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Sofiane Zribi - De Mohamed Bouazizi à George Floyd: La colère du petit peuple !
Publié dans Leaders le 07 - 06 - 2020


Mohamed Bouazizi
Ce matin brumeux du vendredi 17 décembre 2010, Basboussa comme l'appelle sa mère, ou Mohamed comme il est d'usage de l'appeler, de son vrai nom Tarek Bouazizi, est un vendeur ambulant de fruits dans la petite ville tunisienne de Sidi Bouzid. Il n'a ni autorisation, ni papiers en règle. Le hasard a voulu qu'il rencontre ce matin-là, des agents municipaux qui guettaient les infractions. Sa balance et sa charrette lui furent confisquées et la légende rapporte qu'un agent Fayda Hamdi l'aurait giflé (un non-lieu a été prononcé par la suite à son profit). Fou de rage, il se rend devant le siège du gouvernorat, réclamant qu'on lui restitue son gagne-pain. Devant la surdité des autorités locales, il s'immole par le feu et meurt le 4 Janvier 2011 de ses blessures. La suite, le monde entier la connait, la calme et douce Tunisie entre en ébullition, grèves, manifestations, révoltes, violences vont aboutir à des dizaines de morts et la fuite du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, laissant la Tunisie en pleine tourmente.
George Floyd
Le lundi 25 mai 2020, George Floyd, un citoyen américain de race noire, est interpelé par quatre policiers à Minneapolis, la capitale du Minnesota, État du Midwest américain, bordant la frontière sud du Canada. Il travaillait comme videur de boîte de nuit et avait un casier judiciaire pour vol à main armée dans un autre état, le Texas, où il vivait auparavant. Il a été rapporté qu'il a été un basketteur et un rappeur peu connu. Ce funeste lundi, il aurait acheté des cigarettes avec parait-il un faux billet de vingt dollars, refusant de rendre les cigarettes au vendeur qui a constaté l'infraction, la police est appelée à la rescousse et l'arrête avec une brutalité inouïe.
Un policier, Derek Chauvin, le plaque au sol et appui fortement sur son cou avec son genou sous le regard et les caméras des témoins. Il crie « I can't breath » mais cela n'ébranle en rien la détermination du policier. Neuf minutes plus tard il est transporté inconscient en urgence à l'hôpital en état de mort apparente.
Cet évènement déclenche soudainement des émeutes et des violences à Minneapolis, et puis partout aux États unis. D'abord, confinées à la communauté Black, elles s'étendent très rapidement à d'autres franges de la population, blancs, hispaniques, immigrés et bientôt toutes les couches de la population. Des hommes politiques comme Barak Obama ou Joe Biden, des artistes renommés, ou des intellectuels s'associent pour condamner les violences de la police au petit peuple.
La police est dépassée, l'Armée ne répond plus !
Donald Trump, comme Zine El Abidine Ben Ali, et comme tant d'autres dirigeants confrontés à des situations similaires, ne semble pas prendre la mesure de la portée de ces évènements. Il appelle à plus de fermeté devant les manifestations. Comble de la provocation dans un pays en feu, il se fraye un passage dans la foule massée devant la maison blanche, à coups de matraque et de gaz lacrymogène, pour poser devant une église toute proche, la Bible à la main, appelant l'armée à intervenir.
Ce qui est curieux, c'est comme jadis le fit le général Rachid Ammar, en retirant à Ben Ali le soutien de l'armée, c'est au tour des généraux américains de refuser de retourner les armes contre leurs concitoyens ! C'est ainsi que le général James Mattis a ouvertement critiqué son président dans une tribune ouverte au magazine « The Atlantic », alors que l'Amiral Mike Mullen ne se privait pas de faire part de ses réserves. Mais le plus étonnant, est venu de l'homme de confiance que Trump avait lui-même placé à la tête du Pentagone, Mark Esper qui n'a pas hésité à clamer haut et fort son désaccord.
On ne sait pas quel impacts ces évènements auront sur la réélection de Donald Trump, mais force est de constaté, que l'histoire est une éternelle répétition de situations similaires.
Les raisons de la colère
Quand le pouvoir devient violent, détaché de la peine éprouvée au quotidien par ses citoyens, uniquement soucieux de ses chiffres économiques, et de plaire à ses soutiens, une fracture s'opère entre l'élite et la base et il suffit d'une étincelle pour enflammer ce mélange détonnant.
Loin de nous de verser dans des analyses simplistes, reprenant le manifeste de Marx. Les sociétés actuelles sont loin des sociétés industrielles du XIXème siècle et le capitalisme qui devient la norme dans la majeure partie de la planète prend des formes diverses et variées.
Du capitalisme social des pays scandinaves, au capitalisme d'état de la Chine, passant par les capitalismes mafieux des dictatures et des pays en voie de développement et les capitalismes des états dirigés indirectement par les multinationales, la question soulevée par les masses est sensiblement la même :
Comment s'opère la répartition des richesses ?
Il parait évident, alors que nous entamons la troisième décennie de ce XXIème siècle, que cette question est la plus importante que nous pouvons nous poser.
Oxfam a publié en 2019 un rapport intitulé «Services publics ou fortunes privées» (https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/620599/bp-public-good-or-private-wealth-210119-summ-fr.pdf) où on apprend qu'une augmentation de seulement 0,5 % de l'impôt sur la fortune des 1 % les plus riches permettrait de collecter plus d'argent que le budget nécessaire pour scolariser 262 millions d'enfants dans le monde ou pour sauver la vie de de 3,3 millions de malades.
Selon les chiffres de l'ONG, dont la méthodologie s'appuie sur les données publiées par la revue Forbes et la banque Crédit suisse 2.153 personnes disposent désormais de plus d'argent que les 4,6 milliards les plus pauvres de la planète et 119 personnes rassemblent à elles seules 451 milliards d'euros.
Pour se maintenir dans une situation d'injustice criante par rapport à leurs bases, les gouvernants ont toujours besoin d'user de la peur et de la violence, même dans des pays supposés évolués et développés comme les USA, la Chine, la France (cf. le gilets jaunes) ou la Russie.
Une société hyper connectée n'est pas gouvernable dans la violence et l'injustice !
Hier la Tunisie, aujourd'hui les USA, on apprend que toute situation d'injustice ne peut durer éternellement. Le fil magique des réseaux sociaux a paradoxalement donné une voix aux opprimés et aux silencieux.
Facebook a joué un rôle majeur dans la révolution Tunisienne et continue à jouer un rôle moins glorieux dans la manipulation des opinions à des fins électorales, politiques ou purement criminelles.
Les tweets de Donald Trump semblent pour le moment se retourner contre lui, et même twitter prend ses distances avec ses publications. Mais la manière et la façon dont l'Amérique s'est enflammée laisse perplexes les analystes quant à la puissance des réseaux sociaux qui se sont unanimement mobilisés.
Un nouveau pouvoir prend forme, à côté des pouvoirs législatifs, judiciaires, exécutifs et médiatiques, celui des réseaux sociaux. Aujourd'hui, il semble de plus en plus prendre la primauté sur toutes les autres formes du pouvoir et nous amène à réfléchir avec une certaine acuité la forme que prendront les organisations des sociétés humaines futures.
Plus besoin de motiver et de haranguer les masses, un post sur Facebook ou un tweet suffit ! Le monde est en train de changer. Les sociétés humaines aussi. C'est maintenant au tour des décideurs d'apprendre que désormais c'est par la raison et le dialogue qu'il faut gouverner et maintenir l'ordre.
Ben Ali a interdit Facebook, Trump tweete durant ses fréquentes insomnies, une cyber humanité est en train de naître où la violence doit rester l'exception de l'exception pour un décideur s'il veut aspirer à durer.
Sofiane Zribi
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