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Prospectives Géopolitiques au Moyen Orient et en Afrique du Nord
Publié dans Leaders le 06 - 12 - 2016

La situation géopolitique actuelle dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord trouve ses origines dans les évènements déclenchés au début des années 1990 , voire même avant , sur fond d'anciens « projets géostratégiques » inspirés des thèses initiées par le stratège Britannique Bernard Lewis sur « le Choc des Civilisations » au cours des années 1950, soutenant que « les ressentiments » des peuples du Moyen-Orient résultaient « non pas d'un conflit entre des Etats ou des nations mais du choc entre deux civilisations ( la civilisation islamique et la démocratie occidentale ) ». Le ton était clairement donné : « l'islam, par sa nature-même, était l'ennemi à abattre ». C'était à une époque où le clivage entre le « panislamisme » prôné par l'Arabie Saoudite et le « panarabisme » de Nasser en Egypte était à son summum. Le plan de Lewis était en fait conçu pour s'opposer à la montée du nationalisme arabe qui « mettait potentiellement en danger les intérêts pétroliers anglo-américains ». Il visait la balkanisation de la région s'étendant du Proche-Orient au Sous-Continent Indien dans une myriade de petits Etats fondés sur des entités tribales et ethniques. Tous les moyens étaient préconisés : changement de régimes, partition des Etats, réduction des populations et, si nécessaire, la guerre comme c'était le cas au Liban au milieu des années 1970 et entre l'Iran et l'Irak à la fin des années 1980.
Au début des années 1990 et suite à l'effondrement de l'Union Soviétique et du bipolarisme, les anciennes thèses développées par B. Lewis ont été reprises par Samuel Huntington dans « le choc des civilisations » et Francis FuKuyama dans « la Fin de l'Histoire ». Les deux ouvrages appelaient à la refonte des relations internationales et l'établissement d'un « Nouvel Ordre Mondial » unipolaire sous la conduite des Etats-Unis suite à « la victoire de la démocratie occidentale » dans la guerre froide contre les autres idéologies politiques. Les anciens projets de partition du monde arabo-musulman ont été remis à jour avec comme objectif la révision des frontières héritées des arrangements anglo-français centenaire de Sykes-Picot après la chute de l'empire othoman. Les soulèvements populaires du « printemps arabe » ont conforté les puissances occidentales dans leurs projets géostratégiques.
Du Nouveau Moyen-Orient au Printemps Arabe
Sous la direction de Bush père puis de Bush fils, en particulier, les Etats-Unis ont relancé, de connivence avec leurs alliés occidentaux, le projet du « Nouveau Moyen-Orient » visant à protéger et à garantir leurs intérêts géostratégiques incluant la sécurité de l'Etat sioniste.
C'est dans ce contexte que se sont déclenchées des guerres meurtrières et destructives dans la région(guerre Irako-Iranienne, guerre contre l'Irak, guerre d'Afghanistan ) dont les deux dernières continuent jusqu'à nos jours avec la nouvelle donne de la lutte contre les organisations terroristes et les groupes extrémistes armés.
Après la fin de la guerre Irako-Iranienne en « queue de poisson » avec des désastres humains et des dégâts matériels énormes des deux côtés mais sans utilité particulière pour les deux pays, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux se sont lancés dans une guerre destructrice contre l'Irak suite à son invasion (inspirée) contre le Koweit et sur fond de soupçons de possession d'armes nucléaires destructives (sans preuves tangibles). Sous la direction du gouverneur militaire (Brimer) l'Armée Irakienne a été dissoute, l'ex-Président Saddam Hussein a été jugé et condamné à mort, la lutte fratricide entre Chiâs, Sunnas et autres factions ethniques a été enclenchée, l'insécurité a été répandue à travers le pays engagé dans une perspective de partition en trois entités ( Chiâs, Sunnas, Kurdes ). Le transfert du Pouvoir à un gouvernement Chiite, suite à des élections dites « libres » alors que le Parti Baâth a été dissout, a facilité la réconciliation avec l'Iran et amplifié le courant exclusif contre les partisans Sunnites de l'ancien régime. Déstabilisés, les Sunnites ont réagi en rangs dispersés puis en groupes organisés contre le Pouvoir et les forces étrangères. Les frappes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont impulsé les sentiments islamophobes et aggravé la situation anarchique dans les zones d'intervention.Les actionsdes mouvements extrémistes et des fractions terroristes issues d'Elkaida ont été amplifiées.Les forces étrangères ont été contraintes de se retirer laissant le pays dévasté par la guerre dans l'anarchie totale. Ceci,évidemment, sans que les Etats-Unis n'abandonnent leurs ambitions géostratégiques inspirées des thèses de B. Lewis, S. Huntington et F. Fukuyama, visant à refondre la carte géographique de la région héritée des arrangements Anglo-Français de Sykes-Picot de 1916 qui ont préparé le terrain à la déclaration de Balfour sur l'octroi d'un territoire aux juifs sur la terre de Palestine. Raison pour laquelle ils ont gardé l'œil et la main sur la région en laissant pourrir la situation en Irak avec la complicité de parties influentes dans la zone, et saisissant tous les prétextes pour interférer dans l'imbroglio Irakien jusqu'au retour en « guerre contre le terrorisme ».
Entre temps des soulèvements ou révolutions populaires non organisés ont éclaté fin 2010-début 2011, suit à la révolution tunisienne et ont rapidement atteint la Libye, l'Egypte, la Syrie et le Yemen. Comme si elles étaient préparées, les puissances occidentales n'ont pas tardé à manifester leur soutien à ces mouvements qu'elles ont qualifié de « printemps arabe ». Non seulement elles ont affiché une position de « laisser-faire laisser-aller », mais elles ont contribué activement à la chute meurtrière de l'ex-président Kadhafi.En fait l'hypothèse d'un encouragement de changement des régimes arabes « usés » ou « moribonds » aura été préconisée au sein des cercles fermés des instituts de recherches prospectives Américains avec la contribution des « stratèges » militaires Israéliens du Likoud dans le cadre d'une étude sur « la fin du 20ème siècle et le début du 21ème siècle ». L'Algérie a été visée dans ce contexte et a été la première à payer cher son « printemps » dans le cadre de la « décennie de sang » perpétrée par le « front islamique du salut ».
Certes , les têtes de régime sont tombées dans les pays touchés par les soulèvements (sauf le président Assad) , mais partout en Syrie, en Libye et au Yemen (comme en Irak) le paysage politique demeure imprégné par l'enlisement dans de véritables guerres intérieures fratricides et des luttes interminables contre les groupes terroristes amplifiées par l'apparition de l'organisation de « l'Etat Islamique Daech » maitrisant militairement une bonne partie du territoire Irakien , déclarant le « Khalifat Islamique » avec Mossoul comme capitale , et devenue partie prenante dans la guerre de Syrie contre les forces du régime, les éléments alliés de « Hezb Allah » et les forces étrangères occidentales enlisées dans l'imbroglio Irako-Syrien . Les cas de Tunisie et d'Egypte ont été maitrisés de manière différente, non sans sacrifices et dégâts, grâce à une transition politique pacifique sans pour autant que les deux pays soient parvenus au bout de leur peine dans la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme et dans le rétablissement de la stabilité économique et sociale.
Perspectives Géopolitiques Non Prometteuses
L'entrée sur scène de la Russie depuis plus d'un an ( à la demande de la Syrie , en coordination avec l'Iran et l'Irak et avec le soutien de la Chine ), saisissant la position floue et hésitante de la coalition occidentale n'affichant pas une volonté réelle de mettre fin à une situation de guerre longue de plus d'un quart de siècle, a conforté relativement la position du régime Syrien dans sa guerre contre les factions de l'opposition armée et les groupes terroristes sans pour autant parvenir à maitriser la situation sur le terrain pourrie par les bombardements destructifs des forces de la coalition occidentale et de l'aviation Russe, comme c'est le cas depuis des mois à Mossoul, Alep etRikka centre de repli des forces de Daech. Bien plus l'apparence de coordination entre la Russie et la coalition occidentale n'a pas longtemps résisté à l'opposition des intérêts stratégiques des deux clans dans la région. Tous les rounds de négociations, directes ou avec la contribution de l'ONU, n'ont pas abouti à des résultats positifs et rien ne va plus sur le plan diplomatique entre les deux parties depuis l'échec de la réunion du Conseil de Sécurité sur la suspension des frappes aériennes russes sur Alep à cause de l'usage du droit de véto. Signe d'un échec renouvelé de l'ONU devenue un instrument des grandes puissances pour justifier , en cas de besoin , leurs interventions militaires dans des Etats souverains sous le parapluie de l'article 7 de la charte justifiant ce qui est convenu d'appeler dans le nouveau jargon juridique international le « droit légitime d'intervention » au détriment du principe sacré de « non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats ».Et les ambitions ne s'arrêtent pas aux grandes puissances puisque la Turquie demeure sur ses gardes contre les velléités indépendantistes des Kurdes et ne cache pas ses intérêts au Nord de l'Irak en relation avec la refonte éventuelle des frontières héritées des arrangements de Sykes-Picot.
La situation en Irak et en Syrie demeure incertaine et reste ouverte sur toutes les perspectives y compris la partition ( l'Irak en trois entités et la Syrie en deux ) , la scission du Yemen entre Nord et Sud serait très probable à l'instar de ce qui s'est produit au Soudan.
Le climat géopolitique de la région plonge encore dans l'incertitude suite aux dernières déclarations de Abou-Baker Elbaghdadi , en pleine guerre de Mossoul , où l'essouflement semble gagner les troupes de Daech , dans lesquelles il tentait de remobiliser ses combattants de la Sunna en particulier, les inviter à poursuivre la « révolution » contre les gouvernements arabes et islamiques et à persévérer dans la voie de la défense du « Khalifat Islamique », mettant l'accent sur la mobilisation des éléments « jihadistes » contre « les mécréants et les croisés » . Pour la première fois l'émir de Daech a expressément donné l'ordre à ses combattants d'exécuter des opérations contre la Turquie « désormais incluse dans le champ du jihad ». Il n'a pas épargné « l'Arabie Saoudite et ses émirs », ni les « Frères Musulmans » qu'il qualifie de « Zanadikas », mais sans parler des Kurdes et de leur rôle dans la guerre probablement pour les « ménager » dans leur différend historique avec les pays de la région. Plus grave encore Baghdadi a appelé les habitants de Mossoul de « Mouhajirine et Ansar » et a parlé de « l'émigration » vers ce qu'il appelle « les émirats de l'Etat saint (moubaraka) » en Libye, en Egypte, en Somalie et au Yemen, dans une allusion à un redéploiement probable en direction de ces pays pour poursuivre le « jihad » après la chute éventuelle de Mossoul et de Rikka .
Dans tous les cas, le danger terroriste persiste et les agendas des grandes puissances restent ouverts à toutes les hypothèses surtout après le retour en force de « l'ours blanc » sur la scène revendiquant sa place dans les « eaux tièdes » pour défendre ses intérêts dans la région face à l'hégémonie affichée par les puissances occidentales. Si bien que l'hypothèse d'un retour à la guerre froide n'est pas à exclure dans un avenir proche ou lointain en fonction de l'évolution de la situation géopolitique en rapport avec la prise du pouvoir par les Républicains aux Etats-Unis. Bien que le courant semble passer entre le président russe Poutine et le prochain président américain Trump , au sujet de certains dossiers chauds (Islamisme, terrorisme, Syrie), le style affiché par le nouveau maitre de la Maison Blanche et ses tendances politiques proches de l'extrême-droite n'augurent pas de perspectives prometteuses pour la région y compris en ce qui concerne le Dossier Palestinien. Tout porte à croire que le nouveau président US compte marcher sur les traces des anciens Reagan, Bush père et Bush fils, et faire plus pour restaurer la « grandeur américaine » quelque peu affectée au cours de la dernière décennie avec l'échec de l'unipolarisme dans l'établissement d'un nouvel ordre international sous la conduite des Etats-Unis.
Cependant l'évolution des relations internationales dans le sens d'un nouveau bipolarisme avec le retour en force sur scène de la Russie, voire dans le sens d'un multipolarisme avec l'apparition du groupe des pays émergeant(BRICS), serait une perspective envisageable. Dans ce contexte l'hypothèse d'un « réchauffement » de la guerre froide ne serait pas sur la base de différends idéologiques, mais sur la base de conflits d'intérêts sécuritaires et de compétitions d'ordre essentiellement économique.
Impact prévisible sur la région maghrébine
La Libye demeure l'épicentre de la géopolitique de la région maghrébine en relation avec les évènements du Moyen-Orient.La situation n'y est pas moins incertaine qu'en Syrie ou en Irak et le gouvernement d'union nationale soutenu par les Nations Unies n'a toujours pas obtenu la confiance du « Parlement de Tobrouk ». Cependant, dans ce climat défavorabledes forces relevant du gouvernement d'union nationale, avec l'appui de l'aviation US, mènent avec succès une bataille de libération de la ville de Syrte occupée par des factions armées appartenant à Daech. Différentes sources d'informations indiquent que les éléments de Daech seraient déstabilisés et contraints de se retirer en direction du sud pour s'installer dans lesahara libyen. L'objectif serait de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de redéploiement dans la zone sahélo-saharienne en coordination avec les groupes rebelles actifs dans la région tels que « Almourabitoun » et « Boukouharam » pour s'étendre en direction des pays maghrébins et des pays Africains du sud du Sahel (Mali, Niger).
La situation demeure caractérisée par l'instabilité, l'insécurité voirel'anarchie en l'absence de cohésion entre les protagonistes du paysage politique et de volonté réelle tendant à réaliser l'unité nationale dans le but de refonder l'Etat Libyen . Une situation d'incertitude dont l'ombre s'étendra sur l'espace sahélo-maghrébin et qui n'est pas sans danger pour les pays maghrébins eten particulier pour la Tunisie.
Evidemment, pour défendre leurs intérêts stratégiques sur le plan sécuritaire et au niveau du contrôle de la manne des ressources naturelles, les puissances occidentales sont omniprésentes dans la zone à travers les éléments de leurs services de renseignements ou des forces spéciales déployés sur place, les postes de surveillance et de contrôle et les bases opérationnelles installés dans les environs au sud de l'Italie, à Malte et au Sud de l'Espagne. En prévision du redéploiement des groupes terroristes en direction de la zone sahélo-maghrébine, les Etats-Unis semblent mettre tout le secteur sous « haute surveillance » à partir du sud du Maroc et à travers le commandement actif « AFRICOM » en Afrique de l'Ouest. L'œil des Etats-Unis et la main de la France aussi sont sur la région, au Mali, au Burkinafaso et au Niger.
Tous les indicateurs géopolitiques montrent que la région maghrébine n'est pas à l'abrid'une nouvelle étape de confrontations avec les groupes terroristes, non sans intervention des puissancesétrangères, avec parfois des affrontements entre groupes rivaux comme serait probablement le cas entre les éléments de Daech et d'Aqmi, qui ne seraient pas sans dommages collatéraux pour les pays concernés.
La coordination sécuritaire aux frontières est satisfaisante entre la Tunisie et l'Algérie convaincues que l'affrontement du danger terroriste dans la région ne peut être réussi que grâce à l'intensification de la coopération pour garantir la sécurité des frontières au Nord, à l'Est et au Sud. Il y va de la sécurité nationale des deux pays. Force est d'affirmer cependant quel'extension et le renforcement de la coopération au niveau maghrébin s'imposent en termes stratégiques pour garantir la sécurité de tous les pays dans le cadre d'une « approche sécuritaire maghrébine globale » permettant d'affronter solidairement le défi terroriste et les implications des développements géopolitiques sur la région. Dans ce contexte, il serait hautement recommandé d'envisager la mise en place d'un « Mécanisme Sahélo-Maghrébin de Coordination et de Coopération sécuritaire » avec la contribution des pays sahéliens et éventuellement en collaboration avec l'ONU. Une telle initiative pourrait être inspirée de l'expérience Sino-Asiatique dans le cadre de « l'Organisation de Coopération de Shanghai » créée depuis plus de 15 ans à l'initiative de la Chine en coordination avec la Russie et avec la participation des Etats d'Asie Centrale dans le but de contenir les groupes religieux extrémistes et de lutter contre leurs actions terroristes.
Pour conclure il n'est pas aisé de se prononcer sur l'avenir de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord qui baigne encore dans un espace mouvant sous l'effet des ambitions géostratégiques des grandes puissances doublées d'une guerre anti-terrorisme sans limites. Tout porte à croire que la région ne connaitra pas de sitôt son équilibre, sa sécurité et sa stabilité dans un climat géopolitique instable caractérisé par des changements aussi fréquents sur les plans politiques, diplomatiques et militaires au niveau régional et international. Le dernier évènement de taille, susceptible d'avoir des répercussions sur la situation trouble dans la région, est venu des Etats-Unis impliqués jusqu'au cou dans la guerre, suite à l'élection d'un nouveau président républicain en la personne de Donald Trump homme de droite et néo-libéral qui ne cache pas ses ambitions pour la restauration de la « grandeur américaine » dans un monde tendant vers la « droitisation ».
Est-ce le retour aux anciennes thèses sur « le choc des civilisations » et « la fin de l'histoire » ? Ou la réaffirmation de l'islamophobie « violente » sous le parapluie de la guerre contre « le radicalisme du terrorisme islamique »? Est-ce la refondation de la « mainmise » des Etats-Unis sur le monde ? Est-ce latrêve avec la Russie, le temps de venir à bout des guerres contre« l'islamisme terroriste » ? Ou le recul du spectre d'un nouvel épisode prévisible de la guerre froide ? Est-ce le temps pour de nouvelles coalitions dans la région dans le contexte de la récente loi « JASTA » dirigée contre les Etats « soutenant » les organisations terroristes ? Autant de questions complexes qui demeurent sans réponses en attendant l'évolution des positions des uns et des autres, notamment après la prise de fonctions du nouveau président US et sa confrontation avec la réalité du pouvoir.Sans tomber dans les excès je suis tenté de copier Bernard Lewis, dans ce qu'il disait il y a un demi-siècle à propos de l'islam, en scandant que le terrorisme est, de par sa nature-même, l'ennemi à abattre, sans toutefois minimiser la réflexion selon laquelle « le terrorisme n'est que le sommet visible d'un iceberg qui s'appelle la stratégie du choc des civilisations ».
Pour revenir sur terre, je dirais que notre chère patrie est sur la bonne voie de la reconstruction politique et recherche encore la voie de sa stabilisation économique et sociale. Elle vient de réussir la conférence Tunis 2020 sur la relance de l'investissement. Continuons sur la même lancée pour concrétiser les promesses annoncées. Pour y parvenir on doit persévérer dans la voie de la réconciliation globale en vue de rétablir l'unité nationale seul gage de venir à bout des défis intérieurs et extérieurs qui nous guettent dans notre marche salutaire sur la voie de la prospérité inclusive et globale. Sur le plan diplomatique la Tunisie gagnerait à faire preuve de plus d'audace pour faire remuer les choses au niveau maghrébin, en particulier pour rapprocher les positions entre les parties du paysage politique Libyen en vue d'ouvrir des perspectives favorables à la paix.


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