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Les paradoxes de la démocratie à la tunisienne
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 11 - 2014


Par Mohamed KOUKA
Je ne peux entamer cet article sans avoir une pensée à la mémoire de Abdelwahab Meddeb. Je l'avais vu à l'occasion d'une représentation de ‘Saheb Al himar' de Fadhel Jaziri. Il n'avait pas manqué de me rappeler, gentiment, qu'adolescents nous avions partagé, au collège, la même classe, c'était au tout début des années soixante. Je ne l'ai plus revu depuis, plus d'un demi-siècle s'est écoulé, je ne puis me targuer de son amitié, je suis plutôt un lointain admirateur. Cependant, j'ai beaucoup appris à sa lecture. C'était un esprit libre, éminemment érudit. Un solide ‘Aufklärer' en ces temps hantés par l'obscurité. II percevait dans la culture une manière dont la nature nous prépare à la liberté guidée par la raison. Face à tous les dogmatismes, il invitait à avoir le courage de penser par soi-même comme l'exigent les philosophes des Lumières. «Même parmi les étoiles, il se peut trouver une route pour nous connaître nous-mêmes», dixit Thales de Milet... Abdelwahab Meddeb était un mystique, grand lecteur d'Ibn Arabi, ce que j'ai découvert sur le tard.
Venons-en à ce qui nous préoccupe terre à terre : les élections. Le peuple a fait, souverainement, son choix lors des élections législatives. Il a élu ses représentants, tout en prenant soin d'écarter ceux dont il ne veut plus voir jouer un rôle déterminant dans le gouvernement du pays. Les recalés, les réprouvés par la majorité des électeurs ne le voient pas ainsi. Ils ne démordent pas ; eh bien, chassés par la porte ils rappliquent par la cheminée, même pas par la fenêtre. Couverts de suie de la défaite, ils espèrent jouer, encore, les premiers rôles dans la direction du pays. La stratégie imaginée pour ce faire : rassembler tous les vaincus, tous ceux dont le peuple n'en veut plus, la soi-disant social-démocratie, pour présenter un candidat unique à la présidentielle. Le président de l'Assemblée nationale sortante, leader de cette coalition ne peut, aussi bien, tracer une synergie de l'échec.
La qualité du discours politique de la quasi majorité des candidats à la présidence, à l'exception de un ou deux prétendants, ne vole pas si haut que cela ; on aura entendu des vertes et des pas mûres. Ces éventuels présidents découvrent la misère qui sévit dans les campagnes, dans les villes dans les milieux populaires, ils s'intéressent aux laissés pour compte, aux marginaux, aux démunis, chacun détient la solution miracle, la clef de sésame, pour remédier à la paupérisation de la masse. Parmi les candidats, il y en a qui, à chaque fois qu'il bute sur une difficulté, pense trouver le remède idoine dans le recours aux spécialistes. Que faire contre le grave déficit commercial du pays ? «J'aurais des conseillers spécialistes en la matière avec moi», dit le postulant. Que faire pour lutter contre la vie chère, l'insécurité, le terrorisme ? Imperturbable, le candidat ne jure que par ses futurs éventuels ‘conseillers spécialistes'. Que dire de cet autre candidat prétendu ‘indépendant' mais qui est, par ailleurs, tête de liste du parti religieux. La dernière, et non la moins piquante, c'est ce candidat qui se targue, dans une radio, de bien s'entendre aussi bien avec sa femme qu'avec son amante. Présider aux destinées du pays ne doit pas être plus compliqué. Nous sommes en plein vaudeville, du sous-Feydeau quoi. Nous sommes au pays d'Ubu, le fameux roi de la pièce théâtrale comique d'Alfred Jarry. Je me demande si, avant de se lancer dans la course, certains candidats, en se rasant le matin, ne se sont-ils pas bien regardés dans une glace. Si, ils se sont regardés et ils se sont tous vus ‘président'... dignes successeurs du maréchal Ammar... Quelques prétendants un peu plus lucides viennent, opportunément, de déclarer forfait et c'est tant mieux. Lors des élections législatives, le peuple tunisien a démontré combien il était mûr pour un fonctionnement moderne de la politique. Surclassant une classe politique défaillante, opportuniste, indigente et populiste. Les politiciens pratiquent une démocratie d'opinion, alors que le peuple vient de prouver, lors des dernières législatives, qu'il est dans une pratique démocratique qui s'appuie sur la raison, le bon jugement. En fait, lors de ces dernières élections, la raison a bien rejoint l'histoire.
Ces législatives, suite à l'échec du parti religieux, n'ont pas manqué de soulever, de nouveau, la question de ce qu'on nomme laïcité. D'après certains, il ne faut pas verser dans le sens de la presse occidentale et parler de victoire des laïcs, car nous sommes de confession musulmane. Il faut plutôt parler de sécularisation, arguant que la notion de laïcité induit l'athéisme. Mais remontons à l'origine du malentendu qui amalgame laïcité et athéisme. Au tout début du vingtième siècle, des cheikhs islamistes conservateurs, pour contrer toute velléité de modernité, n'ont pas trouvé mieux que de traduire le terme laïcité par «la-diniya», a-religion, ce qui induit bien évidemment l'athéisme et ainsi juguler toute velléité un tant soi peu moderniste. On n'a cessé, depuis, de mettre au banc des infidèles mécréants tous ceux qui sont soupçonnés de laïcité. Que règne l'ordre obscur !
Mais laïcité n'est pas du tout synonyme d'athéisme ni d'irréligion comme on a tendance à le croire. Le mot laïcité vient du terme grec ,'laos' qui désigne l'unité d'une population, considérée comme un tout indivisible. Le laïc est l'homme du peuple, qu'aucune prérogative ne distingue ni n'élève au-dessus des autres : ni rôle reconnu de directeur de conscience, ni pouvoir de dire et d'imposer ce qu'il convient de croire. «Pas de contrainte en matière de religion !», n'est-ce pas ? Que chacun apprenne à vivre ses convictions de façon suffisamment distanciée pour exclure fanatisme et intolérance. Principe de distance intérieure qui sous-tend la tolérance civile et rend possible le débat dans l'espace public. Ainsi comprise, la laïcité n'est pas de l'ordre d'une option spirituelle particulière, mais constitue une condition de possibilité, ce que Kant appellerait un cadre transcendantal. Il ne peut y avoir, donc, aucune hostilité de principe de la laïcité envers la religion. A cet égard, l'athéisme militant des pays staliniens est aussi éloigné de l'idéal laïc que n'importe quelle monarchie wahhabite.
Contrairement à la laïcité, la sécularisation consiste en un processus d'émancipation des consciences et des sociétés humaines ainsi que des Etats s'étendant sur des siècles comme ce fut le cas des sociétés européennes dont le phénomène s'est enclenché avec la Renaissance, il y a quelque six siècles, et s'est accéléré depuis le XVIIIe siècle avec la révolution industrielle et l'avènement des lumières. Cette sécularisation peut prendre des formes et rythmes différents, néanmoins les individus, les peuples et les Etats cesseront alors peu à peu de s'inspirer des religions dans leurs pratiques sociales. Cette approche se réfère à Max Weber et à sa notion de « désenchantement ou démagification du monde» que l'on trouve dans son livre ‘l'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme'.
La sécularisation peut être entravée par le manque de laïcité. La laïcité peut être bloquée, à son tour, par le manque de sécularisation...Quoi qu'il en soit, citoyens, n'oubliez pas d'aller voter nombreux le 23 novembre. Continuons à marquer l'Histoire et à épater le monde...


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