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Slaheddine Dchicha: Fillon et Trump, la droitisation du monde
Publié dans Leaders le 22 - 11 - 2016

Au lendemain des élections américaines, lors d'un débat sur la surprenante victoire de Donald Trump , organisé et diffusé par le site Médiapart, une des participantes, Madame Kristin Ross, Professeure de littérature comparée à la New York University a tenu des propos encore plus surprenants que le résultat du vote américain. Alors que les intervenants comme la plupart des observateurs étaient surpris voire choqués par le choix étasunien, elle a posé d'entrée de jeu cette rafale de questions: «est-ce que Trump est pire que Hollande? est-ce qu'il est pire que May ? est-ce qu'il est pire que Merkel…?» et non contente de cette relativisation inattendue, elle a surenchéri en demandant à propos des futures élections présidentielles en France: «est-ce qu'il y a un candidat qui est meilleur que Trump?» Et d'oser une réponse déconcertante voire provocante: «aucun»
Comparaison n'est pas raison
En ce lendemain des primaires de la droite française, faisons fi de la raison et osons la comparaison entre d'une part Donald Trump et d'autre part, le très probable champion de la droite aux présidentielles et très vraisemblable futur Président de la République, François Fillon qui vient de se qualifier au deuxième tour des primaires de la droite avec plus de 44% des suffrages, dépassant très largement et Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.
De prime abord, hormis la surprise respective que chacun a provoquée, tout semble les séparer: la formation et la personnalité, la fortune et l'expérience du pouvoir, le comportement et le discours. Mais, si on dépasse les apparences, si on ignore l'emballage verbal et non-verbal et que l'on cherche en profondeur, peut-être leur trouverons-nous quelques points communs, peut-être rendrons-nous explicites quelques similitudes que visait Madame Ross mais de façon implicite
En effet, sans pour autant tomber dans le relativisme intégral, ils partagent des convictions économiques, idéologiques et politiques.
La révolution de droite
L'un comme l'autre sont des néolibéraux. Mais alors que Trump, afin de «restaurer la grandeur américaine», prône le repli sur soi, la fermeture des frontières et l'édification de murs pour protéger le marché américain. Il pratique aussi la social-xénophobie et prône ainsi l'expulsion en masse des immigrés et des étrangers rendus responsables de tous les maux des Etats-Unis et notamment de leur déclin. On connait par ailleurs son culte de l'argent et de la réussite quels qu'en soient les moyens.
François Fillon, quant à lui, se réclame de Margaret Thatcher, son modèle qu'il admire et à qui il rend hommage en annonçant l'adoption de ses méthodes. Afin de permettre à l'économie française de conserver ou de regagner sa «compétitivité» sur la scène mondiale et de soutenir la concurrence des pays émergents, il préconise pêle-mêle: la suppression de 500000 postes de fonctionnaires, la suppression de l'Impôt sur la fortune (ISF), l'abolition de la durée légale du travail, l'augmentation de l'âge de la retraite (65ans), celle de la TVA, la réduction de 60 milliards d'euros des charges des entreprises, la réduction des dépenses de l'état de 110 milliards d'euros, la dégressivité et le plafonnement des indemnités de chômage, et la réduction des 3000 pages du code du travail en 150 pages!
Toutes ces mesures, dont certaines doivent être imposées par la force conformément aux préceptes thatchériens, font la joie des réseaux néolibéraux qui soutiennent le candidat. Candidat qui réjouit d'autres réseaux, tels ceux issus de la cathosphère et regroupés au sein du collectif «Sens commun», expression gramscienne pour désigner l'émanation politique de la nébuleuse «La Manif pour tous», ce mouvement traditionaliste défendant des valeurs familiales et sociétales conservatrices qui s'opposent durement par exemple au mariage homosexuel, à la théorie du genre, à l'homoparentalité…et à qui M. Fillon a promis de «réécrire» la loi Taubira.
Pour ce qui est des valeurs défendues par M. Trump même s'il reste flou sur ce sujet, on sait qu'il a fait les yeux doux aux évangéliques et qu'il est presbytérien. On sait surtout l'influence qu'a toujours exercée sur lui la Pasteur Norman Vincent Peale, auteur du best-seller «The Power of Positive Thinking» qui exalte le culte de la fortune et de la réussite comme « signes de la grâce de Dieu » accordée à sa créature riche. Mais ce qui est probablement le plus connu, c'est son hostilité voire sa haine des Musulmans dont il envisage d'interdire l'entrée aux USA afin de protéger les Américains de leur «terrorisme», amalgamant ainsi Musulmans et terroristes.
Remarquez la distinction entre Islam et islamisme, entre islam et terrorisme n'est pas toujours très claire non plus dans le livre que M. Fillon a publié chez Albin Michel, «Vaincre le totalitarisme islamique».Par ailleurs, l'auteur qui agite ici sur la France et le Français des menaces terribles d'invasion et de génocide, est favorable à l'expansion des écoles privées au-delà des 20% règlementaires pourvu qu'elles soient «… compatibles avec les valeurs qui sont les nôtres…», c'est-à-dire comme vous l'avez compris «non-musulmanes».
Cette hostilité anti-islam n'est pas le seul point commun entre nos deux personnages, puisque Trump tout comme Fillon sont pro-russes et ont des affinités avec Poutine qui comme chacun le sait est un fervent démocrate!
La droitisation du monde
Arrêtons là cette comparaison qui est loin d'être exhaustive et qui a peut-être forcé le trait et accentué et grossi les similitudes. C'était pour la bonne cause, afin de montrer que les différences mineures voire infimes entre les deux hommes sont des différences de degré et nullement de nature. En fait, la comparaison n'a d'intérêt ni de raison d'être que parce qu'elle révèle un phénomène qui dépasse leurs deux personnes. En effet, l'un comme l'autre constitue un symptôme d'un processus global, gros de menaces et de dangers et qui touche l'Occident comme l'Orient et le Nord comme le Sud. «La droitisation du monde».
Droitisation déjà à l'oeuvre en Pologne, en Hongrie et en Slovaquie. Elle est au Royaume-Uni depuis le Breixit.et depuis peu aux USA avec l'élection de Donald Trump. Et demain ? peut-être en Autriche et en France.


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