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L'agrégation en Lettres et en Sciences Humaines : un concours (mal)traité
Publié dans Leaders le 01 - 07 - 2016

Depuis son institution, en Tunisie, il y a 45 ans, le concours d'agrégation en Lettres et celui des Sciences Humaines n'a jamais suscité autant de commentaires, de toutes sortes. Le concours, créé en France, il y a deux siècle et demi, a concerné, dans notre pays, d'abord la Langue, les Lettres et la Civilisation arabes, depuis 1971, avant d'être étendu, au cours des 25 ans suivants, à la Philosophie, l'Histoire, la Géographie ainsi qu'aux Langues, Lettres et Civilisation françaises et anglaises. En Tunisie, comme en France, le concours de l'agrégation de l'enseignement du Second degré a été créé, d'abord, en vue de former les enseignants du Cycle Secondaire avec la possibilité d'un recrutement au niveau de l'Enseignement Supérieur. Ce concours est à distinguer de celui propre à certaines disciplines telles que les sciences économiques et la médecine et qui sert à recruter pour les grades du professorat de l'Enseignement Supérieur.
Pour 2016, une annonce tardive et un calendrier saugrenu
C'est seulement le lundi 20 juin dernier que le ministère de l'Education et celui de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, qui gèrent conjointement le concours, ont annoncé son ouverture pour l'année en cours. Cette date se situe à plus d'un mois de la date habituelle de l'annonce. Le retard avait fait courir plus d'une rumeur : suppression du concours dans la cadre de la compression des postes de la fonction publique, suppression de l'Ecole Normale Supérieure (ENS) qui prépare les candidats au concours en plusieurs disciplines… Comme aucune explication officielle n'a été donnée au retard accusé par l'autorité de tutelle, les rumeurs concernant l'avenir du concours n'ont pas cessé et se sont même amplifiées. Elles sont, entre autres, alimentées par la création mal annoncée de plusieurs centaines de places en Licence appliquée en Sciences de l'Education pour les bacheliers de la session 2016.
De l'annonce tardive a découlé un calendrier aux échéances insolites : une inscription au concours à la fin du mois de juin et des épreuves écrites qui se dérouleront à partir du … 20 juillet. Quant aux épreuves orales, dont les dates sont fixées par les jurys des différents concours, elles ne pourront pas avoir lieu avant le début du mois d'août. Ainsi les membres des jurys et les candidats auront à prolonger leur année universitaire de plus d'un mois et à travailler en pleine canicule dans des salles d'examens et des bibliothèques qui ne qui ne sont généralement pas climatisées.
Les Lettres et les Sciences Humaines, parent pauvre de l'Enseignement Supérieur
Les candidats au concours de l'agrégation des Lettres et des Sciences Humaines sont de trois catégories : un petit nombre d'étudiants de l'ENS jouissant d'une préparation spéciale et d‘une bourse préférentielle, des enseignants du Secondaire désireux d'améliorer leur statut et des diplômés qui n'ont pas encore été recrutés dans la fonction publique. Les résultats des dernières années montrent que les candidats formés par l'ENS ont des résultats très discutables. En revanche, les enseignants du Secondaire décrochent, régulièrement, une bonne partie des postes ouverts. Cette dernière catégorie subit pourtant une injustice criarde : la réglementation en vigueur ne lui permet pas de se préparer convenablement au concours puisqu'ils ne sont pas déchargés de leurs enseignements. Cette situation confortable n'existe que pour deux disciplines, les mathématiques et les sciences physiques. Elle est obtenue, pour deux ans, à la suite de l'admission à un concours organisé chaque année et ouvert aux enseignants du Secondaire ainsi qu'aux diplômés non encore recrutés. La formation, dispensée à l'Institut Préparatoire aux Etudes Scientifiques et Techniques (IPEST), est comparable à celle qui est donnée aux étudiants de l'ENS. Au cours des dernières années, de nombreux universitaires ont demandé à ce que les candidats des Lettres et des Sciences Humaines soient traités de la même manière que ceux des deux disciplines de sciences exactes privilégiées. Rien n'a été fait malgré les promesses répétées dans le cadre d'une commission ad hoc.
Le statut mineur, dans lequel les deux autorités de tutelle tiennent les humanités, se reflète aussi à travers le nombre de postes qui sont ouverts chaque année, particulièrement pour certaines matières. Pour l'année 2016, le nombre de postes pour les trois disciplines de Sciences Humaines est le suivant : 4 pour la Géographie, 3 pour la Philosophie et 3 pour l'Histoire. Il faut savoir que, pour chaque discipline, l'équipe pédagogique est formée d'une demi-douzaine d'enseignants, ayant généralement le grade de Maître de conférences ou de Professeur de l'Enseignement Supérieur. Chacun de ces enseignants consacre à son cours d'agrégation près du tiers de l'horaire hebdomadaire dont il est redevable. Aux enseignants s'ajoute, pour le jury du concours, un Inspecteur général de l'Enseignement Secondaire et, parfois, un Président du jury qui ne fait pas partie de l'équipe des enseignants. Il y a aussi à rappeler le coût de la préparation des candidats inscrits à l'ENS dont le cursus universitaire commence souvent à l'Institut Préparatoire aux Etudes en Sciences Humaines et Sociales (IPELSHT) réservé aux élèves du Secondaire ayant obtenu au Baccalauréat de bonnes moyennes. Il n'y a pas à être bon en mathématiques pour déduire que la rentabilité financière du système n'est pas du tout assurée.
Démagogie du discours des décideurs et réalités chaotiques
Le problème de l'agrégation en Lettres et en Sciences humaines ne se pose pas seulement en matière de rentabilité financière. Une question de fond d'abord : le système éducatif tunisien a-t-il besoin de l'injection régulière d'un nombre raisonnable d'agrégés dans l'Enseignement Secondaire ? La réponse est certainement oui compte tenu de deux nécessités : l'amélioration de la formation des enseignants et la motivation des enseignants pour une promotion au mérite. Se pose alors la question du nombre de postes à ouvrir chaque année. Il faut avouer que trois ou quatre postes, par an, pour certaines disciplines ne peuvent être d'aucun impact palpable. L'effet est d'autant plus dérisoire qu'une bonne partie des agrégés finit par intégrer l'Enseignement Supérieur. De là à penser que le concours de l'agrégation de Lettres et de Sciences Humaines est géré comme un mal nécessaire …
A l'heure où le ministère de l'Education proclame haut et fort sa volonté de s'occuper comme il le faut de la formation des enseignants, ne vaut-il pas mieux commencer par utiliser le levier de l'agrégation ? La lourdeur des incidences financières ne peut pas être invoquée car la plupart des enseignants du Secondaire finissent, à coups de promotions, par améliorer le niveau de leur traitement sans avoir à passer le concours de l'agrégation
Le même ministère est généreux en promesses concernant la formation des élèves dans et en dehors des salles de classe dans des disciplines qui développent l'esprit critique, éloignent le danger de l'endoctrinement et font découvrir le patrimoine naturel et culturel du pays. Quelles disciplines sont propices à cela plus que la Philosophie, la Géographie et l'Histoire ? Depuis plusieurs années, les Tunisiens sont matraqués par des slogans-alibi : ‘'l'Etat de droit'', ‘'la culture qui vaincra le terrorisme'', ‘'je suis Bardo'' … N'est-il pas temps de passer aux travaux pratiques en commençant par la formation adéquate des enseignants chargés, entre autres missions, de la transmission des valeurs. La formation de haut niveau passe, partout dans le monde, par des concours bien conçus, y compris au niveau des postes à pourvoir.
Dans l'organisation de la sélection des étudiants à partir des facultés, de l'IPELSHT et de l'IPEST en vue de la présentation de leurs candidatures au concours de l'agrégation en lettres et en sciences humaines, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a plus d'une zone d'ombre à éclaircir. Parmi ces dernières, citons le fort taux d'échec à la fin de la formation à l'IPELSHT, les performances très modestes des étudiants de l'ENS au concours de l'agrégation et le refus opposé, depuis plusieurs années, à la demande d'autorisation de la formation en année préparatoire au concours de l'agrégation (A1) malgré les nombreuses requêtes formulées par des établissements qui le mériteraient amplement.
L'insouciance particulière qui a caractérisé, cette année, l'organisation du concours de l'agrégation en Lettres et en Sciences Humaines est inquiétante à plus d'un titre. Une autocritique courageuse ne manquerait pas d'amener les deux ministères concernés à revoir un système devenu aussi obsolète qu'aberrant. Il y va de leur crédibilité et, surtout, de l'intérêt général.
Houcine Jaïdi


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