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«Ennahdha est désormais une production purement tunisienne»
RACHED GHANNOUCHI À LA PRESSE :

Aujourd'hui, vendredi 20 mai, sonnent les trois coups annonçant le démarrage du 10e congrès d'Ennahdha. Le congrès que tout le monde attend pour découvrir le nouveau visage du parti de Montplaisir qui «se spécialisera dans l'action entièrement politique, souligne à La Presse Rached Ghannouchi, et laissera la prédication aux organisations de la société civile».
Dans l'interview qu'il a accordée à La Presse, Rached Ghannouchi évoque son projet de réconciliation globale, le soutien toujours renouvelé d'Ennahdha à Habib Essid, la guerre contre le terrorisme et les conditions de sa réussite, la tunisification définitive d'Ennahdha, etc.
Le parti Ennahdha tient, aujourd'hui, son 10e congrès, considéré par plusieurs observateurs comme une échéance décisive dans l'histoire du mouvement et du pays. Outre la séparation entre la prédication et la politique, on s'attend à plusieurs innovations au niveau de l'appellation du parti, de sa composition et des mécanismes d'accès aux postes de responsabilité. Comment présentez-vous le congrès ?
Le 10e congrès du parti Ennahdha se caractérise par sa dimension globale. Il constitue une étape transitoire dans l'histoire du mouvement islamique tunisien et aussi dans l'histoire de la Tunisie. Je dirai aussi qu'il sera une étape importante dans l'histoire de ce qu'on appelle aujourd'hui l'islam politique.
Ennahdha est un produit tunisien en évolution permanente. Il est une partie intégrante du mouvement démocratique national et un prolongement du mouvement réformiste tunisien. Notre ambition est que notre parti ait un plus à apporter au processus civilisationnel en Tunisie et qu'il ne soit pas un simple parti analogue aux autres partis présents sur la scène politique nationale.
Le 10e congrès d'Ennahdha est un rendez-vous national qu'attendent les nahdhaouis, les Tunisiens appartenant aux autres partis politiques et même les composantes de la société civile. On attend une nouvelle image du parti comme vous le promettez depuis des mois.
Il est normal qu'il y ait beaucoup d'attente du congrès au plan national, régional et international. Il intervient dans un contexte particulier où le paysage politique national connaît un climat de division, d'éparpillement menaçant le processus de transition démocratique et suscitant la peur et la crainte des Tunisiens.
Au sein d'Ennahdha, nous considérons qu'autant la cohésion règnera dans notre parti, autant le gouvernement gagnera en stabilité et en force.
Notre conviction est qu'Ennahdha constitue un peu la colonne vertébrale de l'expérience démocratique nationale. Il est l'élément qui offre le plus de cohésion et de solidité et, partant, il assume la grande part de responsabilité pour ce qui est de l'atténuation des divisions et du rassemblement des Tunisiens.
Dans le paysage actuel, Ennahdha représente le pôle autour duquel tourne la roue de la démocratie dans notre pays. Nous sommes conscients que les Tunisiens, et pas uniquement les nahdhaouis, attendent beaucoup de notre congrès pour ce qui est d'une consolidation plus poussée de l'expérience démocratique et d'un soutien plus nuancé du gouvernement Essid et de la transition démocratique.
Vous avez toujours souligné que la Tunisie ne peut être gouvernée que par le consensus. Vous avez exercé le pouvoir lors des gouvernements de la Troïka I et II et aujourd'hui vous êtes présents au sein du gouvernement Essid presque symbolique. Le 10e congrès pourrait-il changer cette démarche, surtout que votre parti est maintenant la première force au sein du Parlement ?
Pour nous, l'essentiel n'est pas le volume de notre présence au sein du gouvernement ou le nombre des ministres qui nous y représentent. Ce qui nous intéresse plutôt, c'est la solidité de la coalition gouvernementale.
Il est vrai que nous sommes le parti le moins représenté dans le gouvernement mais nous considérons que nous assumons une responsabilité fondamentale dans la poursuite de la coalition.
Quand les urnes ont rendu leur verdict le 26 octobre 2014, nous avons félicité le parti vainqueur et nous avons fêté les résultats. Notre premier objectif était la réussite du processus démocratique et notre deuxième objectif était le succès de notre parti. Notre victoire a été relative et nous l'avons fêtée aussi. Aujourd'hui et avec les transformations qu'a connues notre principal partenaire, nous n'avons pas exigé la révision de la constitution des commissions parlementaires, tout simplement nous respectons les résultats du 26 octobre 2014. Notre conviction est qu'un partenaire fidèle n'exploite jamais les problèmes de son partenaire.
Quant à la possibilité de voir les congressistes exiger le changement de la démarche suivie jusqu'ici, je ne peux ni l'affirmer ni l'infirmer.
En tout état de cause, le congrès reste le maître absolu de ses décisions.
Le mouvement Ennahdha a décidé de se transformer en un parti civil à l'instar des autres partis mais avec un référentiel islamique, un parti qui ne monopolise pas l'Islam et ne prétend pas parler au nom des musulmans en Tunisie. Seulement les déclarations des responsables diffèrent d'un responsable à l'autre. Y a-t-il une stratégie de communication unifiée ou la question est-elle l'affaire des initiatives personnelles ?
Je partage totalement le contenu de votre question concernant le fait qu'Ennahdha ne prétend pas être le porte-parole de l'Islam en Tunisie ou le monopolisateur de tout ce qui est en rapport avec la religion. Ennahdha a décidé de séparer la prédication de l'action purement politique mais il ne sera jamais un parti laïque. Et la particularité fondamentale de notre parti, c'est qu'il a toujours été ouvert sur tous les autres partis politiques, même ceux dont l'unique programme est de nous exclure de la scène politique nationale. Quant à la stratégie de communication concernant le nouveau visage qu'Ennahdha cherche à offrir aux Tunisiens, il est normal qu'il y ait plusieurs versions et, in fine, les citoyens sauront tout sur le nouvel Ennahdha.
Pour revenir à la séparation prédication-action politique, peut-on dire que les dés sont jetés ?
Avant de parvenir au congrès national qui se tient aujourd'hui, nous avons tenu quelque 350 congrès régionaux et locaux et nous avons élaboré six motions qui seront soumises au vote des congressistes. Ces motions ont fait l'objet d'un consensus général et il n'était pas facile d'y arriver.
Tout le monde sait qu'au sein d'Ennahdha, les décisions sont difficiles à prendre et si une décision est prise, c'est qu'elle a été mûrement réfléchie. La motion politique a avalisé la politique du consensus qui a produit ce qu'on appelle aujourd'hui l'exception tunisienne.
Et pour dire les choses clairement, la séparation entre la prédication et l'action politique est bien le fondement du 10e congrès et la question est tranchée.
Dans la motion politique dite la «motion de la gestion du projet islamique», il est clairement spécifié : «Il est temps de passer à l'étape de la spécialisation».
Ainsi, l'action politique sera indépendante au plan de l'organisation de toutes les autres composantes du projet islamique.
Le projet politique n'aura aucun pouvoir ou interférence avec l'action de prédication dont le champ sera la société civile. De la sorte, la prédication se libérera du politique qui a ses batailles à mener dans le champ qui lui est réservé.
Notre ambition est de mettre fin à la confusion et nous considérons que la séparation est dans l'intérêt de l'expérience démocratique. Et puis nous ne sommes pas les premiers à choisir de séparer le politique de la prédication et de faire en sorte qu'ils soient totalement indépendants l'un de l'autre. Les partis de la Justice et du développement en Turquie et au Maroc ont déjà choisi la séparation.
A la veille des élections municipales qui se tiendront en mars 2017, peut-on savoir avec qui Ennahdha entrera en coalition ?
Nous considérons qu'il est de l'intérêt des grands partis politiques de se renouveler à l'occasion des échéances électorales, dont précisément les élections municipales qui approchent à grands pas. Mais cela ne nous empêchera pas de coordonner avec les autres parties au niveau des régions, conformément aux rapports de force dans chaque région.
Pour le moment, nous n'avons pas encore arrêté notre stratégie d'action en prévision des municipales. Et il n'est pas exclu que notre 10e congrès présente des recommandations sur la base desquelles nous élaborerons notre stratégie en prévision des municipales.
Tout le monde sait que la Tunisie mène une guerre sans merci contre le terrorisme. Que faire pour gagner cette guerre ?
Il est indiscutable que le terrorisme est la menace n°1 qui guette la Tunisie et les Tunisiens. C'est un phénomène compliqué et complexe qui commande une stratégie de lutte globale et complémentaire.
Sauf que pour pouvoir extirper ce mal, il faut bien qu'on s'accorde définitivement sur la non-instrumentalisation politique de ce cancer. Il est temps que certaines parties arrêtent de lancer des accusations contre Ennahdha. C'est un discours irresponsable et inadmissible. Il est temps aussi qu'on arrête ce sordide investissement dans le sang, les martyrs de la Tunisie tombés sous les balles des terroristes ne méritent pas de tels comportements. Ces accusations ne font que pervertir la vie politique nationale, alors que nous avons le devoir de nous mobiliser contre un ennemi commun qui ne fait pas de distinction et ne choisit pas ses victimes sur la base de leur idéologie ou de leur couleur.
Le président Béji Caïd Essebsi a soumis au Parlement un projet de loi sur la réconciliation économique resté sans lendemain jusqu'aujourd'hui. Vous avez pris la relève pour proposer une réconciliation nationale globale...
Pour nous, la réconciliation est globale ou elle ne l'est pas. C'est une réconciliation avec notre présent et notre passé. C'est une réconciliation au cours de laquelle on se dira tout, les corrompus rendront compte de leurs erreurs et demanderont pardon à leurs victimes, l'essentiel est qu'on parvienne ensemble à faire le procès de la corruption et de la malversation.
L'Etat, de sont côté, rendra justice aux victimes et permettra aux milliers de cadres de l'administration, accusés à tort ou à raison d'être corrompus, de se libérer de la peur et de la psychose dans lesquelles ils vivent depuis des années.
Beaucoup de critiques sont adressées au gouvernement Essid au point qu'on a déjà annoncé son départ imminent et même les candidats à sa succession. Qu'en pensez-vous ?
J'ai rencontré lundi dernier le chef du gouvernement et je n'ai pas senti qu'il se prépare à démissionner. J'ai la conviction qu'il prend sa mission avec tout le sérieux requis et qu'il accomplit sa tâche avec professionnalisme et un haut sens du patriotisme comme à son habitude, sans donner, toutefois, l'impression qu'il veut rester à son poste à n'importe quel prix.
Pour revenir, en conclusion, au nouveau parti que les Tunisiens découvriront à la clôture du 10e congrès d'Ennahdha. Qu'en dites-vous ?
Nous n'avons pas migré d'un parti islamique à un parti laïque. Nous avons migré d'un projet islamique global même s'il ne pratiquait en réalité que la politique vers un parti politique à plein temps puisant dans l'islam du juste milieu, l'islam adopté par la Constitution et qu'épousent les Tunisiens.
Ainsi, nous sommes revenus de l'islam politique vers l'islam démocratique.
Au sein d'Ennahdha, pour nous est nahdhaoui, tout citoyen ne se déclarant pas ennemi d'Ennahdha. Le droit à la différence ne doit, en aucune manière, se transformer en droit au déni de l'autre. La différence, c'est la diversité et la démocratie, c'est la gestion de cette même diversité.


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