demande de devises d'une part et étant donné l'aggravation du déficit de la balance des paiements d'autre part. En effet, depuis la fin du premier trimestre jusqu'au 15 juillet 2014, le dinar s'est déprécié de 8,2% par rapport à l'USD et de 13,5% par rapport à l'euro.
Par déficit de la balance des paiements, on entend le déficit courant qui a atteint 4,6% du PIB au cours des cinq premiers mois de 2014 contre 3,9% pour la même période de 2013. Certes le déficit commercial est la source première du déficit courant, mais il est historiquement compensé, au moins partiellement, par la balance des services. L'objectif poursuivi ici, est de savoir quels sont les postes de la balance commerciale et de la balance des services qui font pression sur le dinar.
En réalité, si nous devons retenir un chiffre des dernières statistiques sur le commerce extérieur de l'INS sur les 6 premiers mois de 2014, c'est le taux de couverture des importations par les exportations qui a chuté de 72,1 % à 67,5% entre 2013 et 2014 (graphique 3). Une perte de 4,6 points est un déficit supplémentaire à combler et une source de financement extérieure supplémentaire à trouver.
Ce qui ramène le déficit commercial de 5553,6 MD pour le premier semestre 2013 à 6727 MD pour la même période pour 2014. Cette chute du taux de couverture est due à l'effet conjugué de la diminution des exportations et de la hausse des importations.
Quels postes de la balance des paiements font pression sur le dinar
Globalement les exportations ont régressé de 2,5% et les secteurs touchés sont : (graphique 4)
* Le secteur de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire qui a perdu plus que 31,1 %. Cette perte est due à un recul important dans les exportations de l'huile d'olive qui sont passées de 551 MD à 152 MD.
* Le secteur de l'énergie et du lubrifiant a perdu plus que 9,6 %. Cette perte est due à un important recul dans les exportations du pétrole brut qui sont passées de 1410,7 MD à 1205,4 MD, et
* Le secteur des mines et des phosphates qui a régressé de 21% et cette régression est imputée principalement au D.A.P. dont les exportations sont passés de 217,3 MD à 154,8 MD. En effet, le déficit commercial est en partie dû à la situation dans le bassin minier qui non seulement entrave le programme d'exportation mais se traduit aussi par une perte des marchés traditionnels.
Quant aux importations, elles ont progressé de 4,1%. Hormis le secteur de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire qui a régressé de 10,2%, tous les autres secteurs ont connu une croissance de leurs importations entre le premier semestre 2014 et le premier semestre 2013 (graphique 5).
L'importation d'énergie et du lubrifiant a explosé (+16%) sans pour autant générer une relance économique conséquente. Elle profite certes, à la consommation des Tunisiens mais aussi aux 2 millions de libyens qui vivent en permanence, sur le sol tunisien et à l'augmentation du prix du baril de pétrole à l'international, au moment où notre production chute2, sans oublier, l'effet de l'explosion des subventions dont bénéficie ce secteur sur le budget de l'Etat.
Les importations du secteur des textiles de l'habillement et du cuir ont augmenté à raison de 8,2%, sans pour autant s'accompagner d'une augmentation conséquente des exportations de ce même secteur. Donc, ce sont des importations qui, en majorité servent pour la consommation finale, (à classer comme des importations superflues). Il faut remarquer que seule l'augmentation des importations des produits d'équipement et des autres produits intermédiaires favoriserait l'investissement et une partie du secteur énergétique qui ne va pas à la consommation des ménages.
Nous soulignons que le déficit commercial enregistré avec la chine et avec la Turquie est devenu plus important que les déficits enregistrés avec nos partenaires traditionnels telque l'Italie ou l'Espagne3.
Les importations des produits agricoles ont explosé entre 2012 et 2013, mais cette explosion n'a pas décéléré entre 2013 et 2014 (+0,4%), ce qui signifie qu'on importe à peu près la même valeur de cette catégorie de biens (graphique 5'). Cette hausse est due à une demande additionnelle en matières de base provenant en partie des libyens qui vivent sur le sol tunisien, et pour une autre partie, acheminée vers ceux qui en profitent en raison de la prolifération justement de la contrebande et de l'exportation à travers des circuits informels.
Concernant les services, si nous comparons l'évolution des échanges de biens et services (graphique 6) par rapport à l'échange de services depuis 2010, nous remarquons l'effet «ciseau» à partir de 2010, qui montre que les importations évoluent à un rythme supérieur aux exportations par rapport aux valeurs de l'année de base (2000) et l'écart est beaucoup plus important pour les services que pour les biens. Nous remarquons une décélération au niveau du rythme des exportations des services et une accélération au niveau des importations de ces mêmes services. L'élargissement du gap, nous amène à regarder de plus près les données récentes, celles relatives aux quatre premiers mois de l'année 2014 par rapport à cette même période de 2014. Nous soulignons d'abord, la chute de la redevance gaz de 146%, sur laquelle on ne peut agir aujourd'hui. Nous soulignons par ailleurs, l'essoufflement des exportations des services touristiques qui évoluent à un rythme de +2,7% (qui avec l'élimination de l'effet change seraient en recul), qui est accompagné par une augmentation des importations à un rythme de 14,2% sur la même période. Tout en sachant que la tendance des importations des services, va en s'aggravant puisque la comparaison entre les six premiers mois de l'année 2014 et les six premiers mois de l'année 2013, selon les estimations de la BCT, portent ce taux à +25%. A défaut de revenir sur le montant de l'allocation touristique, ne faudrait-il pas mieux contrôler les tours opérateurs, en imposant des limites sur le nombre d'excursions de voyages organisés sur l'année ?
Quelles répercussions de ce glissement sur l'inflation?
Etant donné le diagnostic fait, la BCT ne peut que jongler d'une manière prudente entre la gestion du taux de change et la gestion des réserves de change. Pressée par le FMI, la BCT pourrait sacrifier le glissement du dinar en faveur de la reconstitution des réserves de change. Or, le glissement peut avoir des répercussions néfastes sur l'inflation étant donné la transmission de la variation du taux de change sur les prix (le pass-through du taux de change au prix). Certes, le pass-through du taux de change à l'indice de prix à la consommation est faible, puisque le 1/3 du panier composant cet indice est administré, mais il est beaucoup plus important quand on considère le pass-through du taux de change sur l'indice de prix à la production et sur les prix des produits importés, selon nos estimations4. Ainsi, l'impact sur l'inflation sera d'autant plus élevé qu'on baisse la compensation sur les produits administrés.
Face à ces pressions inflationnistes provenant de la dépréciation du dinar et de l'augmentation du prix de l'énergie face au désengagement progressif de l'Etat au niveau de subventions octroyées à ce secteur, la BCT ne peut qu'augmenter le taux d'intérêt directeur. « The mission welcomed the Central Bank of Tunisia's decision to increase the policy rate in view of possible inflationary pressures arising from recent minimum wage increases, electricity tariff increases, and a depreciating exchange rate. The mission recognizes the authorities' readiness to increase the policy rate further if core inflation rises rapidly or if depreciation pressures persist5 ».
La BCT est à court d'instruments. Par la hausse du taux d'intérêt, elle essaie d'envoyer des signaux pour endiguer les anticipations inflationnistes. Mais, d'un autre côté, les investissements ne seraient–ils pas découragés par ces mesures ?
Que faut-il faire ? Doit-on revenir à une forme de contrôle de change, ou dévaluer ?
La meilleure manière d'inverser la tendance de la détérioration de nos comptes extérieurs est la reprise du chemin de la croissance, la reprise du travail, la baisse de la pression sociale, l'arrêt des grèves et des revendications qui sont en train de scléroser et de miner la machine productive et par là, les exportations à commencer par le bassin minier. Le tourisme en panne ne peut reprendre que lorsque la sécurité sera rétablie (condition nécessaire et non suffisante étant donné les problèmes structurels de ce secteur). De plus, les actes terroristes vécus ces derniers jours ne sont pas pour arranger la situation.
A défaut de reprise des exportations que ce soit des biens ou des services, il faut essayer de rationaliser les importations des biens. Nous pouvons activer les clauses de sauvegarde dans le cadre des accords avec l'OMC ou en négociant avec le FMI, et qui permettent de suspendre momentanément certaines importations en cas de problèmes de balance de paiement et nous y sommes. Il nous est possible de suspendre certaines importations jugées superflues comme celles des textiles habillements et cuirs, l'importation de certains articles du secteur de l'industrie mécanique et électriques tel que l'importation de voitures de luxe. Il va de soi que les importations des produits intermédiaires et des produits d'équipement ne seront pas affectées puisqu'ils servent à l'investissement et à la production. C'est ce qu'on appelle revenir à une certaine forme de contrôle de change sur certains postes de la balance des paiements, même momentanément jusqu'à ce que la machine productive revienne à sa cadence normale.
Par ailleurs, il faut que le gouvernement intensifie son contrôle sur les circuits de distribution, puisque une partie de ces importations chèrement payées en devises emprunte des voies illégales de distribution (contrebande, passage clandestin à travers les frontières etc…).
Concernant les importations des services, sans avoir à agir sur l'allocation touristique, il faudrait contrôler les tours opérateurs quant aux nombre d'excursions organisés par an pour contenir cette augmentation des dépenses de services qui contribue à creuser le déficit de la balance des biens et des services.
A défaut de pouvoir « booster » les exportations dans le court terme, si des mesures ne sont pas prises pour réduire le gap entre l'offre et la demande de devises et réduire les déficits, notamment le déficit commercial et des services, et si le désalignement du dinar par rapport à sa valeur d'équilibre persiste, la BCT pourrait même recourir à une dévaluation.
Fatma Marrakchi Charfi
Maître de Conférences à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Spécialiste en Finance Internationale.
1) La mission du Fonds monétaire international (FMI) a séjourné à Tunis du 10 au 24 juin 2014.
2) La valeur ajoutée de ce secteur à prix constant a reculé de 7% sur le premier trimestre 2014.
3) La comparaison du déficit commercial entre le premier semestre 2014 et celui de 2013, montre qu'il est de 1335,7 MD avec la Chine, de 652,5 MD avec la Turquie et il n'est que de 530,1 MD avec l'Italie et 453,3 MD avec l'Espagne.
4) Cf : les résultats d'un article sous press.
5) IMF Announces Staff-Level Agreement with Tunisia on the Fourth Review of the Stand-By Arrangement. Press Release No. 14/348 ; July 16, 2014
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