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Covid-19: les Tunisiens ayant chanté tout l'été
Publié dans Leaders le 21 - 08 - 2020

Par Monji Ben Raies - Les Tunisiens ayant chanté tout l'été vont se retrouver fort dépourvus quand la bise va venir. Pas de plan sanitaire pour contrer la deuxième vague de la pandémie ; pas assez de lits pour accueillir les personnes affectées ; pas de vrais médicaments, sinon ceux du ‘'petit bonheur la chance'' ; et les responsables de santé qui regardent les gens tomber malades en tenant journellement la comptabilité du nombre de cas, en distinguant ceux importés de ceux locaux pour tromper la routine. Le nouveau jeu à la mode, est de déplacer le nom des Etats d'une liste verte à une liste orange ou rouge ou inversement.
Nous assistons à une hausse du nombre de contaminations alarmante, dans le monde et la Tunisie n'est pas épargnée, ayant raté son retour à la vie normale. Face à la progression de la maladie au cours des dernières semaines, la Tunisie a perdu sa position de modèle à suivre. L'Observatoire National des Maladies Nouvelles et Emergentes a annoncé que nous étions entrés de plain-pied dans la vraie vague de la pandémie qui pour nous sera la première. Le déconfinement "à l'aveuglette" sans réelle et efficaces mesures de surveillance aura été notre grande erreur. Il n'est plus sûr que l'on puisse dire que nous nous en sortions bien.
Ce n'est tout simplement pas le cas, face à la hausse du nombre des nouveaux cas, notamment dans le sud et dans le centre et la multiplication des clusters, et aussi face à l'insouciance des citoyens tunisiens. La décision même du confinement, comme celle des masques, ne reposent pas sur des données scientifiques établies, claires et démontrables. Tout du moins ce serait une précaution parmi d'autres plus conséquentes. Pour garder une note d'espoir, il faut considérer que de nombreux exemples dans le monde entier ont montré que même si l'épidémie est très intense, elle peut encore être ramenée sous contrôle par une gestion rationnelle. Or cette denrée manque à la situation tunisienne, compte tenu de l'incompétence des responsables du secteur de la santé. Ce regain de la maladie est inquiétant à l'approche de la fin des vacances administratives et scolaires et en amont d'une rentrée à hauts risques. Aussi le protocole sanitaire à l'école doit être revu totalement.
Depuis le 27 juin dernier, nous assistons journellement à une hausse du nombre de contaminations enregistrées subissant une progression qui s'infléchit vers l'exponentiel. On nous annonce sur un ton monocorde 116 nouveaux cas et 3 décès en 24h, entre le 19 et le 20 août 2020. Depuis cette date fatidique, nous avons l'impression qu'il y a beaucoup d'agitation mais que l'on ne contrôle plus rien et que la machine sanitaire s'est emballée. Cerise sur le gâteau, Monsieur le Ministre de la santé par intérim dans son illustre ignorance, n'a même pas su expliquer ce qu'était un porteur sain du virus, dans une interview à la télévision nationale. Pour lui, les porteurs sains ne présentent aucun risque, alors qu'ils sont les vecteurs de la maladie sur de grandes distances. Il est sûr que ces personnes ne présentent aucun symptôme de la maladie et vivent très bien avec, mais ils sont tout autant capables de transmettre le virus aux autres qui pourront déclarer la maladie. Les choses sont annoncées comme des dépenses d'épicerie, la langue de bois continue son œuvre tout comme les mensonges, la situation est banalisée au point que le commun n'accorde plus d'intérêt à ce qui est annoncé ainsi qu'aux mesures barrières. Les ministres font leur show pour leur galerie et la société est livrée à elle-même, sans équipage. Le navire vogue à la dérive sans personne à la barre.
La vraie pandémie, celle qui risque de faire plus de ravages dans le monde que la première vague, est arrivée en Tunisie et prend ses marques. Nous en sortir, dépendra de notre capacité à respecter une discipline sans faille concernant les gestes sanitaires de sécurité sans gesticulations inutiles. Port du masque dans les lieux d'attroupement, arrêt de l'activité chirurgicale dans les hôpitaux, nomination d'un ministre rôdé, le plus rapidement possible aux commandes du ministère de la santé, se débarrasser des amateurs en place partout où ils constituent des obstacles à l'efficience et à l'efficacité.
Par ailleurs concrètement, isoler Gabès et Kairouan n'a aucun sens au stade actuel du fait que l'on compte de nombreux cas partout ailleurs, dans plusieurs gouvernorats, même si l'on prend en compte le rapport population et cas positifs. Et ce, tant que l'on n'aura pas identifié le patient 0.
Le bilan des cas confirmés d'infection au coronavirus s'est élevé, selon l'observatoire des maladies nouvelles et émergentes. Actuellement 25 % des cas confirmés sont sous surveillance médicale ce qui démontre l'insuffisance de l'action menée. Les autres sont porteurs sains, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas déclaré la maladie bien que porteurs du Covid-19, ou n'ont-ils pas été recensés ?
Notre exécutif n'a pour ainsi dire, pas agi de manière assez rationnelle avec la valse-hésitation autour de la formation d'un gouvernement. D'ailleurs, la plus grande faute gouvernementale ne concerne pas les décisions prises elles-mêmes, mais la manière dont elles ont été mises en application ainsi que les mensonges et les demies vérités destinés à cacher les erreurs commises. Les responsables ont été embarqués dans une histoire dont ils n'arrivaient plus à se sortir ; dans l'émotion, en surrection, ils ont fait tout l'inverse de ce que l'on doit normalement faire dans le traitement des maladies infectieuses. L'observatoire a alimenté les spéculations sur le virus. Aucun sondage n'a été effectué pour mesurer la cinétique de l'épidémie. Au lieu de cela on nous a abreuvés de chiffres volatiles et de fantasmes. Il est indéniable que si nous avions eu moins peur, nous aurions eu moins de morts, car parmi ces morts, plus de la moitié l'ont été, en raison de la mauvaise gestion médicale, y compris du Covid-19, car en pratique on n'a pas soigné les gens, on les a aidés à mourir. L'épidémie repart, le gouvernement va rendre obligatoire le port du masque dans les villes et les entreprises ; il faut respecter les gestes barrières et aller vers une forme de généralisation. Aussi le gouvernement doit-il planifier et rendre les masques gratuits pour tous.
L'intérêt général n'a plus cours dans l'Etat et chacun y va de son intérêt personnel ou de l'intérêt de son parti. Les priorités sont-elles respectées ? Pas le moins du monde ! C'est d'abord et avant tout un effet de façade, d'affichage, mais surtout, le gouvernement ne nous propose aucun plan de relance, ni aucune politique de relance. Il n'y a rien dans ce qui nous est communiqué à propos de mesures pour soutenir le peuple, la consommation populaire, la consommation des ménages ; il n'y a rien pour mettre à contribution les plus hauts revenus et les grandes fortunes et surtout, c'est encore une fois la politique de l'offre dans laquelle s'entête nos dirigeants, qui se figurent que pour relancer l'activité de l'Etat, il suffirait d'arroser les entreprises d'aides publiques et de maquiller les chiffres statistiques sans contrepartie environnementale et sociale et sans écouter la revendication sociétale. La priorité est à la situation sanitaire, de manière à éviter que l'on ne connaisse un nouveau développement de l'épidémie qui aurait des impacts très forts sur l'économie. Le protocole sanitaire doit être renforcé, alors qu'il a été considérablement allégé depuis le 27 juin 2020, la distanciation, le port du masque, notamment en classe à la rentrée scolaire.
Il est à désespérer de constater que les responsables de l'Education nationale n'ont pas été capables de mettre à profit ces longs mois passés, pour préparer la rentrée scolaire. Des éclaircissements rapides sur les conditions sanitaires, liées à l'épidémie de coronavirus, doivent être donnés aux parents d'élèves pour ce retour à l'école. Il faut aussi permettre aux enseignants de travailler collectivement sur cette rentrée, qui s'annonce compliquée puisque la situation sanitaire a évolué au courant de l'été. La rentrée n'est pas normale, elle est hors norme. Elle demande donc des infrastructures et de la préparation. Il faut envisager tous les scénarii et pour les envisager, il faut d'abord les préparer. Les parties prenantes du système scolaire ont besoin tout de suite, d'informations sur la manière dont va s'effectuer la reprise ou sur ce que chacun a le droit de faire. Les parents ont besoin que leurs enfants reprennent l'école, à la fois pour la normalité de leur scolarité et pour reprendre une vie professionnelle normale elle aussi, message difficilement audible pour les pouvoirs publics. Un point d'équilibre est à trouver entre les mesures sanitaires et les mesures de vie sociale. Devra-t-on se résoudre à vivre dans une société dans laquelle à longueur de journée, partout, nos relations sociales soient affectées par l'incertitude ? L'attention doit être portée à ce que les règles imposées ne soient pas incohérentes et donc au final mal ou non acceptées par la population ; on ne peut pas passer de rien à tout sans qu'une explication claire ne soit faite. Chacun peut évaluer le fait qu'une vie, dans laquelle l'on se méfie les uns des autres en permanence, n'est pas une vie durable ; c'est aussi cela une décision politique !
Monji Ben Raies
Universitaire, Juriste, Enseignant et chercheur en droit public et sciences politiques,
Université de Tunis El Manar, Faculté de Droit et des Sciences politiques de Tunis.


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