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Bilel Sahnoun : Le marché financier au service du budget tunisien
Publié dans Leaders le 10 - 08 - 2016

A travers ses multiples avantages, le marché financier tunisien peut s'avérer d'un grand concours au budget de l'Etat, en ses temps bien rudes, affirme Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis. Dans une interview accordée à Leaders, il en rappelle les leviers, notamment pour le marché obligataire, plaide en faveur de la privatisation nécessaire de certaines entreprises publiques et en souligne les bénéfices attendus. Entretien.
Quel regard portez-vous sur le budget de l'Etat ?
La politique budgétaire est un levier nécessaire à l'action économique de l'Etat. Les finances publiques n'ont plus pour seul but d'assurer les activités régaliennes de l'Etat. Elles sont devenues entre autres un instrument pour réguler l'activité économique.
La politique budgétaire, appliquée par le biais du budget de l'Etat, a pour fonction de promouvoir la croissance et la stabilisation de l'activité économique et assurer une distribution équitable des ressources entre les générations.
Pour financer cette politique, les pouvoirs publics recourent à la collecte de ressources fiscales auprès des ménages et des entreprises. Faute de ressources fiscales suffisantes permettant de couvrir ses besoins financiers, notamment ceux nécessaires pour couvrir les investissements d'infrastructures et de pérennisation des entreprises publiques, l'Etat dispose d'autres alternatives qui lui permettent de mobiliser d'importants capitaux, particulièrement par le canal du marché financier, surtout lorsqu'on constate que le Budget de l'Etat est passé de 18 à 29 milliards de dinars en 5 ans, et où la masse salariale a doublé en passant de 6,5Mds de Dinars en 2010 à 13 milliards en 2016.
Quelles fonctions peut jouer le marché financier ?
L'Etat, principal acteur de par les différentes fonctions économique, sociale et sécuritaire qu'il exerce, a tout intérêt à profiter des multiples avantages que procure le marché financier pour réaliser ses objectifs.
Le taux de la dette ayant atteint 52,7% du PIB en 2015 peut être jugé comme excessif quand on le compare aux 37,1% pour le continent africain, mais encore soutenable face aux 111% pour les Pays de l'OCDE.
C'est la structure de notre dette qui pose un problème, puisqu'elle est constituée aux 2/3 par des crédits étrangers, et uniquement 1/3 par de la dette domestique.
Quels avantages?
Plusieurs avantages peuvent être offerts par le marché financier pour pallier cette dérive:
* Le financement: le marché permet de réaliser des levées de fonds importantes par émission de titres de capital ou de dette. Un Emprunt National a été lancé en 2014 et a permis de le lever presqu'un milliard de dinars. Toutefois, sortir sur le marché une seule fois avec des montants aussi importants ne peut qu'avoir des effets néfastes sur la liquidité.
* Mon souhait est de voir des émissions plus fréquentes, 6 « Project-Bonds » par an, avec des montants bien plus réduits, et une destination des fonds connue d'avance pour chaque emprunt. Connaître le calendrier de ces sorties permettra une meilleure planification des investisseurs et des gestionnaires de fonds, ainsi qu'une meilleure transparence sur l'utilisation des fonds levés pour des projets d'investissement. C'est le seul moyen d'inculquer une culture du financement du budget par le marché local, à l'instar du Japon où la dette représente 230% de son PIB, quasi intégralement financée en interne.
* L'évaluation: le marché reflète la vraie valeur (valeur de marché) d'une société en tenant compte de sa situation actuelle et de ses perspectives. A tout moment, les actionnaires peuvent évaluer leur patrimoine et le céder totalement ou partiellement quand ils le désirent.
Je pense que cette transparence de la valorisation devrait nous autoriser à parler de nouveau de la privatisation, un terme devenu tabou depuis 2011.
L'Etat n'étant pas un bon gestionnaire d'entreprises productrices, et certainement pas dans des secteurs concurrentiels, a tout intérêt et au plus vite à se dessaisir des actifs qui seraient une source de levée de fonds importants pour le budget, encaissant d'avance des dividendes de plusieurs années, et améliorant par ricochet la part des IDE et des avoirs stables en devises.
Sans être limitatif, et outre les entreprises confisquées, je pense aux participations de l'Etat dans les secteurs des télécoms, des énergies, des banques,…
Pour ne pas brader nos deniers publics, il ne faut surtout pas trop attendre d'engager les procédures au risque d'y être obligés sous la pression des échéances futures. Profitons dès maintenant d'un certain optimisme affiché par les investisseurs tunisiens qui attendent le déclic économique après la nette amélioration de la situation sécuritaire.
Quid du marché obligataire?
Un instrument encore peu utilisé malgré les multiples solutions qu'il apporte pour faciliter le financement du déficit du budget de l'Etat.
A travers le marché obligataire, les établissements publics et les collectivités locales ayant des besoins de financements importants peuvent se procurer les ressources longues pour financer leurs programmes d'investissement, une manière de nature à alléger le budget de l'Etat. A titre d'exemple, en France, 25 collectivités se sont financées à travers de la dette en 2013. L'Afrique du Sud, le Cameroun, le Kenya et le Tchad sont des exemples de pays ayant opté pour ce type d'émission pour financer des projets importants d'infrastructure (selon une étude effectuée par la BAD sur l'accès aux marchés obligataires domestiques pour le financement des infrastructures).
Ce type d'émission publique peut s'intégrer dans le cadre de financement de projet selon la formule Partenariat Public-Privé -PPP.
Ce segment de marché peut intéresser une bonne partie des investisseurs prudents, et des institutionnels. Le rendent qu'il procure est très intéressant. Sur les 6 premiers mois de 2016, le rendement offert par les BTA à 10 ans a gagné 54 points de base.
Est-il possible de pouvoir lever autant de fonds quand on voit l'érosion du taux d'épargne nationale ?
Justement, toutes ces mesures devraient concourir au développement de l'épargne longue non seulement en regard des opportunités qu'elles offrent, mais également moyennant une série de mesures d'accompagnement.
Lorsque les injections de la BCT pour juguler la liquidité frôlent les 8 milliards de dinars, et lorsque près de 10 milliards de dinars circulent en billets et monnaie, très souvent dans les circuits de l'économie informelle, je pense qu'il y a matière à travailler la captation de ces importants fonds thésaurisés, en contrôlant davantage les directives en matière de retrait et de circulation du cash, mais surtout, et en vue de gagner du temps, en procédant au changement de nos billets de banque, une opération dont le coût serait négligeable par rapport aux retombées escomptées.
Quels sont les résultats attendus d'une telle orientation ?
D'abord, et tout en améliorant le taux de l'épargne nationale, nous allons entamer la première phase de transformation de notre modèle économique pour passer d'un marché de dette àun marché de capitaux.
D'ici 2020, on peut inverser la structure du financement du budget de l'Etat, conformément à celle des pays émergents, à savoir 2/3 par le marché domestique et 1/3 par des financements extérieurs. Nous serons ainsi moins exposés aux risques de fluctuation des devises.
L'allègement de la pression budgétaire, nous permettrait de mieux supporter la réduction du taux d'impôts sur les sociétés actuellement de 25%, contre une moyenne mondiale de 23,6% et 22,1% en Europe.
Certes nous avons raté le pic des cours de phosphates des années 2010 – 2015, très importante ressource budgétaire, mais nous devons rester optimistes et rattraper les manques à gagner tant que nous avons encore le choix de nos politiques et de nos décisions.
Et pour le marché financier ?
Je prêche pour ma paroisse. Aujourd'hui nous sommes sur un marché très faible de par sa capitalisation et les volumes traités.
Pour accéder au premier club des marchés visibles à l'international, le Frontier Market, il faut que la taille de notre marché soit multipliée par 5. Ce n'est pas impossible, à condition de ne pas se limiter aux introductions des PME du secteur privé.
C'est un préalable à l'émergence d'une place financière de Tunis, et pourquoi pas de la Méditerranée.


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