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Implosion, explosion et effervescence du paysage social et politique, Par Riadh Zghal
Publié dans Leaders le 21 - 03 - 2015

Nida Tounès n'a finalement pas implosé mais reste néanmoins traversé par des conflictualités individuelles et institutionnelles. Contrairement à beaucoup d'observateurs, j'ai vu dans la querelle entre les « nidaistes », longuement discutée dans les media, une preuve de santé politique et ceci pour plusieurs raisons. D'abord le fait de faire éclater le conflit au grand jour et ne pas rougir d'en débattre dans les journaux et les plateaux de radio et de télévision constitue en soi une rupture avec les pratiques politiques d'avant la révolution 2011. C'était un moment où l'on était dans une logique de vitrine, seuls les cercles très rapprochés du pouvoir avaient vent des désaccords, des coalitions et des combines qui se tramaient au sein du parti au pouvoir. Le peuple avait droit aux rumeurs en rapport avec la réalité de la situation ou en rapport avec les guéguerres de position que se livraient les protagonistes en quête de davantage de pouvoir.
L'autre raison qui pousse à ne pas voir d'un mauvais œil les différends au sein du mouvement Nida réside dans le fait que, comme son nom l'indique, c'est un mouvement qui obéit à une dynamique de construction sans cesse inachevée, sujette autant à des équilibres qu'à des déséquilibres plus ou moins prolongés et plus ou moins provisoires mais devant aboutir in fine à un stade de maturation. Or les expériences psychosociologiques sur la dynamique des groupes montrent que la maturation de ces derniers passe nécessairement par une phase de conflit pour atteindre un état où se sont structurées nettement une majorité et une minorité. La minorité est entretenue car elle représente l'ingrédient indispensable pour le fonctionnement démocratique, la veille stratégique, la capacité d'intégrer les changements, la réactivité et finalement elle donne de l'énergie, entretient la vie et protège l'entité contre la sclérose.
Si on applique ces principes de la dynamique du groupe à un parti politique, on ne doit pas perdre de vue que sa survie dépend aussi de l'existence d'une vision et d'un objectif principal commun auquel adhèrent ses membres, en plus d'un socle de valeurs partagées qui cimentent l'ensemble et amènent les uns et les autres à mettre au second plan leurs ambitions et leurs intérêts purement individuels même s'ils paraissent légitimes.
Maintenant que les « institutionnels » de Nida Tounès semblent avoir dépassé la phase de plain conflit, il leur reste d'approfondir ce qui les unit sur le long terme comme vision stratégique, objectifs et valeurs. Cette phase est nécessaire pour dégager une majorité et rendre possible l'action collective tout en tolérant au sein du parti la diversité nécessaire à l'entretien d'une opposition qui lui apporte l'énergie nourricière de sa dynamique. En cela réside, à notre avis, le nouveau défi que devra affronter Nida Tounès, a-t-il la capacité de le relever ?
Explosion des revendications sociales
Depuis l'installation du nouveau gouvernement dirigé par M. Essid il ne se passe pas un jour sans l'annonce de grèves, de sit-in et autres manifestations avec souvent des menaces de monter en gamme dans les formes d'expression de la colère des mécontents. Un signe à la fois d'impatience, de déceptions accumulées depuis janvier 2011 et peut-être aussi d'espoir dans les capacités de ce gouvernement à traiter les problèmes de tous et d'un coup de baguette. Certains expliquent cette effervescence revendicative par la théorie du complot ourdi par ceux qui ne veulent pas que ce gouvernement réussisse. Mais l'on sait que les théories du complot alimentent le sentiment d'impuissance et mènent à la résignation et à l'inactivité.
En réalité, au-delà des engagements non tenus des précédents gouvernements, l'explosion des revendications dans tous les corps de métier est le signe qu'aussi bien les gouvernements successifs que la société continuent à vivre sur le même paradigme : le gouvernement est responsable et détient toutes les clefs des solutions possibles et le citoyen mise sur lui et se dégage de toute responsabilité quant à son état. Le discours politique le conforte dans cette attitude. Même si on assiste depuis la révolution 2011 à un réveil de la société civile et la croissance exponentielle du nombre des associations qui ont vu le jour, on ne voit pas de changement de paradigme. Ceux qui déclarent des grèves ouvertes, des sit-in interminables, coupent les routes ou, sont à leurs postes mais n'assument pas leurs devoirs, ralentissent le rythme du travail et réduisent drastiquement la productivité dans l'administration et les entreprises, ne s'interrogent nullement sur les effets concrets de leurs comportements. Certes l'augmentation incessante du coût de la vie, le désordre ambiant et l'anarchie qui règne dans les villes et sur les routes du fait du commerce informel et de l'usure de l'autorité, autant gouvernementale que municipale, nourrissent la colère des citoyens.
Cela d'autant que les gouvernements provisoires ont signé maintes conventions d'augmentation des salaires que les caisses de l'Etat saignées à blanc ne permettent pas d'honorer. La colère monte car aucun signal fort de la part du gouvernement susceptible d'aider à accepter collectivement les sacrifices nécessaires en cette phase de mutation n'est apparu. Rien ne peut empêcher le salarié qui voit son maigre pouvoir d'achat s'éroder de jour en jour de s'interroger pourquoi a-t-on besoin d'autant de ministres et de conseillers du président de la république ? pourquoi ne décide-t-on pas une réduction de leurs salaires ? Pourquoi continuer à payer un salaire mirobolant aux deux anciens présidents de la république d'après la révolution au nom d'une loi concoctée par l'équipe de Ben Ali ? Pourquoi ne pas engager sérieusement un programme d'éradication de la corruption et sanctionner sévèrement les barons qui l'entretiennent dans l'impunité ?

Parallèlement aucune communication organisée et professionnelle ne met en garde contre les risques de débrayage de l'activité. Certes la présidente de l'UTICA appelle de temps en temps à la nécessité de « se remettre au travail » mais quel impact son discours peut-il avoir ? Tant que les grévistes et les sit-inner n'ont pas saisi qu'en cette période de crise économique grave le désordre social et la chute de la productivité enfoncent le pays dans un cercle vicieux qui rend de plus en plus improbable l'amélioration de la situation économique, la réduction de l'inflation et du chômage. Par contre c'est l'investissement qui est découragé et, sans investissement national ni étranger, il n'y a ni création de richesse, ni création d'emploi, ni paix sociale. Tout cela fait le lit de l'extrémisme, du trafic et du terrorisme autant de phénomènes intimement liés.
Un équilibre provisoire
Beaucoup ont cru qu'une fois les élections législatives et présidentielles réalisées, le pays va s'installer dans une situation d'équilibre politique pour une période de 5 ans. Une période qui devrait être suffisante pour que le gouvernement, émergeant de ces élections, ait le soutien politique nécessaire pour redresser la barre et s'attaquer aux vrais problèmes qui ont fait gripper la machine de la gestion des affaires publiques. On avait cru que les débats juridico-politiques qui ont dominé la scène médiatique allaient, une fois les institutions durables installées, céder la place aux questions sociales et économiques sans le traitement desquels il n'y a pas d'équilibre ni financier ni politique. Rien de cela ! et que de temps perdu ! Un chef du gouvernement qui a mis plus d'un mois pour constituer son équipe, finalement hétéroclite sans une vision claire qui permettrait de prendre les décisions courageuses qu'impose l'état délabré de l'économie. Au lieu de fédérer autour d'un programme d'action efficace, la constitution de ce gouvernement a cédé à la contrainte de satisfaire les partis en quête de pouvoir et ils sont nombreux.
Satisfaire les ambitions partisanes non pas à travers la recherche d'un socle commun de politiques à suivre et de programmes d'action mais à travers une répartition « acceptée » des sièges ministériels. Le parti gagnant aux élections s'en est trouvé minoritaire d'autant que le chef du gouvernement désigné par le président de la république ne lui appartient pas. Alors adieu au programme électoral dont l'économique si profondément concocté par les équipes d'expert de Nida, adieu à l'adossement politique du gouvernement qui aurait permis de prendre des décisions certes douloureuses mais pouvant sortir le pays d'une crise de plus en plus insupportable. Au lieu d'un rebond énergique on reste dans le flou et l'attentisme mou. Et voilà que l'attaque terroriste perpétrée le dix huit mars contre des innocents sur un site symbolique de l'histoire et de l'Etat est venue révéler encore une fois la mauvaise pente sur laquelle s'engage le pays à défaut d'un vrai sursaut salvateur.
On peut espérer qu'au-delà des appartenances partisanes les jeunes ministres actuellement au gouvernement, pourront impulser une dynamique de changement non seulement parce qu'ils apportent une dose de sang nouveau mais aussi parce que, du fait de leurs formations plus actuelles que celles de leurs aînés, ils seraient en mesure d'avancer de nouvelles approches et de mettre en œuvre de nouveaux mécanismes pour s'attaquer aux problèmes dont souffre le pays. Néanmoins cela n'empêche qu'aujourd'hui le pays a besoin de toutes ses compétences dont celles de ceux qui ont accumulé de l'expérience en économie, en affaires sociales et en politique. C'est pourquoi Il est temps aujourd'hui de reconnaître que ceux qui ont été aux postes de commande avant 2011 ne sont pas tous des voyous. Il existe parmi eux des personnes honnêtes et fortes de ce qu'elles ont appris par leurs erreurs, de leur savoir faire en matière de conduite des affaires publiques en plus d'un capital social pouvant aider à accélérer la sortie de crise.
Quant à la guerre contre le terrorisme, elle n'est pas qu'une affaire militaire et sécuritaire. C'est une affaire de paix sociale et de croissance économique. Il est difficile aujourd'hui de croire en la consolidation du processus démocratique dont nous Tunisiens sommes si fiers de l'avoir entretenu voilà plus de quatre ans, si la pauvreté s'installe durablement dans notre pays. Il faut s'attendre à ce que les bailleurs de fonds imposent une politique d'austérité qui tue les acquis sociaux particulièrement en éducation et santé. Et dans ce cas, une politique de croissance sera rendue de moins en moins à la portée d'un gouvernement quel que soit sa couleur politique.


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