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Mohamed Salah Ben Ammar: Vous avez dit populisme?
Publié dans Leaders le 03 - 06 - 2019

« Aucun peuple n'a jamais reconnu son dictateur à l'avance…celui-ci se présente toujours comme l'instrument de la volonté nationale constituée. » D. Thompson
Aujourd'hui quand on regarde d'est en ouest, du nord au sud, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, dans toutes les cultures, dans les religions monothéistes ou non, pas une région n'échappe aux discours dits populistes. Notre petite planète est en danger.
L'argentin Ernesto Laclau définit le populisme comme une pensée politique qui repose à la fois sur la vision d'un peuple qui fait bloc face à une élite usurpatrice et sur une promotion de de l'identité nationale face aux dangers de l'extérieur. Il valorise les petits contre les gros, les pauvres contre les riches, cela finit toujours par déboucher par la désignation d'un bouc émissaire (les riches, les étrangers, les intellectuels, les habitants de la côté…) et par la promotion du protectionnisme contre la mondialisation. C'est surtout une façon de saper la démocratie représentative et valoriser une soi-disant démocratie directe. Évidemment dans cette façon d'aborder les problèmes de sociétés les élus sont vus dans l'esprit de tout un chacun comme « tous pourris », la « justice corrompue » ainsi de suite. On préconise l'instauration de systèmes parallèles au détriment des institutions pour lutter contre ces fléaux que sont la corruption, l'insécurité, le chômage, la pauvreté etc... En réalité le choix de contourner les institutions n'est pas innocent, il est même extrêmement pervers. L'objectif non déclaré est de contourner les corps intermédiaires, la justice, la police, l'administration, miner la confiance et in fine avoir les mains libres. Sabrer dans les filets sociaux permet par exemple de se substituer à eux en instaurant des mécanismes malsains de soutien aux nécessiteux.
Les populistes s'approprient allégrement la parole du peuple ou même parfois celle de Dieu. Ils prétendent le représenter et parler en son nom. Ils raisonnent comme si dans un pays le peuple était un bloc uniforme et ne parlait que d'une seule voix. Simpliste ? Pas tant que cela.
L'emploi du mot populisme ou populiste n'est pas anodin, il véhicule une lourde charge morale négative. C'est un mot valise, il y a des populismes de gauche et d'autres de droite, des populismes de gouvernement et des populismes d'opposition, il y a des populismes identitaires, d'autres religieux. Dès qu'une idée ne plait pas elle est qualifiée de populiste, sachant que ceux qui crient au loup sont souvent aussi populistes que ceux qu'ils accusent de l'être…
Mais nous retrouvons toujours la même méthode, des discours enflammés et des solutions qui sont tellement « évidentes », comment n'y a-t-on pas pensé ? Seules les orientations changent... Pierre Rosanvallon voit dans le discours populiste une triple simplification, une simplification politique et sociologique, une simplification procédurale et institutionnelle et une simplification du lien social. Le fait est que cela est toujours symptomatique d'un échec de la démocratie représentative.
Karl Marx décrit merveilleusement le mal « Il est à la fois le symptôme d'une détresse réelle et l'expression d'une illusion. Il nait sur le terrain d'une crise. Il ne fait pas qu'exprimer un mal intrinsèque. Il est le point de rencontre entre un désenchantement politique, tenant à la mal représentation, aux dysfonctionnements du régime démocratique, ainsi qu'au point de jonction de ce désenchantement avec un désarroi social, liée à la non-résolution de la question sociale aujourd'hui, avec le double sentiment d'impuissance, d'absence d'alternatives et d'opacité du monde qui en découle ».
Toutes choses égales par ailleurs, dans notre pays une fois l'élan révolutionnaire passé, la récupération de la vague dégagiste de 2011 est l'illustration de cette dérive de notre jeune démocratie. Face à de réels problèmes, pour les nouveaux politiciens en herbe et les anciens thuriféraires de Ben Ali, les solutions étaient simples, on promet, on crée des emplois, on achète et face aux échecs de tous ordres, on dégage les plus vulnérables, on utilise l'administration comme fusible pour masquer les échecs. Cela peut aller jusqu'à la dissolution d'un ministère entier ! L'essentiel est de brouiller les pistes, de flatter les instincts primaires, d'aller dans le sens du courant, distribuer les promesses et garder l'œil sur les sondages. Et gare à ceux qui s'écartent du droit chemin.
A mon humble avis, ce n'est pas ainsi que nous ferons réussir notre révolution.
Les dérives constatées sur la scène politique nationale et internationale sont évidentes, elles traduisent un échec dans le système démocratique. Faut-il pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain ? Dans les sociétés mêmes celles qui prétendent être de vieilles démocraties, il y a eu une rupture de la confiance commune, le Brexit en est la criante illustration. Clairement la redistribution des richesses, le partage équitable n'ont plus fonctionné et comme attendu, les populistes n'ont pas tardé à s'engouffrer dans la brèche, non pas pour la colmater mais malheureusement pour justement l'élargir.
Chacun se reconnaitra mais tous les partis politiques, à des degrés variables se sont essayés à des degrés divers aux discours populistes. C'est la facilité et cela peut rapporter gros à très courts termes seulement. Tous sans exception, ceux qui dénoncent, ceux qui promettent, ceux qui gouvernent, chacun y est allé de son petit couplet.
L'histoire nous apprend que cette façon d'aborder les réels problèmes de nos sociétés est la pire des solutions. Elle évite à avoir à se pencher sur les racines du mal et à faire un travail de réflexion sincère pour résoudre les difficultés inhérentes à toute vie communautaire. Plus graves cette façon de faire débouche toujours sur l'exclusion de l'autre, la haine de l'autre et à l'extrême elle provoque des guerres, parfois civiles et elle mène à la dictature.
A l'inverse la construction démocratique qui se base sur un renforcement permanent d'un régime de production d'une vie commune équitable et solidaire car la démocratie a toujours été source de bien-être social, comme le souligne Rosanvallon «…dans l'histoire de la démocratie, l'histoire de l'État-providence a été inséparable de celle du régime démocratique ».
Ne jamais s'endormir sur ses lauriers et toujours redéfinir le contrat social, les normes sociales surtout pour les plus vulnérables, ouvrir d'autres espaces de liberté, d'autres façons de communiquer, donner la parole, privilégier l'écoute, et cela devrait être beaucoup plus facile à l'ère des réseaux sociaux, voilà la démarche vertueuse. Reconstruire (redresser) en permanence car elles s'érodent toujours au fil du temps, les mécanismes assurant l'égalité des chances, est la meilleure façon pour faire face aux dangers du populisme.
C'est ce dont nous rêvons pour notre société, malheureusement et à la veille d'une campagne électorale qui s'annonce sale, la voix de ceux qui s'opposent à ces dérives populistes n'est pas encore audible. Ils sont nombreux mais divisés, gardons l'espoir de les entendre rapidement, dans les prochains jours défendre notre démocratie.


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