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Elyès Fakhfakh: le Making of de sa désignation par Kaïs Saïed
Publié dans Leaders le 05 - 02 - 2020

Lorsque son téléphone portable a commencé à vibrer, ce samedi 18 janvier, affichant un appel masqué à partir d'un «''numéro privé», Elyès Fakhfakh était à mille lieues de penser qu'il allait être invité à rencontrer le président de la République le jour même. L'ancien ministre du Tourisme, puis des Finances, sait que le ‘'numéro privé'' est celui de Carthage, et il sait aussi que deux partis, Tahya Tounes et Ettayar, ont proposé sa candidature pour former le nouveau gouvernement, après que l'ARP eut rejeté celui conduit par Habib Jemli. Mais, il ne s'attendait pas à cet entretien, en guise d'oral pour un casting très serré.
C'est la première fois que Kaïs Saïed et Elyès Fakhfakh se rencontrent. Tous deux avaient postulé à la magistrature suprême en septembre dernier. Ils ont dû s'observer lors de la campagne électorale, sans jamais se retrouver face à face ni avant, ni pendant, ni après. L'un raflera le scrutin, avec une majorité record de 72.7%, absolument inédite, et l'autre s'est classé 16e sur les 26 candidats, avec un fort maigre score de 0.34% des suffrages, mais laissant une bonne image.
L'entretien se passera bien, révèlent à Leaders des proches de Carthage. Kaïs Saïed mettra rapidement à l'aise son hôte, lui posera une ou deux questions, et l'écoutera attentivement. Pendant plus de 45 minutes, Fakhfakh exposera sa lecture des résultats issus des urnes, son analyse des attentes des différentes catégories du peuple tunisien et sa vision pour y répondre. Calme et attentif, le chef de l'Etat le relancera pour lui demander de détailler telle ou telle solution envisageable. Saïed voulait connaître de près le sens de son engagement politique, son rêve pour le pays, son ambition pour la nation et les valeurs qu'il incarne. Courtoisement, il le saluera avec un large sourire à l'issue de l'entretien, sans laisser paraître aucun signe particulier pouvant être compris comme un message. Deux autres candidats potentiels, Fadhel Abdelkéfi et Hakim Ben Hammouda, ont subi le même oral, pratiquement selon le même déroulé.
Deux jours après, Tunis bruit de rumeurs et des pressions contraires s'exercent ici et là dans les états-majors des partis politiques, voire sur Carthage. Dans la journée, Saïed avait reçu Rached Ghannouchi, président de l'ARP et chef d'Ennahdha, puis Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt. Les avait-il consultés ou s'était-il contenté de les mettre au parfum de sa décision ? Difficile à vérifier.
C'est encore un ‘'numéro privé'' qui appelle Fakhfakh, pour une autre audience, l'après-midi avec le président de la République. Certainement pour le remercier de leur premier entretien, pensent des proches de Fakhfakh, et lui indiquer que sa candidature n'a pas été retenue, comme cela se fait dans les castings de recrutement, ainsi qu'au sommet de l'Etat dans certaines démocraties. Mais les optimistes y voient plutôt un signe positif. «C'est fait !», pronostiquent-ils.
Effectivement, Elyès Fakhfakh est reçu en fin d'après-midi par le président Saïed qui lui remettra la précieuse lettre de désignation. Le texte est explicite : des intentions sincères, une volonté irréductible, et l'application de la loi à tous, mais aussi l'éradication de la malversation, l'écoute des catégories marginalisées, des chômeurs et des indigents. Le président de la République insistera beaucoup lors de ce moment solennel intégralement rapporté par une vidéo diffusée par la Présidence, ensuite lors du tête-à-tête avec Fakhfakh, sur la fidélité aux martyrs de la révolution et ses blessés, la conformité à la légitimité des élections, insistant qu'il ne s'agit nullement d'un gouvernement du président et que l'ultime décision reste du ressort de l'ARP uniquement. Et de ponctuer que «tous doivent assumer leurs responsabilités devant Dieu, le peuple et l'Histoire».
Les raisons d'un choix
L'explication du choix de Fakhfakh est ainsi fournie et sa feuille de route est bien tracée. Kaïs Saïed sait bien qu'il n'avait pas été élu sur un programme, mais des valeurs et qu'il a été porté à Carthage par plus de 2.7 millions de Tunisiens, désenchantés, en colère, qui ont perdu confiance dans la classe politique, se sont lassés de leurs fausses promesses et de leurs basses pratiques. Le grand clignotant rouge sur son tableau de bord, c'est cette masse de Tunisiens laissés pour compte, abandonnés à leur triste sort dans l'indifférence des politiciens mus beaucoup plus par le pouvoir, sa sinécure et ses avantages que par une volonté de servir la nation.
Cette fois sa responsabilité est engagée. Si au premier coup d'essai, le parti arrivé le premier propose un chef de gouvernement, pour le second et ultime recours, sous peine de dissolution éventuelle du parlement, Saïed se met en première ligne. Il sera ainsi jugé selon son choix et n'a pas alors droit à l'erreur. Les options sont multiples, mais la question fondamentale est de savoir s'il compte rompre ou non, ne serait-ce que progressivement, avec le régime semi-parlementaire institué par la Constitution de 2014, en désignant un candidat «docile» qui fera office beaucoup plus de Premier ministre que de chef de gouvernement, comme l'accusent ses détracteurs. Insondable sur ses véritables intentions, il brouille les pistes, mais sème des indices.
Dans sa grille d'évaluation, le président Saïed a privilégié «un engagement déterminé, une fibre sociale sincère, un programme intéressant et une priorité absolue du social à servir par l'économique et le politique», estime un connaisseur du sérail. D'ailleurs, il sera bien servi avec les trois nominés, Abdelkéfi, Ben Hammouda et Fakhfakh. Son arbitrage final en faveur de ce dernier peut se comprendre en raison d'atomes crochus, d'une appréciation de la campagne menée par Fakhfakh, avec comme slogan «Changer de logiciel» et de son alignement sur les messages profonds envoyés par les électeurs. Sans oublier le poids de ses parrains, Tahya Tounès et Ettayar.
Les ancrages fondateurs
Dans ces deux partis, et malgré leurs différences, Elyès Fakhfakh compte en effet des amitiés solides. «Tahya Tounes, explique un analyste, constitue une synthèse entre des destouriens, des figures de l'ancien régime qui acceptent et reconnaissent la révolution et des démocrates. Quant à Ettayar, il porte les gènes d'un mouvement radical, irréductible sur les principes de lutte contre la malversation et les abus, proche des couches les plus défavorisées, engagé dans la restauration de l'identité nationale et l'ancrage de la Tunisie dans son contexte arabo-musulman.» Fakhfakh représente, selon ses proches, une bonne équation entre ces deux positionnements et l'incarnation d'un triptyque formé par l'Etat, la révolution et la réforme.
«Je sais que ça ne sera pas facile, l'aurait prévenu Saïed, nous dit-on, lors de leurs rencontres successives après sa désignation. Vous serez la cible de pressions fortes et incessantes et ils vous en feront voir de toutes les couleurs. Mais, j'ai grande confiance en vous. Mettez le cap sur le peuple, faites-en votre boussole. Pensez toujours au pauvre, à celui qui peine à subvenir à ses besoins de base, vivote à peine. Ce sont eux notre grande priorité.» Totalement aligné sur le point d'horizon fixé par Carthage, Fakhfakh se sent pousser des ailes et n'hésite pas alors à faire fi de Qalb Tounès et du PDL. Sans se douter qu'il se fourvoie dans un jeu très subtil qui risque d'opposer en sourdine Ghannouchi et Saïed. Alors qu'il doit rassembler la majorité la plus large à même de faciliter le vote de ses projets de loi et de soutenir sa politique, il se prive de l'appui de deux partis qui comptent et les poussent à une opposition qui s'annonce fort agitée, estiment des analystes.
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