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Ali Chelbi - Covid-19 : Une opportunité pour la Tunisie à travers une offre stratégique de la logistique
Publié dans Leaders le 08 - 05 - 2020

Par Ali Chelbi, Directeur du bureau ACC - La pandémie vécue par le monde entier a suscité de nombreuses remises en cause des politiques de délocalisation en Asie conduites depuis les dernières décennies par un grand nombre de filières industrielles des pays européens et des USA. La délocalisation de filières stratégiques, l'éloignement des sites de production et la difficulté d'un approvisionnement urgent des produits fabriqués par les usines ainsi délocalisées ont mis au-devant de la scène une problématique jusque-là considérée comme relativement secondaire, à savoir celle de la logistique.
On s'est ainsi souvenu que, malgré la performance des moyens de transport, en particulier maritimes, les produits nécessitent un temps minimum d'acheminement. De plus, les méthodes de prévision et de planification ont beau être de plus en plus sophistiquées, les stocks minimum considérés comme optimaux ne sauraient faire face à des situations imprévisibles comme celle du coronavirus.
On a donc assisté à une course effrénée à la mobilisation des moyens de transport les plus volumineux et rapides, parmi lesquels l'avion-cargo russe le plus gros au monde; et une surenchère pour s'approprier les produits comme les masques ou les produits pharmaceutiques.
Une nouvelle vision a alors vu le jour, remettant en question le sacro-saint principe de compression des coûts, pour introduire celui de produits «stratégiques» dont l'approvisionnement ne devra plus obéir exclusivement au critère du coût le plus bas. Un nouveau critère de proximité du site de production sera dorénavant pris en compte pour traduire la sécurité de l'approvisionnement des produits stratégiques.
Partant de cette nouvelle vision, des unités de fabrication de masques se sont relocalisées en France et produisent avec un surcoût jugé acceptable, ce qui, il y a quelques mois était impensable.
De plus, l'Etat est devenu plus interventionniste, et considère que, pour ces produits «stratégiques» son accord est désormais nécessaire avant d'autoriser une délocalisation. Le président Trump, connu pourtant pour son libéralisme à outrance, a dernièrement pris une telle décision.
Au-delà des produits stratégiques, la crise sanitaire a également montré que la trop grande complexité de chaines de valeur mondialisées, mobilisant des centaines de fournisseurs sur l'ensemble de la planète, induisait également une grande fragilité qui risquait de compromettre le fonctionnement de filières entières, comme l'industrie automobile.
Un risque ou une opportunité pour la Tunisie ?
D'aucuns verront cette nouvelle donne comme un risque élevé pour la Tunisie, puisque notre industrie repose en grande partie sur la délocalisation d'activités des pays du Nord.
Ce risque existe. Mais il peut aussi être transformé en opportunité, grâce à une offre logistique performante. Et ce, d'autant que la Tunisie est beaucoup moins éloignée de l'Europe que la Chine ou le Bangladesh.
En effet, des infrastructures et des services logistiques performants peuvent atténuer fortement l'effet négatif de l'éloignement géographique et placent les unités industrielles tunisiennes sur le même pied d'égalité que leurs consœurs européennes. Pour s'en convaincre, il suffit de valoriser la longue expérience en matière de « Just in time » dans l'industrie exportatrice tunisienne des secteurs textile, composants automobiles ou encore dans l'aéronautique. Rappelons que cette pratique permet d'exporter les produits avec départ de Tunisie le samedi pour être livrées au client européen le lundi.
Cet atout n'est pas à la portée de n'importe quel pays, et la Tunisie a pu le mettre à son profit depuis des décennies.
Malheureusement des signes de recul sont apparus ces dernières années, avec notamment les faibles performances du port de Radés, ses conflits sociaux et le retard dans la mise en œuvre des gros projets comme le port d'Enfidha,…
La conjoncture de la pandémie actuelle est une occasion unique pour réactiver ces projets et faire de la Tunisie un hub logistique au service des activités exportatrices.
La relocalisation de l'industrie en Europe donnera probablement lieu à des mouvements d'implantation des sites de production sur le vieux continent, notamment ceux qui pourront supporter un différentiel de coût de production non négligeable. Cependant, la recherche de plus de proximité par les entreprises européennes ouvre une opportunité pour la Tunisie. Elle peut accueillir des activités générant des opérations devant être plus proches du marché européen que l'Asie orientale et à des coûts de production inférieurs à ceux de l'Europe.
Cette opportunité peut malheureusement lui échapper si l'offre logistique tunisienne est défaillante. Cette défaillance amènerait les entreprises européennes qui veulent localiser une partie de leur production dans des régions proches du continent européen en substitution à l'Asie, à investir dans un pays ayant un meilleur système logistique. Au contraire, une meilleure performance de la logistique permettrait à la Tunisie de constituer une destination compétitive.
Une offre logistique tunisienne pour saisir cette opportunité
Pour saisir cette opportunité, il y a lieu d'élaborer rapidement une stratégie et une feuille de route pour l'amélioration de la performance logistique de la Tunisie. Cette stratégie comportera une offre logistique à court, moyen et long terme de la Tunisie destinée aux opérateurs internationaux et locaux pour répondre à leurs préoccupations en matière de délocalisation - relocalisation. L'offre logistique à concevoir devra comporter des indicateurs précis sur les performances de la chaîne logistique que la Tunisie s'engage à respecter. Ces indicateurs traiteront aussi bien de la date de la mise en place des grands projets, que des paramètres opérationnels de la logistique comme le délai de passage aux ports, la valorisation du métier de logisticien, l'offre en bâtiments et équipements modernes… Pour ce faire, un partenariat avec les professionnels du secteur (patronat et syndicats) et les pouvoirs publics est nécessaire afin d'aboutir à une approche partagée et réaliste.
A cet effet, il convient de saluer l'initiative du Ministère du transport et de la logistique visant le lancement d'une réflexion sur la stratégie de la logistique, et ce, bien avant l'apparition de la crise du coronavirus. L'ajout récent du terme « logistique » dans la dénomination de ce Ministère est un signal positif en faveur d'un intérêt accru à ces questions.
Les erreurs à éviter
La Tunisie n'est pas seule à pouvoir proposer une telle offre stratégique. Plusieurs pays concurrents sont dans une position similaire à la nôtre et sont à même de saisir cette opportunité en offrant une infrastructure et des services logistiques plus performants.
De ce fait, le temps est un facteur hautement stratégique. Toute perte de temps sera fatale aux pays qui voudront se positionner avec une telle offre. Nous avons une expérience malheureuse dans ce sens avec le port d'Enfidha, dont l'idée, à l'origine tunisienne, a été reprise par certains pays concurrents pour la mettre en œuvre, avec succès, chez eux.
Une autre erreur serait de reproduire les approches bureaucratiques et procédurales comme la récente affaire de la fabrication des masques en Tunisie ou celle de l'interdiction de leur exportation, heureusement levée par la suite.
Ces erreurs ont un impact négatif sur l'image du pays, déjà fortement mise à mal après la désorganisation et les incertitudes de l'après-révolution.
Plusieurs acteurs locaux et étrangers de la logistique ont été déçus des contre-performances du dispositif tunisien. La crédibilité des réformes futures est lourdement malmenée. C'est là un défi de taille que de restaurer la confiance à travers cette proposition d'offre logistique stratégique.
L'enjeu est énorme. Un nouveau départ pour la Tunisie est possible.
Nous ne devons pas décevoir les attentes des professionnels et de celles de milliers de demandeurs d'emplois.
Ali Chelbi


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