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Il faut que tout change pour que rien ne change
Publié dans Leaders le 07 - 06 - 2016

Jamais sans doute la salle omnisports de Radès n'avait connu une telle affluence. Ce vendredi 20 mai, ils étaient entre 12 et 15 000. Un show à l'américaine, un public jeune, mixte, sans discrimination de sexe (c'est une première dans un meeting nahdhaoui), un nouveau look qui tranche avec l'image stéréotypée du militant et des chants fleurant bon les virages de stade, sauf que, en tendant l'oreille, on s'aperçoit qu'il s'agit de chants religieux. Dans un bel esprit œcuménique, Ennahdha a invité les représentants du spectre politique dans toutes ses nuances, les compagnons de route, les sympathisants, les anciens ministres de la Troïka, les dirigeants de la coalition gouvernementale et...le dernier secrétaire général du RCD, Mohamed Ghariani. Un clin d'œil aux rcdistes et au gisement de voix laissé en déshérence depuis la dissolution de ce parti. Le mouvement Ennahdha voulait impressionner à la fois ses partenaires et ses adversaires. C'est fait. C'est donc un parti sûr de lui-même, dominateur même depuis l'implosion de Nidaa Tounès, qui a tenu son congrès les 20, 21 et 22 mai. En fait, ces assises consacrent le retour au statu quo ante : Ennahdha est redevenue un géant entouré de lilliputiens comme au bon vieux temps de la Troïka. Mais elle ne veut pas en rester là et entend pousser son avantage. Consciente de son déficit d'image dans une partie de l'opinion, elle s'emploie à y pallier en procédant à un rebranding, une refonte de l'image de marque. Le mot d'ordre est désormais : changement tous azimuts. La séance d'ouverture du 10e congrès en est une première illustration.
Dans son film Le Guépard, Luchino Visconti retrace les derniers soubresauts d'une Italie émiettée. On est en 1861. Le Royaume du Piémont-Sardaigne va jouer le rôle de catalyseur de l'unité italienne, à l'instar de la Prusse, 10 ans plus tard, en Allemagne. Le film s'ouvre sur une discussion orageuse entre un vieil aristocrate, partisan de l'ordre établi, le prince Salina, incarné par Burt Lancaster, et son neveu Tancrede dont le personnage est campé par Alain Delon. Rallié aux partisans de Garibaldi non pas par conviction, mais par opportunisme, pour sauvegarder les intérêts de sa caste, il tente de convaincre son oncle du bien-fondé de sa démarche : «Il faut que tout change pour que rien ne change». Traduction libre : il faut suivre le mouvement, procéder à tous les changements nécessaires pour ne pas être dépassé par les évènements. Nous serons ainsi en mesure de les contrôler à notre guise.
On ne sait pas encore si Ennahdha va suivre le conseil de Tancrède. Mais le parti est pris d'une boulimie de changement. Comme s'il voulait rattraper le temps perdu. Les tabous tombent tel un château de cartes. Il multiplie les virages à 180°au point de dérouter les militants. Hier jugé «plus dangereux que les salafistes», Caïd Essebsi est devenu, comme par enchantement, un grand patriote, un sage; et son parti, «ce ramassis de rcdistes», un allié sûr.Il a cédé sur l'identité, la charia, il a appelé à la réconciliation globale, renchérissant sur Caïd Essebsi qui prônait seulement une réconciliation économique. Aujourd'hui, c'est un autre pan qui tombe. La séparation entre la politique et la prédication. Ennahdha tourne le dos à l'islam politique, rompt avec les frères musulmans d'Egypte. Elle sera le pendant tunisien de la démocratie chrétienne européenne. En fait de changement, c'est le grand écart.
Avec un art consommé de la propagande, Ennahdha s'efforce de nous faire accroire que cette séparation est une concession majeure qui a été mûrement réfléchie. «C'est le couronnement d'un processus qui a duré quarante ans», nous assure Rached Ghannouchi, la main sur le cœur. Ainsi donc, ce parti va se contenter de faire de la politique comme un parti laïque, tout en laissant aux prédicateurs le soin de prêcher la bonne parole dans les mosquées comme si la Tunisie était encore une terre de mission. Au détour d'une phrase, on apprend qu'il «ne s'agit pas d'une séparation proprement dite, mais d'une spécialisation, d'une différenciation», «puisqu'il n'est plus possible de tout faire». Du coup, on commence à douter. Et si toutes ces arguties cachaient, encore une fois, des sournoiseries, une volonté de garder la main haute sur l'échiquier politique. De petites phrases remontent irrésistiblement à la surface : « L'armée n'est pas sûre, la police n'est pas sûre », « Ce sont nos enfants. Après tout, ils ne viennent pas de mars », »Ils me rappellent mon enfance ». Le président de la République lui-même a des doutes. Lors de son discours d'ouverture au congrès d'Ennahdha, il a demandé au Mouvement «de confirmer sur le terrain sa volonté de se transformer en parti civil, national sur le fond et la forme».
Et si Ennahdha cherchait tout simplement à «tout changer pour que rien ne change», comme dirait le prince italien.


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