Tunisie - Tanzanie 1-1: Une qualification amère    La Cour de cassation confirme la responsabilité d'une clinique privée dans le décès du journaliste Abdel Raouf Al-Mkadmi    Zaghouan : saisies massives de miel et pâtisseries avant le Nouvel An !    Le téléviseur LG Micro RGB evo au CES 2026 : un premier téléviseur RGB haut de gamme    Match Tunisie vs Tanzanie : Où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 30 décembre?    Eclipse solaire 2027 : la plus longue obscurité totale du siècle approche !    ESET Research révèle LongNosedGoblin, un nouveau groupe APT aligné sur la Chine    Fin de la facture papier : comment se préparer à la facturation électronique?    La startup "PayDay" et la "BTE" lancent une nouvelle dynamique bancaire à fort impact RSE    Tunisie Telecom organise son premier "TT Family Day": la famille pilier de la stabilité professionnelle et la performance de l'entreprise    Météo en Tunisie : températures en légère baisse    Note de lecture : Une Reine sans royaume, de Hella Feki    Hammam-Lif : lancement officiel des travaux de restauration du Casino historique    CAN 2025 : Composition probable des Aigles de Carthage face à la Tanzanie    CAN 2025 : Qui rejoint les huitièmes de finale et rêve de gloire africaine ?    Diffusion Tanzanie - Tunisie : sur quelle chaîne TV regarder le match en direct ?    La Tunisie fixe un plafond pour les taux d'intérêt des micro-crédits : qu'est-ce que cela signifie pour les citoyens ?    Aujourd'hui, dernier délai pour régulariser les voitures ''N.T''    Tunisair, bus et métro : Kaïs Saïed lance la reconquête du transport public    Tensions Riyad–Abou Dhabi : le Yémen devient le théâtre d'un affrontement entre alliés    George Clooney et sa famille deviennent Français et s'installent en Provence    Météo en Tunisie : temps nuageux, pluies éparses la nuit    L'ATB et Visa International célèbrent les grands gagnants du jeu-concours ATB & Visa à l'occasion de la CAN Maroc 2025    Volcan Etna en Sicile : ses effets atteignent-ils la Tunisie ?    Signature de cinq accords tuniso-saoudiens à Riyad    Décès de Brigitte Bardot, icône du cinéma et militante pour les animaux    Tunisie-Nigéria (2-3) : La déception et des interrogations    Match Tunisie vs Nigeria : Où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 27 décembre ?    Grand concert du nouvel An à Tunis : l'Orchestre symphonique Tunisien au théâtre de l'opéra (Programme)    Festival international du Sahara 2025 à Douz : tourisme et artisanat au cœur de la 57e édition    Météo en Tunisie : pluies orageuses sur le Nord et localement sur le Centre    De l'invisibilité à l'hyper-visibilité: le voile dans l'imaginaire onusien    Les couleurs du vivant: Quand la biologie et l'art se rencontrent    Tunisie-Japon : SAITO Jun prend ses fonctions et promet un nouvel élan aux relations bilatérales    Festival Saliha de la musique tunisienne à la ville du Kef : ateliers, concerts et spectacles (programme)    Kaïs Saïed : seule l'action sur le terrain fera office de réponse    Yadh Ben Achour reçoit le prix Boutros Boutros-Ghali pour la Diplomatie, la Paix et le développement (Vidéo)    Tunisie Telecom lance sa campagne institutionnelle nationale «Le Don des Supporters»    Match Tunisie vs Ouganda : où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 23 décembre?    Riadh Zghal: Le besoin de sciences sociales pour la gestion des institutions    Le carcadé: Une agréable boisson apaisante et bienfaisante    Elyes Ghariani - Le Style Trump: Quand l'unilatéralisme redéfinit le monde    Slaheddine Belaïd: Requiem pour la défunte UMA    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Père, mère et corruption
Publié dans Leaders le 13 - 08 - 2017

Un visiteur étranger, déambulant dans les rues de Tunis, s'est exclamé: «Pourquoi les Tunisois acceptent des rues aussi sales? Pourquoi les gens sont si peu civilisés une fois dans la rue, alors que l'intérieur des maisons est parfaitement propre». J'allais lui sortir mon refrain habituel sur la révolution et ses conséquences, il m'arrêta net: non, c'est une constatation qui vaut pour beaucoup de pays. Les rues sont sales car les gens n'ont pas le sentiment que l'espace hors de chez eux leur appartient, ce n'est pas un prolongement de leur vie sociale et communautaire. La rue appartient à l'autre. Quasiment un étranger, pire, un ennemi, alors on se défoule comme on peut, surtout si la police ferme les yeux ou est absente. Les gens n'ont pas le sentiment que l'Etat leur appartient, au mieux ils obéissent, au pire ils subissent, mais sont toujours prêts à la fronde.
Je lui rappelai, pour consolider ses propos, que les Tunisiens ont historiquement été gouvernés par des étrangers: Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Berbères islamisés, Turcs, Français. Et que depuis le chef Jugurtha, Bourguiba fut le premier enfant du pays à prendre les rênes du pouvoir, mais que la défiance envers l'Etat reste ancrée dans les habitudes. Je concède que cela est insuffisant pour expliquer une telle attitude. C'est comme si le sol sur lequel ils vivent ne leur appartenait pas. Comme si c'était la terre d'un ennemi qu'on peut salir, défigurer, sans y prêter plus d'attention. Dans certains pays, on apprend aux enfants que la terre de leur pays est leur mère qui les a enfantés; pourraient-ils salir le visage de leur mère?
Cette discussion m'amena à réfléchir de manière plus générale au rapport que le Tunisien entretient avec l'Etat et l'Etat avec le citoyen.
Le Tunisien infantilisé
Pour le psychiatre que je suis et l'observateur neutre de la vie politique dans notre pays, une constatation s'impose. Depuis Bourguiba qui appelait les Tunisiens «mes enfants!», le Tunisien est infantilisé. Il attend tout de l'Etat: scolarité, aides sociales, travail, soins de santé et a peu d'initiative. C'est un citoyen socialiste mais sans engagement patriotique au vrai sens du terme. Son rapport à l'Etat est ambivalent: il attend tout de lui et le craint en même temps. Petit à petit, se sont mises en route des procédures de bakchichs, de pots-de-vin, de café, de pistons pour faire en sorte que l'administration réponde aux besoins tout en diminuant l'angoisse que génèrent ses couloirs, ses guichets et ses agents imbus de leur personne. Les agents de l'Etat, ses fonctionnaires, citoyens par ailleurs, n'échappent pas à la règle : ils sont constamment dans l'attente d'une promotion, d'un avantage et usent aussi des mêmes procédés qu'un citoyen lambda pour arriver à leurs fins. La boucle semble bouclée. Une corruption soft était déjà à l'œuvre dans les années Bourguiba, où beaucoup de nominations se faisaient sur une base régionale et, indirectement, favorisaient les hommes et les investisseurs originaires du Sahel. Elle a parallèlement permis un développement du Sahel au détriment d'autres régions. Sous Ben Ali, elle prendra une ampleur considérable et se transformera en système mafieux qui se prolonge jusqu'à nos jours avec juste un changement d'hommes et de dimensions.
Tout se joue au niveau symbolique
Mais les gènes de la corruption, de l'incivisme, de la saleté sociale, comportementale, mentale sont là sous toutes les formes et je les rapporte volontiers à une explication éducative simple qui s'articule avec l'analyse historique citée plus haut. L'enfant tunisien et arabe de manière plus générale est élevé dans une famille où la femme est méprisée, déconsidérée, où la mère subit l'autorité absolue du père et n'aura pas d'appui plus sûr que ses propres enfants. Elle fait tout pour les amener à elle, surtout ses enfants mâles, et instaure avec eux une relation particulière où l'affectif, parfois avec une dimension hystérique, se conjugue avec le comment fuir le père et son autorité. Or le père est la loi. La non-intériorisation de la loi de manière totale tout en ayant conscience de sa portée et des conséquences de sa non-observation amène l'enfant à agir sur deux niveaux contradictoires: un niveau social où il joue l'enfant idéal et un niveau phantasmatique où il garde ses pulsions de toute-puissance et de destruction de l'ordre établi pour gagner l'amour de sa mère. Tout ceci se joue bien évidemment à un niveau symbolique et dépend de la singularité de la famille et de l'éducation de chacun. Quand le Tunisien comprendra que l'Etat n'est pas sa mère et le pouvoir son père, mais des institutions censées organiser la vie de tous, quand il comprendra que le sol de son pays est sa propriété la plus chère qu'il partage avec d'autres citoyens, qui ne sont pas ses frères avec qui il est en concurrence pour l'amour de sa mère, mais des personnes auxquelles il est lié par l'appartenance nationale et le destin commun, quand le Tunisien s'acceptera enfin comme il est et cherchera à améliorer son sort non pas en jouant à l'hystérique auprès de l'Etat mais en comptant d'abord sur lui-même, quand il acceptera enfin de faire l'effort de se prendre en charge et d'être responsable partout où son action s'exerce, alors, peut-être, nous cesserons de parler, dans une autre dimension tout aussi hystérique, de la corruption..
Sofiane Zribi


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.