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Peut-on critiquer l'Ugtt?
Publié dans Leaders le 02 - 05 - 2016

Il y a quelques semaines, la chaîne El Hiwar Ettounsi avait diffusé lors d'un talk show une vidéo où l'on voyait le syndicaliste, Adel Zouaghi dans son bureau à l'hôpital Habib Bourguiba à Sfax, tancer des journalistes de la chaîne venus lui demander l'autorisation d'effectuer un reportage dans l'hôpital : «Votre chaîne n'a pas été à la hauteur», avant de les congédier sous un torrent d'injures et de menaces. Au comble de la colère, il finit par décréter une...fatwa: «Le jihad contre vous est halal». En l'absence du directeur général, Chokri Tounsi, contraint de diriger l'hôpital depuis le siège de la direction régionale de la santé publique parce qu'il a le tort d'être un militaire, le syndicaliste se comporte en maître de céans à l'hôpital sans être désavoué par l'UGTT.
Le cas de Zouaghi n'est pas isolé. Une deuxième vidéo diffusée sur facebook, montre un autre syndicaliste de Sfax tenant des propos peu amènes sur le ministre de la Santé à quelques mètres de son bureau. Il n'est pas rappelé à l'ordre non plus. A la veille de la grève du 28 avril qui sera finalement reportée, le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire compare le même ministre au résident général français. Là aussi, la centrale ne réagit pas. Rongé par le remords, le syndicaliste finira par s'excuser contrairement à ses deux collègues. L'UGTT, elle, se contentera d'un communiqué où elle dément avoir exercé des pressions sur quiconque pour s'excuser. Elle ne veut pas laisser croire qu'elle réprouve ses adhérents, même s'ils sont dans leur tort. Au lieu de quoi, elle se réfugie dans «la complotite» :«C'est «El Ittihad qui est visé»; «ces attaques sont inspirés par les barons de la contrebande». «Cette campagne est le fait de mercenaires». La centrale s'inspire de la démarche d'un homme politique français du XIXe siècle : «Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef». Une attitude compréhensible à quelques mois du prochain congrès. Elle lui évite d'entrer en conflit avec sa base et notamment avec les plus radicaux d'entre eux.
Les Zouaghi, Jallouli ou Yaacoubi sont assez représentatifs d'une nouvelle génération de syndicalistes. Très politisés, marqués à l'extrême-gauche, ne s'embarrassant pas de circonlocutions quand il s'agit de défendre leurs idées, ils rêvent du "Grand soir". Mais, surtout, ils sont déréalisés (ils éprouvent un sentiment d'étrangeté et d'Irréalité du monde extérieur). Lorsque Belgacem Ayari a pris connaissance des résultats d'un sondage de Sygma sur la réaction des Tunisiens au différend entre l'UGTT et le ministre de la Santé, il est resté pantois: «vous plaisantez ! ce sondage n'a certainement pas été fait en Tunisie». «Les Tunisiens que l'UGTT a défendus avec la dernière énergie ne peuvent pas être aussi ingrats. Ce ne sont pas des chiffres fiables et puis les questions sont mal formulées». A court d'arguments, il se réfugie une fois de plus dans le discours victimaire. Selon le sondage 72% des Tunisiens appuient le ministre contre 8% pour la centrale syndicale.
Il y a 2000 ans, l'historien grec Thucydide notait : «Toute force tend à aller jusqu'au bout de son pouvoir». Le slogan favori des adhérents de l'UGTT est «Yahia el ittihad aqwa qoua fil bled ». Ils le scandent dans les manifestations, lors du 1er mai, ils l'ont scandé dans la grande salle du palais de Carthage lors de la cérémonie en l'honneur du Quartette et même à Oslo.
Alors que partout dans le monde, les syndicats ont vu leur influence se réduire comme peau de chagrin, notre UGTT a pris une telle importance qu'elle se considère comme la principale force du pays et le crie sur tous les toits. Elle a investi le champ politique; elle est la cheville ouvrière du dialogue national qui a sauvé le pays, ce qui lui a valu le prix Nobel de la Paix qu'elle partagera avec l'UTICA, la LTDH et le Conseil de l'Ordre des Avocats. Elle n'est pas un syndicat stricto sensu. Tout cela, on le sait et on s'y est fait depuis longtemps. Sauf que, cumulant les avantages d'un syndicat et d'un parti politique, elle est en train de se laisser glisser, peut-être malgré elle, sur la pente savonneuse de l'hégémonisme ( ettaghaouel), profitant de l'état de délitement avancé où se trouve l'Etat. L'UGTT tient désormais à avoir un droit de regard sur la politique gouvernementale, sur le Plan, le modèle de développement, le statut de la Banque centrale, le recul de l'âge de la retraite, l'apprentissage du coran dans les écoles, le choix des ministres et la liste n'est pas close. Au nom des services rendus à la cause nationale, elle impose au gouvernement des accords léonins tout en sachant que l'Etat ne pourra pas les honorer. Houssine Abassi nous a d'ailleurs averti ce 1er mai 2016 : «ceux qui croient que nous allons nous contenter de notre rôle syndical se trompent lourdement». Puis se faisant menaçant : «S'ils cherchent la confrontation, nous leur disons : soyez les bienvenus». Il évite de s'en prendre au gouvernement dans sa totalité, mais introduit un habile distinguo entre bons et mauvais ministres tout en donnant un satisfecit à Habib Essid qui «fait ce qu'il peut» malgré «les turpitudes» de certains de ses ministres qui «cherchent à prendre sa place».
D'habitude si réservé, Houcine Abassi s'épanche depuis quelques jours dans les journaux, sur les plateaux de télévision et sur les ondes pour nous convaincre du bien-fondé de la politique de l'UGTT. Ce qui fait problème, c'est l'immodestie des propos où on est bien en peine d'y trouver la moindre trace d'autocritique, la propension à la stigmatisation des journalistes, véritables victimes expiatoires, la prétention à se présenter sous les traits de l'avocat patenté des déshérités comme si les syndicalistes avaient le monopole du coeur, et l'acharnement aveugle à défendre ses collaborateurs quoi qu'ils fassent ou disent. Pourtant, il aurait tout à gagner à s'en démarquer, ne serait-ce que parce leur comportement relève ni plus, ni moins de la voyoucratie.
Au final, on a bien du mal à nous reconnaître dans cette UGTT version 2016.Il y a loin de ce syndicalisme agressif et sectaire à la Bakounine à celui de Ferhat Hached, si proche de nous.


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