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Régimes de change et « Guerre des monnaies » : Qu'en est-il du dinar tunisien ?
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Publié dans Le Temps le 04 - 06 - 2013

La dépréciation récente du dinar (1 euro = 2,133 dinars) a alarmé les autorités monétaires tunisiennes et suscité un vif débat au sein de la classe politique. La violence du débat est à la mesure des fortes dépréciations successives de ces dix dernières années : En effet, nous sommes passés de 1,1 dinar pour 1 euro en 2001 à 2,133 dinars pour 1 euro aujourd'hui, soit une dépréciation de plus de 50% en 12 ans.
Si certains hommes d'affaires (industrie du textile, industrie électrique ou encore le secteur du tourisme, …) se frottent les mains car une dépréciation du dinar améliorait leur compétitivité-prix et pourrait ainsi stimuler davantage leurs exportations; un vent de panique a, au contraire, soufflé sur d'autres secteurs, concentré sur le marché national, gourmand en matières premières et en technologies, très dépendant donc des fluctuations des prix et du taux de change du dinar.
Nous proposons ici de présenter succinctement, sous forme d'un tableau, les différents régimes de change afin d'éclairer le lecteur non initié aux sciences économiques sur la détermination des taux de change et la complexité du système monétaire international. Ensuite, nous montrerons comment les grands pays industrialisés se livrent à une véritable « Guerre monétaire » à coups de dévaluations compétitives. Enfin, nous analyserons les raisons de la dégradation du taux de change du dinar et ses effets sur la sphère productive.
En 2008, le FMI recensait 48 pays avec un régime de change fixe (arrimage ferme) et 60 pays avec un régime intermédiaire (arrimage souple) et 79 pays avec un régime de taux flottant. Ces derniers sont en net progrès depuis le début des années 1990.
« Guerre des monnaies »
Une mésentente profonde domine les relations internationales au sujet de la parité de leur monnaie respective. Le duel Etats-Unis - Chine mais aussi Europe - Etats-Unis ou encore Europe-Chine, sans oublier celui du Japon-Corée du sud : Chacun des pays accuse l'autre de sous-évaluer sa monnaie pour en tirer des avantages d'ordre concurrentiel. En somme, il s'agit d'une guerre économique de dimension monétaire : La dépréciation du taux de change est un outil monétaire pour gagner en termes de compétitivité-prix. Cet outil peut aider ponctuellement un pays à stimuler ses exportations et résorber ainsi son déficit commercial ! Le risque réside dans la généralisation de la même politique de dépréciation ou de dévaluation compétitive. Les Chinois sont passés maître en la matière. Les déficits commerciaux en 2010 de l'Union Européenne et des Etats-Unis avec la Chine se levaient respectivement de 168,8 milliards d'euros et 205 milliards d'euros.
Les pays riches s'empennent donc aux pays émergents, plus singulièrement la Chine, de sous-évaluer leur monnaie (intervention sur le marché de change, accumulation des réserves –voir le graphique- et hausse du taux d'intérêt) pour favoriser leurs exportations. Une telle politique monétaire est de nature aussi à limiter les importations des pays émergents auprès des pays occidentaux.
Le graphique 2 montre que les Etats-Unis usent aussi de cette arme monétaire pour booster leurs exportations. Aussi, entre janvier 2006 et janvier 2013, le dollar s'est fortement déprécié vis-à-vis des principales monnaies internationales à l'exception de la livre Sterling (7% au profit du dollar). Ainsi, nous pouvons constater une appréciation du Franc Suisse par rapport dollar de près de 43%, d'environ 37% du Yen japonais, de 30% et 11% pour respectivement le Yuan chinois et l'euro.
Le taux de change du dinar et ses effets sur la sphère productive
Sur le site de la banque centrale tunisienne (BCT) on peut lire le paragraphe suivant : « Le taux de change du dinar tunisien (TND) est déterminé sur le marché interbancaire. Dans ce cadre, les banques de la place s'échangent les devises entre elles ou avec la clientèle à des cours librement négociés. Le rôle de La Banque Centrale de Tunisie consiste à intervenir pour réguler la liquidité sur le marché en cas de déséquilibre entre l'offre et la demande des devises sur ce marché ». En clair, la BCT ajuste son taux de change de référence sur la base du taux de change moyen sur le marché interbancaire et non en fonction d'un panier fixe de monnaies. Elle intervient sur le marché de change lorsque les cotations de marché subissent des fluctuations importantes par rapport au fixing quotidien.
La BCT peut donc intervenir pour soutenir le dinar comme elle peut faire le choix de le laisser se déprécier ! En principe, pour le défendre la BCT est obligée de débourser des devises en le rachetant; voilà qui aggrave davantage nos réserves de devises! Nos réserves, le 16 mai 2013, sont de l'ordre de 10449,4 millions de dinars, soit l'équivalent de 96 jours d'importation, selon les données de la Banque centrale (voir le site).
Le professeur Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, explique la dégradation du taux de change du dinar par « (…) la très forte demande en devises durant le mois d'avril, d'un montant de 350 millions d'euros. De grandes compagnies devaient procéder à des transferts en devises de gros montants, (…) ». Sauf que les « transferts en devises de gros montants » par les grandes compagnies entre avril et juin est un phénomène habituel, chaque année. Il n'est donc pas exceptionnel à avril 2013.
La chute était, hélas, prévisible! D'ailleurs, d'ici décembre, à notre avis, elle va continuer à dégringoler pour atteindre 1 euro = 2,5 dinars. Plusieurs raisons font que notre analyse soit pessimiste : D'abord, l'absence des signes de la part du gouvernement d'une volonté politique pour juguler la violence, sans oublier le moral en berne des Tunisiens. Le manque d'attractivité de l'économie tunisienne pour les investissements directs Etrangers (IDE) à cause de l'insécurité et l'insuffisance des recettes touristiques ne font qu'alourdir la note. A cela s'ajoute le manque des transferts des Tunisiens résidents à l'étranger en raison notamment de la crise européenne qui malmène leurs pouvoirs d'achat. L'ensemble de ces facteurs se traduisent par des carences chroniques en réserve des devises. Et ce sont ces réserves qui normalement sont censées -comme nous l'avons vu plus haut- permettre à la BCT de défendre le dinar sur le marché monétaire. Malheureusement, notre institution d'émission ne dispose pas aujourd'hui de moyens ou d'armes nécessaires pour défendre notre monnaie nationale.
Les effets d'une dépréciation du dinar sur la sphère productive
La dépréciation (ou dévaluation) d'une monnaie entraîne une baisse du prix des exportations et mécaniquement une hausse de celui des importations. La courbe en J nous apprend que, dans un premier temps, la structure des échanges (c'est-à-dire les quantités échangées) restant la même, la balance courante se dégrade. Puis les changements de prix ont des effets sur les quantités exportées, qui augmentent, et sur les quantités importées, qui diminuent. Alors la balance courante s'améliore.
Hélas, trois fois hélas, la réalité est plus amère que ça ! Deux conséquences majeures :
- Une inflation importée en raison de la hausse des coûts de la facturation des matières premières, des produits semi-finis et des technologies indispensables pour nos entreprises (biens d'équipements, pièces de rechange,…) ;
- Et une augmentation du service (des intérêts) de la dette extérieur : 60% de la dette tunisienne sont libellés en euro.
En général, les travaux des économistes sur les effets de la baisse des taux de change sur les soldes des balances commerciales ont montré que ces effets sont variables dans le temps et selon la qualité du tissu industriel. (voir aussi à ce sujet notre blog ezzeddinebenhamida.jimdo.com).
Par Ezzeddine Ben Hamida
Professeur de Sciences économiques et sociales


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