Un an seulement après la mort de son frère d'arme Zine El Abidine Ben Ali, le général de brigade Habib Ammar est décédé samedi à l'âge de 84 ans. L'officier général qui avait été sur de nombreux fronts en Afrique et au Moyen-Orient, était converti au lendemain du coup d'Etat médical du 7 novembre 1987, dont-il était l'âme, ministre de l'Intérieur, juste pour une année, avant de connaître un exil doré en tant qu'ambassadeur à Vienne pendant 7 ans. De retour à Tunis, entre traversées de désert successives, il sera désigné ministre des Télécommunications, président du Comité d'Organisation des Jeux Méditerranéens Tunis 2001n puis du Sommet mondial sur la Société de l'Information, SMSI 2005. Le général Ammar avait consigné ses mémoires dans un livre intitulé « Parcours d'un soldat : entre le devoir et l'espoir », publié en 2017. Natif de Sousse en 1936, orphelin du père à l'âge de neuf ans, il devra aura la chance de faire partie juste au lendemain de l'indépendance en 1956, de faire partie de la toute première promotion de jeunes tunisiens embrassant la carrière militaire à être envoyés en formation à Saint-Cyr en France. Avec pour camarade, Zine El Abidine Ben Ali. Il revient dans son livre sur sa formation en France, aux Etats-Unis et en Italie, sa carrière militaire, ses missions au Congo, en Angola et en Jordanie et sa mission à la tête de la Garde nationale. Nommé ministre de l'Intérieur, le 7 novembre 1987, il détaille les conditions de son limogeage et mise en résidence surveillée, puis son « éloignement » en tant qu'ambassadeur en Autriche. D'un caractère entier Avec Ben Ali, Habib Ammar avait entretenu une relation cordiale, mais aussi tumultueuse, passionnelle, entre épris et dépris. Entier et impulsif, il n'hésitait pas à lui dire et à faire tout ce qu'il pensait approprié. A quelques minutes du déclenchement du coup d'Etat du 7 novembre, il l'avait menacé de ne pas aller à El Aouina sortir les chars de la Garde nationale et les conduire pour encercler le palais de Carthage, s'il persistait à nommer Hamed Karoui en tant que Premier ministre. Son préféré à lui était Hédi Baccouche. Que de foix Ben Ali et Ammar s'étaient trouvés complices et que de fois en froid, puis le président mettant en disgrâce son ami, avant de le repêcher et l'amadouer... Habib Ammar en souffrait, cherchant toujours lors des périodes de retour en grâce à prouver à son ami devenu chef de l'Etat, qu'il peut toujours compter sur lui, en hors-pairs. Sauf qu'à Carthage, l'arrivée de la nouvelle épouse de Ben Ali faisait souffler des vents contraires, peu favorables aux retrouvailles intenses. Ammar s'était en effet opposé à ce mariage ce qui lui en coûtera, comme à d'autres. Un logisticien chevronné L'allure sportive, la mise toujours soignée, portant chic, avec des costumes bien coupés achetés chez les meilleurs tailleurs de Rome où il avait été attaché militaire, cravates bariolées et mouchoirs en vue, portant des chaussures de la dernière mode, toujours bien cirées, Habib Ammar était charmeur, en permanente séduction. En privé comme en public. En officier et en officiel, il en faisait son secret de leadership. Son verbe sait se faire ferme ou courtois, il a toujours été un homme de commandement et d'organisation. Logisticien chevronné, il avait sur faire réussir l'organisation des Jeux Méditerranéens de 2001. Le succès lui fera moins de chance, avec le SMSI en 2005, non faute de qualité de l'organisation, mais à cause du totalitarisme qu'imposait alors le régime sur la liberté de l'information et sa main mise sur l'internet. Habib Ammar le racontera dans le détail, au fil de ses mémoires. Ce retour sur ce parcours restitue surtout le fonctionnement d'un système, les intrigues au plus haut du pouvoir et la conduite de certaines grandes opérations.