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Décorations officielles : qui les mérite?
Publié dans Leaders le 23 - 05 - 2015

Un petit ruban ou une rosette à la boutonnière ont toujours été un signe distinctif très prisé, motif d'une grande fierté. Combien se sont battus de toute leur énergie pour l'obtenir, faisant jouer relations et appuis? Et combien en sont restés frustrés, la mort dans l'âme, pour n'y avoir pas accédé ?
A chaque régime ses insignes, médailles et décorations qui expriment la reconnaissance pour mérite et services rendus. La Tunisie husseinite, nous dit l'historien Mohamed-El Aziz Ben Achour, fut le troisième pays musulman, après la Turquie et la Perse, à créer des décorations. Les Nichan Iftikhar, Ahd El Aman, Ahd El Aman al mourassaâ et l'Ordre du Sang feront longtemps la fierté de bénéficiaires tunisiens et étrangers. Quelques mois seulement après l'indépendance, acquise le 20 mars 1956, Mohamed Lamine Pacha Bey y ajoutera, sans doute à l'initiative du nouveau gouvernement alors dirigé par Habib Bourguiba, l'Ordre de l'Indépendance institué par le décret du 6 septembre de la même année.
La République, à peine naissante, supprimera les ordres tunisiens d'époque husseinite, réorganisera celui de l'indépendance (loi n° 59-32 du mars 1959), et créera un deuxième, l'Ordre de la République (loi n° 59-33 du 16 mars 1959). Commence alors une nouvelle longue saga, jusqu'au lendemain de la révolution de 2011.
A ce jour, pas moins de 33 226 personnes, essentiellement des Tunisiens, portent depuis l'indépendance une décoration officielle. Quels sont les différents types de médailles, entre ordres nationaux (Indépendance, République et Mérite), médaille du Travail et médailles particulières ? Comment sont-ils organisés et quelles sont leurs classifications ? Mais aussi, dans quelles conditions sont-ils attribués et comment se font les promotions dans la hiérarchie instituée ?
Voyage au cœur d'un protocole très détaillé, soigneusement codifié
Vous connaissez le code pénal, celui du commerce ou des douanes, mais rares sont ceux qui connaissent l'existence d'un code des décorations. Il a été promulgué en 1997 (voir en encadré les textes de référence), pour officiellement «mettre de l'ordre dans tant d'Ordres», et surtout instituer l'Ordre du 7 Novembre 1987 (qui sera supprimé au lendemain de la révolution). Divers ordres nationaux sectoriels du Mérite avaient fleuri pour consacrer d'heureux récipiendaires du sport, de l'éducation nationale, de l'agriculture, de la culture et autres. Sans grande cohérence d'ensemble, il fallait réorganiser le système. Le nouveau code devait aussi instituer une disposition contraignante, celle d'une autorisation préalable pour l'acceptation de toute décoration étrangère... Deux députés, feu Mohamed Harmel (Parti Ettajdid) et Ahmed Khaskhoussi (MDS), s'y opposeront. En vain.
Le dispositif tunisien des médailles comprend trois grands ensembles:
1. les ordres nationaux composés de l'Ordre de l'Indépendance et de celui de la République, ainsi que de l'Ordre national du Mérite.
2. la Médaille du Travail, avec toutes ses catégories.
3. les médailles particulières qui sont aujourd'hui au nombre de trois : la Médaille militaire, la Médaille d'honneur des forces de sécurité intérieure et la Médaille d'honneur des douanes.
Dans toutes ces décorations, le président de la République, désigné d'office Grand Maître des Ordres nationaux et des Médailles, en détient le grade le plus élevé. «Les ordres nationaux, précise le code, comprennent le grand collier du grand maître de l'ordre réservé au Président de la République, le collier réservé à ce dernier à la fin de ses fonctions. Il existe aussi des Colliers spéciaux attribués à de hautes personnalités tunisiennes ou étrangères à titre de considération.
Ils comprennent aussi les catégories et classes suivantes:
• Grand-cordon : classe majeure,
• Grand-officier : première classe,
• Commandeur : deuxième classe,
• Officier : troisième classe,
• Chevalier : quatrième classe.
Ce qu'il faut savoir, c'est que les décorations sont attribuées à vie, sauf en cas de perte des droits civils et politiques du titulaire. Elles ne peuvent être transmissibles par voie de succession. Elles sont décernées en commençant par la classe la moins élevée dans l'Ordre, sauf cas exceptionnels, et la promotion à une classe supérieure exige une ancienneté de cinq années. Les décorations ne sont pas accompagnées d'une indemnité financière, comme certains pourraient le croire. A l'exception du Grand collier qui est en or massif, toutes les autres décorations n'ont que leur valeur historique et symbolique.
Les propositions sont faites par le gouvernement et le cabinet présidentiel, mais la décision finale appartient au chef de l'Etat. Les insignes sont la décoration elle-même, le ruban, la rosette (avec ou sans ailettes, selon le grade), le cordon (pour la classe la plus élevée des Ordres nationaux) et un brevet revêtu de la signature du président de la République.
Des registres riches d'histoire et un magasin précieux
Tout est consigné dans de grands registres dûment tenus par la Direction générale du protocole, à la Présidence de la République. Chaque Ordre a son propre registre. Celui de l'Indépendance, relié sous une jaquette de couleur rouge commence depuis son ouverture en septembre 1956. D'une très belle calligraphie, sont mentionnés pour chaque bénéficiaire, les noms et prénoms, la qualité, la date du décret et celle de la remise, voire aussi les cas de privation. Il en est de même pour les autres ordres. Une véritable mine d'or pour les historiens.
Ces registres font l'objet d'une grande attention, tant pour assurer leur bonne conservation que pour le traitement de leurs données. Tout est scanné, et une base de données informatisée est élaborée, mais, nous dit-on, sera développée davantage dans le cadre d'un nouveau projet d'ensemble.
Lorsque les propositions du gouvernement parviennent à la présidence de la République, elles font l'objet d'un examen approfondi pour s'assurer de l'absence de tout cumul, ou la confusion des grades. Une fiche est alors établie pour chaque candidat présenté. Elle sera complétée dès l'octroi de la décoration, puis sa réception.
Les 33 226 décorations octroyées depuis l'indépendance relèvent à 47% de l'ordre de l'Indépendance, contre 40% de celui de la République et 13% seulement du Mérite national. Ils se répartissent comme suit:
Bénéficiaires
Ordre de l'Indépendance 15 617
Ordre de la République 13 155
Ordre du Mérite national 4 454
Total 33 226
Les coffrets contenant les décorations sont conservés sous clés dans de grandes armoires. Chaque année, la Direction générale du protocole établit ses prévisions, vérifie les stocks disponibles et lance au besoin les commandes auprès d'un fournisseur attitré, Arthus-Bertrand. Fondée à Paris en 1803 par Claude Arthus-Bertrand, cette maison prestigieuse fabrique et fournit les décorations et médailles de nombreux Etats.
Tout un cérémonial
La remise de décoration est un acte solennel qui bénéficie de tout un cérémonial qui se déroule au Palais de Carthage. Les heureux récipiendaires sont accueillis, selon leur nombre, dans l'un des salons et placés dans l'ordre selon lequel ils seront appelés à se présenter devant le chef de l'Etat. Le directeur général du Protocole, assisté de son équipe, veille au bon ordonnancement de la cérémonie.
Les kits de décoration auront été dûment préparés, avec notamment les certificats calligraphiés et revêtus de la signature du président de la République. Des gardes républicains tiennent les décorations sur des coussins rouges estampillés des insignes de la Présidence.
Un à un, chaque personnalité est appelée à se présenter devant le chef de l'Etat. Le garde républicain s'approche portant le coussin. Le président de la République salue l'heureux récipiendaire, lui rend hommage en quelques mots et lui adresse ses félicitations, avant de le décorer. Quand il s'agit d'un collier, un chargé du protocole s'assure de sa bonne fermeture autour du cou. Le nouveau récipiendaire remercie, pose pour la photo traditionnelle, puis se retire.
T.H.
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