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Kamel Ayadi: Le virus de la mort nous offre une belle leçon de vie
Publié dans Leaders le 15 - 04 - 2020

J'ai tout le temps éprouvé de la fascination envers les scientifiques qui ajoutent une profondeur philosophique à leurs pensées et analyses des sujets ordinaires, et qui trouvent dans la spiritualité des explications aux choses et aux évènements. Il m'est arrivé dans mes voyages en Asie d'écouter des conférenciers dotés de cette capacité.
Décidément il y a sans doute un côté spirituel à ce que nous vivons en rapport au coronavirus. Cette pandémie n'est pas juste le fruit d'un accident de la nature ou le résultat d'un contact pervers entre un individu et une chauve souris. Cette pandémie a un sens plus profond qu'il faut savoir interpréter.
Les leçons qu'on peut en tirer doivent amener tout à un chacun, qu'il soit leader, décideur ou citoyen ordinaire à se remettre en cause. Sur le plan individuel, nous devons nous interroger sur notre rapport avec l'autre et avec la réalité, et sur le plan collectif questionner notre relation avec la nature. Les nations qui en sortiront grandies seront celles dont les citoyens opéreront un retour vers les sources des valeurs humaines, vers les idées humanistes pour envisager des solutions globales pour l'avenir. Tandis que les pays qui en sortiront affaiblis seront ceux qui choisiront la fuite en avant, qui s'enfonceront dans l'individualisme et l'utilitarisme à travers la recherche du salut pour soi, sans penser à ses conséquences sur les autres.
Nous voyons déjà émerger les deux tendances, les analyses altruistes et généreuses, ainsi que les tendances individualistes qui appellent au repli et au protectionnisme. Les appels vers la relocalisation industrielle que nous lisons dans les médias occidentaux illustrent cette seconde tendance. Leurs auteurs croient avoir trouvé le bon argument pour limiter la dépendance vis-à-vis de l'extérieur en matière de produits essentiels dans les circonstances particulières, comme celles que nous vivons avec la pénurie des équipements médicaux en Europe.
La délocalisation qui est le mouvement inverse de la relocalisation est celle qui a, entre autres, aidé les pays en développement à développer un embryon d'industrie et à s'arrimer à la mondialisation grâce aux miettes qui leur sont concédées par les pays industrialisés sous forme d'externalisation. C'est le mouvement qui a permis aux pays pauvres de développer un savoir faire et d'offrir à leurs citoyens des emplois faiblement rémunérés. Remettre en cause ce mouvement revient à renier à ces pays le droit au développement et conduira à un néolibéralisme encore plus sauvage.
Cette pandémie sera maîtrisée tôt ou tard. Une fois qu'elle aura été jugulée, elle nous rappellera des vérités que nous avons tendance à oublier et ouvrira nos yeux sur des évidences que nous avons cessé de voir: Elle nous rappellera:
• Que nous sommes tous vulnérables, que nous vivons dans l'illusion du confort, de la sécurité, de la richesse, de la puissance, de la supériorité, de la suprématie, alors que notre niveau de vulnérabilité est plus bas qu'on ne pouvait l'imaginer.
• Elle nous rappelle que notre santé est la chose la plus précieuse que nous puissions posséder; que nous arrivons à la négliger ou parfois à l'échanger irrémédiablement, contre quelques acquis de la vie, auxquels nous nous attachons jusqu'au moment où nous réalisons que nous sommes prêts à tout sacrifier une fois que notre santé est en danger: Partout dans le monde les gens ont accepté le confinement au risque de tout perdre: l'emploi, les salaires, la richesse, le pouvoir, l'entreprise, le confort de vie, l'économie, etc
• Elle nous rappelle que notre pays est notre unique refuge et que la famille est notre sécurité au moment de l'adversité. On peut quitter son pays pour avoir une meilleure vie ailleurs, mais on le préfère à n'importe quel autre pour y mourir. Nous avons vu les tunisiens fiers de leur pays et de ses citoyens (médecins, armée, policiers, ingénieurs, industriels, militants associatifs, etc), plus enclins à reconnaître leurs mérites, à valoriser et à saluer leurs exploits, même les plus simples.
• Elle nous rappellera que dans les moments difficiles une conscience juste émerge, même chez nos concitoyens les plus ordinaires, qui d'habitude se laissent facilement berner d'illusions et de mensonges. Ils ne croient plus, ils n'écoutent plus que ceux qui sont dignes d'être écoutés. Les vraies valeurs émergent dans les moments difficiles et l'écume disparait, plus de place pour les populistes pour les marchands de rêves (فأما الزبد فيذهب جفاء)
• Elle nous rappellera que ‘'rien n'est jamais acquis à l'homme''. Tout peut changer, tout peut basculer à n'importe quel moment et qu'un petit germe microscopique peut être plus puissant qu'un tremblement de terre qu'un volcan. Le génie humain qui a réussi à développer une superpuissance nucléaire capable de détruire 150 fois la planète, peut être à son tour éliminé par la plus petite créature de cette même planète
• La “crise” du coronavirus nous amène à nous interroger sur nous-mêmes, sur le sens que nous voulons donner à notre existence, à nos relations avec les autres. Elle nous rappelle que notre égo est notre mauvais conseiller, que plus on s'en affranchit plus on se rapproche des autres et mieux on les connaitra.
• Elle nous rappelle, aussitôt que nous sommes pris de panique, que nous sommes tous égaux dans ce bas monde, que notre présumé supériorité n'est qu'une construction de l'imagination pour cacher nos faiblesses.
• Elle nous rappellera que l'humilité est le meilleur rempart contre nos erreurs, que des vertus comme la compassion, la solidarité ne sont pas faites pour enrichir notre vocabulaire, mais pour être vécues dans la réalité. Nous connaissons toutes les ambitions, mais pas suffisamment celle d'être utile aux autres.
Ce que nous sommes entrain de vivre à l'heure actuelle est parmi les rares moments de vérité qui nous sont donnés à vivre. Il nous faut parfois des circonstances pénibles, des tragédies pour prendre du recul, pour réfléchir, et surtout réfléchir différemment. C'est au moment où l'on risque de perdre l'essentiel, qu'on peut relativiser l'importance du reste. Sachant pérenniser cette vision lorsque la crise sera dépassée. Sachant nous recentrer pour comprendre l'essentiel du reste. Cette crise doit conduire à de nouveaux questionnements à l'échelle des individus, des pays et des régions. Il y a des exemples dans le monde qui peuvent illuminer notre lanterne dans la recherche du changement.
Je ne peux pas m'empêcher d'exprimer au terme de cette réflexion ma forte admiration aux hommes les plus généreux au monde et pour leurs combats pour aider les autres. Vous les connaissez bien. Ce sont en majorité des hommes d'affaires américains (Bill Gates- Microsoft, Warren Buffet-Oracle, Gordon More-Intel, Mark Zuckerberg-Face Book, etc).Tout le monde connait le combat de Bill Gate et sa femme pour éradiquer l'Ebola et le Malaria en Afrique où il a dépensé presque toute sa fortune. Le dernier en date le patron de Face Book a fait don de 99% de ses actions pour une fondation philanthropique.
Je me suis toujours interrogé sur le secret de cette culture des affaires, qui fait qu'un homme commence avec un petit start-up où il y met toute son énergie, il travaille jour et nuit, il réussit, et son entreprise grandit jusqu'à atteindre la taille d'une multinationale. Au moment où il atteint l'apogée, le summum de la réussite, le plus haut niveau de la créativité il décide de faire don de toute sa fortune ou presque et se convertit à son tour en un nouveau métier, celui d'altruiste désintéressé. Il s'agit du cursus professionnel type d'un homme d'affaires dans ce pays. Moi qui suis de formation ingénieur, curieux et fasciné par la puissance de la technologie, je suis plus impressionné par la force et les ressources intérieures qui conduisent quelqu'un comme Bill Gates à se comporter de cette manière, plus que par ses exploits technologiques. Finalement, cette force, cette dimension humaine ne sont-elles pas à l'origine de sa réussite professionnelle ? Il y a sans doute un côté spirituel qui fait la force de ces gens.


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